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Ligue 1 : Ne tirez plus sur Kostas Mitroglou
L’attaquant de Marseille, souvent moqué, a été l’un des grands artisans de la victoire obtenue à Monaco. Le Grec mérite mieux que la caricature qu’on en fait, estime notre journaliste Maxime Goldbaum.
LE MONDE | 03.09.2018 à 18h21 • Mis à jour le 03.09.2018 à 19h09 | Par Maxime Goldbaum
Chronique. Ne postulez plus pour le poste de « grantatakan » à l’Olympique de Marseille, Kostas Mitroglou a accepté le job et ajouté quelques alinéas dans son contrat. Souvent critiqué, voire moqué, depuis son arrivée la saison passée, lors des dernières minutes du mercato, l’attaquant grec a prouvé pendant le match victorieux de l’OM à Monaco (3-2) qu’il pouvait être l’avant-centre requis pour permettre à son équipe de décrocher le Graal, à savoir la deuxième place du championnat de Ligue 1 derrière le Paris-Saint-Germain.
Dimanche, il a été, pour sa première titularisation de la saison, l’un des grands artisans de la victoire olympienne à Monaco, lors de l’affiche de la quatrième journée. Un double événement : les Marseillais ne s’étaient pas imposés sur le Rocher depuis 2010 et n’avaient battu aucun des trois cadors de L1 (PSG, Monaco et Lyon) depuis trois saisons.
Omniprésent en première période, précis et utile dans le jeu dos au but, affûté physiquement, se procurant plusieurs occasions, Mitroglou a logiquement ouvert le score de la tête, son point fort, juste avant la pause. L’ancien de Benfica a battu par la même occasion un record personnel sous le maillot de l’OM, en terminant la rencontre avec 40 ballons touchés, 1 but marqué pour 5 tirs, dont 3 cadrés. Le Grec a sans doute effectué sa meilleure prestation depuis son arrivée à l’OM, dans la continuité d’une fin de saison plutôt réussie.
« Brandao en moins bon »
Lors de sa première année sur la Canebière, Mitroglou a inscrit 13 buts, dont 9 en championnat pour 19 matchs disputés. Un ratio qui n’a rien d’affolant, mais loin d’être infamant. S’il ne sera jamais l’attaquant fuoriclasse rêvé par les supporteurs phocéens, il peut largement être celui qui inscrira une quinzaine de buts en championnat de France, au sein d’une équipe qui compte plusieurs joueurs capables de se muer en buteurs.
Oui, mais voilà, Mitroglou traîne comme un boulet son arrivée « sur le gong » lors du mercato 2017. Le transfuge de Benfica est alors présenté comme un « achat panique », pour une somme (estimée à 27 millions d’euros avec bonus) sans doute supérieure aux prix du marché. Ses premières prestations insipides font le bonheur des réseaux sociaux, chauffés à blanc par certains consultants qui moquent très vite son inefficacité devant le but, mais aussi sa gestuelle, peu académique, faisant fi de ses deux précédentes bonnes saisons au Benfica Lisbonne (36 buts marqués dans le championnat portugais).
« Mitroglou ? C’est juste pas possible, c’est Brandao en moins bon. C’est un joueur de quatrième division de district […]. Il a signé pour quatre ans Mitroglou ? Ils ont payé 15 millions d’euros pour 50 % du joueur ? C’est pour ça, ils ont eu 50 % du joueur. Il fallait le dire dès le départ, ils ont pris le pied droit alors qu’il est gaucher », avait lancé la saison dernière Christophe Dugarry, consultant pour RMC.
Une analyse à l’emporte-pièce quand on sait que le Grec avait tout juste débarqué et que certains joueurs, attaquants de surcroît, peuvent mettre un certain temps à s’adapter au contexte marseillais. Jean-Pierre Papin, en provenance de Bruges, avait bien été surnommé « J’en peux plus » lors de ses débuts à l’été 1986, avant de devenir l’idole du Vélodrome. André-Pierre Gignac peut aussi en témoigner, moqué pendant deux saisons pour son léger embonpoint et son goût prononcé pour les fast-foods. Aujourd’hui, les supporteurs évoquent son souvenir avec des trémolos dans la voix.
Aile de pigeon
Bien campé dans ses certitudes, Stéphane Guy, commentateur sur Canal+, spécialiste es ricanements, pourfendeur en chef de Mitroglou, a ainsi qualifié, lors du match face à Monaco, de « remise peu académique » l’aile de pigeon réussie par le Grec à la réception d’une passe de 80 mètres. Un geste technique assez complexe à réaliser (n’essayez pas ça chez vous) et qui aurait sans nul doute déclenché un orgasme verbal du commentateur si Mitroglou avait été Brésilien.
Après avoir tenté jusqu’aux ultimes moments du mercato de rapatrier Mario Balotelli de Nice, les dirigeants phocéens ont finalement investi le pactole amassé par la vente de Zambo Anguissa à Fulham (30 millions d’euros) sur un autre milieu de terrain, le Néerlandais Strootman. « On a Mitroglou et Germain en pointe, ce qui nous a permis de mettre 122 buts toutes compétitions confondues. Si on reproduit ça, on sera sur le podium. On a besoin d’un milieu et pas d’un attaquant », avait assuré aux journalistes l’entraîneur de l’OM, Rudi Garcia, à la fin du mois d’août.
Avec ces deux seuls attaquants de pointe dans son effectif, le technicien aura sans doute du mal à rendre son équipe compétitive sur la durée, et dans toutes les compétitions qui figurent au programme de l’OM cette saison. Le propriétaire du club, Franck McCourt, devra sans doute sortir à nouveau son chéquier si son équipe venait à se qualifier pour la prochaine Ligue des champions. Mais en attendant, Kostas Mitroglou a toutes les compétences requises pour permettre à l’OM de franchir ce palier.