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PAYET UNE PLACE À TROUVER
L’attaquant marseillais, blessé quelques jours avant la Coupe du monde, a retrouvé les Bleus, en remplacement de Nabil Fekir. Mais dans quel rôle ? Payet, une place à trouver
L’attaquant marseillais, blessé quelques jours avant la Coupe du monde, a retrouvé les Bleus, en remplacement de Nabil Fekir. Mais dans quel rôle ? HUGO DELOM
Chemise blanche, petite veste en cuir et bonheur discret aux côtés de Mendy, Griezmann, Pogba et des autres. La France vient d’être sacrée championne du monde et, en ce soir de juillet pluvieux, Dimitri Payet partage ces moments de bonheur dans ce vestiaire détrempé. Le Marseillais n’est pas champion du monde, mais il a été invité pour la finale face à la Croatie (4-2). Il se place en retrait. Conscient de son statut à part. Celui d’un joueur dont le destin s’est joué quelques semaines plus tôt. Un soir de finale de Ligue Europa face à l’Atlético de Madrid où, après vingt et une minutes, en larmes, l’attaquant de l’OM avait quitté la pelouse fauché par une lésion musculaire à une cuisse (0-3, le 16 mai). La fin de ses espoirs de Coupe du monde, quatre ans après le rendez-vous brésilien raté, déjà.
Entamée en septembre 2010, la carrière internationale de Dimitri Payet (31 ans, 37 sélections, 8 buts) aura été chaotique, sinueuse, toujours intense. En forme de montagnes russes. Quel point commun entre le héros de la phase de groupes à l’Euro 2016 et le joueur écarté par Deschamps à l’automne 2015, faute de performances suffisantes ? Pas grand-chose. Elle a trouvé un prolongement pas nécessairement attendu hier avec son rappel, en remplacement de Nabil Fekir, victime la veille d’une entorse de la cheville gauche. Certains, au cœur de l’été, voyaient l’attaquant de Marseille s’arrêter là, lassé. Le Réunionnais, attaché à ce maillot, n’y a jamais vraiment songé. Dès le 8 août, après des semaines passées à encaisser le choc de ce drôle d’été entre Bali, les États-Unis et chez lui, à la Réunion, Payet, sans verbaliser longuement la douleur née de son absence en Russie, lâchait : « Il n ’y a pas de recette miracle, il faut “faire le deuil” parce qu’entre la désillusion de la finale, cette blessure, cette non-sélection, il fallait passer outre, même si c’était très, très dur, expliquait-il, déterminé. Je n’ai pas vraiment envie d’arrêter la sélection sur cette blessure. Cela dépendra de mes performances en club. » Payet s’est donné les moyens de son come-back. Au fil d’un début de saison convaincant, avec 5 buts et 5 passes décisives. Dépositaire de l’animation marseillaise, parfois brillant, l’ex-Stéphanois se signale aussi par une envergure nouvelle hors des terrains. Un Payet capitaine plus sûr, presque apaisé.
“Il marque et fait marquer, c’est quand même ce qu’on attend
Didier Deschamps
De quoi valider, sans débat, la question de sa convocation en bleu, la première depuis un an. À l'époque, après des performances quelconques et des blessures, il s’était vu peu à peu grignoter son temps de jeu par Thomas Lemar. « Sa sélection est dans la logique des choses, il a retrouvé un bon niveau, expliquait Didier Deschamps hier. Il a toujours une influence importante sur le jeu de son équipe parce qu’il marque et fait marquer. Pour un joueur comme lui qui est dans la créativité, c’est quand même ce qu’on attend. » Le sélectionneur a balayé l’idée d’un quelconque malaise né de l’épisode pré-Mondial. « Ça fait belle lurette qu’on s’est parlé. Je l’avais eu assez longuement au téléphone, tout était clair de son côté comme du mien. » En cet automne, Payet revient donc. Dans quel rôle ? Dans celui du remplaçant d’Antoine Griezmann, au sein du 4-2-3-1. 21e, 22e, 23e homme. En l’état, sa place se situe là.
Difficile au milieu des Dembélé, Mbappé, Lemar and Co., et alors que Coman et Martial finiront bien par revenir, de le voir se trouver une place dans la rotation des joueurs de côté d’ici à l’Euro 2020. Une position dans laquelle, de toute façon, il n’évolue plus en club. Payet le sait : pour participer à la compétition continentale, à trente-trois ans, il lui faudra garder son niveau actuel. Parier sur des défections aussi. Le chemin est long. La voie est exiguë. Mais il a l’habitude de ce genre de paris. Une performance face à l’Islande ou l’Allemagne cette semaine ne serait pas de trop. Histoire de retrouver la foudre, l’étincelle. Comme un soir de juin 2016 face à la Roumanie (2-1)…
L'Equipe