Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus, explique pourquoi il a rappelé Adrien Rabiot en équipe de France, deux ans après le refus du milieu d'intégrer la liste des réservistes pour la Coupe du monde
« Qu'est-ce qui vous a conduit à convoquer de nouveau Adrien Rabiot ?
On continue de suivre Adrien, il a retrouvé un très très bon niveau. Il s'est passé ce qui s'est passé, je ne suis pas quelqu'un qui aime prendre des positions radicales. Depuis cette période-là, il est resté sélectionnable. C'est ce qui a conduit à sa convocation.
Avez-vous une discussion avec Adrien Rabiot ? Y a-t-il un risque qu'il ne soit pas là lundi ?
Je n'ai pas pour habitude d'aviser les joueurs de mes décisions. Non, j'ose penser qu'il sera là lundi. J'aurai l'occasion de discuter avec lui.
Ne craignez-vous pas d'affaiblir votre autorité en rappelant Adrien Rabiot, qui a tenu des propos durs à l'égard de l'équipe de France ?
Je ne sais pas à quoi vous faites référence quand vous évoquez des propos durs. Ce ne sont pas des propos durs. Il a pris une décision. Je considère que c'était une erreur de sa part. Je pense que chez lui il n'y a pas eu d'agressivité. Ne vous inquiétez pas. Si vous avez la moindre inquiétude sur mon autorité, je l'enlèverai dans la seconde. On aura l'occasion de discuter. Je le connais, Adrien. Je ne pourrai pas lui enlever cette déception-là (ne pas avoir disputé la Coupe du monde 2018). C'est un joueur qui a encore beaucoup d'années devant lui (il a 25 ans). Je suis quelqu'un de pragmatique. Si je pense que c'est bien pour l'équipe de France et que cela ne fragilise pas les joueurs. Ou moi... À partir du moment où Adrien se dit sélectionnable, je le remets.
Comment allez-vous gérer la disparité dans les états de forme ?
C'est toujours le même souci avec les rassemblements de septembre. Les années précédentes, il y avait déjà des disparités au niveau athlétique. On en saura un peu plus en voyant les joueurs. Je ne suis pas là pour prendre des risques. On va devoir s'adapter, la compétition est là (la Ligue des nations avec un déplacement en Suède le 5 septembre et la réception de la Croatie, le
, on va faire en sorte de relancer la machine, de garder un état d'esprit compétiteur, avec la volonté de finir premiers.
Vous avez convoqué pour la première fois Houssem Aouar. Pour quelle raison ? À quel poste le préférez-vous ?
La qualité technique, il l'a toujours eue. Il a de l'habileté technique avec ses dribbles de dégagement, sa qualité de passes. Il a amené de la continuité dans ses performances. On le suivait depuis un certain temps. Vous connaissez le tremplin entre les Espoirs et les A. Il est plutôt polyvalent, il peut être axial ou jouer sur un côté. Dans la phase offensive, il est plus performant que dans la phase défensive. Dans la zone de vérité, il a beaucoup de choses intéressantes.
Pourquoi avoir convoqué Eduardo Camavinga à la place de Paul Pogba (forfait car testé positif au Covid) ?
Je connais bien son entraîneur (Julien Stéphan). Ce n'est pas pour ça que je l'ai appelé. Tôt ou tard, il serait venu. Il sera avec nous. Ce qu'il a fait la saison dernière en termes de personnalité m'a plu. L'équipe de Rennes, quand il est là ou pas là, ce n'est pas la même chose. Il faudra être vigilant dans l'évolution. Cela vient peut-être tôt. Mais c'est un plaisir.
Pourquoi n'avoir convoqué qu'un seul latéral droit (Léo Dubois) ?
Il y a d'autres joueurs qui peuvent jouer latéral droit. Je vous laisse deviner lesquels (Ferland Mendy).
Quelle analyse faites-vous de la volonté de départ de Lionel Messi du Barça. Cela laisse t-il de la place pour Antoine Griezmann ?
Cela concerne Messi et le Barça. Au sujet d'Antoine, c'est à voir. Il était sincèrement heureux de jouer avec Messi. L'association n'était pas incompatible. Antoine a eu une saison un peu plus compliquée.
Pourquoi ne pas avoir convoqué Blaise Matuidi ?
J'ai discuté avec Blaise, bien évidemment. Cela ne veut pas dire qu'il ne reviendra plus. Là, il est en instance de départ. Il est dans l'attente d'un permis de travail. Il y a des obligations sanitaires. Je ne dis pas : « Oui, c'est fini ». On verra au cas par cas. La situation devient plus compliquée.
Qu'est ce qui vous a poussé à convoquer Dayot Upamecano ?
C'est un joueur qu'on suit depuis longtemps. Il était susceptible de venir, de par ses performances. Il est fort athlétiquement, le ballon, ce n'est pas un souci pour lui. Même s'il faut qu'il fasse attention. J'ai senti que c'était le moment. Il a encore une marge de progression.
Comment gérez-vous les demandes des clubs ? Notamment celles du Bayern Munich pour ce stage.
J'ai eu des demandes. Je suis très courtois, je leur dis OK, il y a des matches de sélections, vous pouvez me faire confiance pour gérer les temps de jeu. Dans un second temps, je parle avec les joueurs, je ne veux pas qu'ils soient tiraillés. Je veux avoir leur ressenti et, à partir de là, je décide. Si j'ai décidé de ne pas prendre les joueurs du Bayern, c'est pour des soucis athlétiques.
Estimez-vous qu'Anthony Martial a franchi un cap ?
Il avait été appelé très très tôt. Il est beaucoup plus efficace, il a gagné en continuité. Je ne pourrai pas lui enlever la déception de 2018. Je l'ai rappelé plusieurs fois depuis 2018. Il n'a pas pu être là. J'espère que cette fois-ci c'est la bonne.
Votre pragmatisme vous pousserait-il à reconvoquer Karim Benzema ?
Magnifique... Je l'attendais celle-là. » (Il ne poursuit pas.)