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L’OM, ROI DU SUD
Séduisants dans le jeu et maîtres du match, les Marseillais ont su se remettre de deux erreurs défensives pour s’offrir une victoire référence chez leur voisin azuréen. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
RÉGIS TESTELIN MONACO – Ils n’avaient plus gagné en Principauté depuis février 2010 et c’est assez justement qu’ils ont mis fin à cette série, au bout d’un match dingue et pluvieux, où les deux équipes ont eu leurs temps forts et mené au score. Mais Marseille a été la meilleure des deux, dans la maîtrise, dans les intentions, dans la qualité technique et l’équilibre. Elle est celle qui s’est créé les plus belles occasions et a marqué les plus beaux buts. Chacun a semblé à sa place à l’OM, Strootman a réussi ses débuts et les entrants ont été parfaits.
Il lui a pourtant fallu attendre la 89 e minute pour concrétiser son emprise, grâce à un but de la tête de Germain, entré deux minutes plus tôt. Sur un corner de Thauvin, sa reprise a surpris Benaglio. Impeccable depuis le début de la saison, le gardien suisse de l’ASM a commis sa première faute de main et elle fait mal. Formé à Monaco, champion de France ici en mai 2017, Germain n’a pas bronché au moment où ses partenaires lui ont grimpé dessus, mais ça devait bouillir à l’intérieur, lui qui avait vu Mitroglou lui piquer sa place deux heures plus tôt.
Monaco semble être descendu d’un cran au niveau technique
Gloire à Germain et à Thauvin, qui ont renversé le match (voir page 5), mais aussi à l’attaquant grec, auteur d’une première période étonnante d’audace et d’un but plein de caractère (1-0, 45e + 1). Mention bien à Payet, pour ses fulgurances techniques et à Rudi Garcia pour son coaching, et à l’OM en général, avec lequel il se passe souvent quelque chose cette saison : après le 4-0 contre Toulouse, la faillite à Nîmes (1-3) et le passage du noir au blanc contre Rennes (2-2), voilà la victoire à Monaco, déjà considérée comme un match référence, offensivement du moins.
Car, pour l’emporter, les Marseillais ont dû surmonter deux erreurs de défense signées Adil Rami : un ballon offert à Falcao à dix mètres du but de Pelé, concrétisé dans la foulée par Tielemans (1-1, 48e) et un dégagement raté sur un centre d'Henrichs, ayant permis à Falcao d’offrir l’avantage à l’ASM (2-1, 53e). Pendant vingt et une minutes, sans proposer grand-chose mais en ayant su rester aux aguets, Monaco a donc été devant au score, en récompense de son engagement et de sa détermination. Et l’OM au bord du précipice, pour s’être déconcentré et avoir oublié les bases : ne jamais laisser traîner un ballon à deux mètres de Falcao. Car c’est à peu près la seule chose dont les Monégasques ont été capables hier.
Au risque de se répéter et d’être punie par l’avenir, cette équipe semble être encore descendue d’un cran au niveau technique, les différences individuelles y sont rares, le collectif est encore en rodage et l’énergie est aujourd’hui son meilleur atout, dans l’attente de voir à l’œuvre Chadli et Golovine, pour leur dernier geste. Chahutée pendant les deux tiers du match, l’ASM a confirmé les difficultés aperçues à Bordeaux (1-2), contre Lille (0-0), et même à Nantes (3-1), où son succès fut heureux. Quatre points en quatre matches, c’était arrivé une fois à l’ASM depuis son retour parmi l’élite, en 2015, et ce n’était pas le meilleur cru.
En ce début de saison, Monaco a manqué de leaders (Subasic, Golovine et Jovetic, absents), d’un grand Sidibé, auteur hier d’une rentrée sur la pointe des pieds, et de joueurs de couloirs incisifs et dangereux. Ça ne veut pas dire que cela ne viendra pas, l’effectif est riche et tous les postes sont doublés, mais il y a un moment où il faudra que ça prenne. Or l’ensemble prend du retard, les difficultés à faire le jeu à domicile sont criantes et cette équipe prend beaucoup de buts.
Hier, Youri Tielemans a sauvé son match en cinq minutes, entre la 48e et la 53e minute, d’un but et d’une avant-dernière passe, mais son manque d’influence, la question de son utilisation et son rendement en général, ne peuvent pas échapper au débat.
Et cela vaut aussi pour Jemerson, en perte de vitesse depuis le sacre de 2017. Hier, dans un rôle de sentinelle et pour son tout premier match sous les couleurs monégasques, l'ancien Nancéien Youssef Aït-Bennasser a été promu patron du milieu de terrain. Ce n’était pas déraisonnable, plutôt surprenant, et cela en dit long sur le bricolage auquel Jardim doit procéder.
L'Equipe