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Les drôles de comptes de l’Athlético Marseille
La FFF a transmis à la justice les éléments suspects dont elle dispose au sujet de la gestion du club de National 3. Lequel évoque le caractère « minime » de cette affaire. Alban Traquet et Grégoire Fleurot
Ballotté plusieurs semaines entre différentes instances et soumis à leurs décisions fluctuantes, le dossier de l’Athlético Marseille (N3) a été transmis à la justice par la FFF, comme l’a confirmé l’instance nationale à L’Équipe. L’ex-Consolat, soutenu par l’animateur et producteur Cyril Hanouna, a fait l’objet d’un signalement au parquet de Marseille après la décision rendue par la commission supérieure d’appel de la « 3F », notifiée dans son procès-verbal daté du 20 août.
Cette dernière avait confirmé, en dernière instance, les sanctions prononcées fin juillet par la commission fédérale de discipline. À savoir une accession refusée en National 2 et une « interdiction pour dix ans d’être licencié à la FFF » pour son précédent président, l’ex-agent Karim Aklil, qui a officiellement quitté ses fonctions en mai, pour laisser la place à Bruno Mansio, gérant d’un pub à Aix-en-Provence.
La commission supérieure d’appel indiquait aussi, en conclusion, transmettre ce dossier « au Conseil de la FFF en vue d’un signalement au procureur compétent ». L’article 40 du code de procédure pénale oblige en effet toute « autorité constituée » qui « acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit » à en « donner avis sans délai au procureur de la République ».
Une vraie fausse lettre de Renaud Muselier
La procureure de Marseille, Dominique Laurens, nous confirme avoir reçu ce signalement, qui est en cours d’analyse. « On fait ce que la loi nous ordonne, nous explique la direction juridique de la FFF. Le parquet fera le tri. À lui de voir s’il enquête davantage et s’il a les moyens de le faire. »
Selon nos informations, ce signalement concerne principalement le « faux document », selon les termes fédéraux, qui parasite la vie du club des quartiers nord de la cité phocéenne, depuis l’an dernier. Il s’agit d’une lettre d’intention de Renaud Muselier, le patron de la Région Sud, datée du 3 juillet 2019 et adressée à Aklil. Elle spécifierait qu’une « somme maximum de 230 000 € a bien été sécurisée pour ce qui concerne le conseil régional » en faveur du club, au titre de la saison 2018-2019.
Mais l’envoi d’un tel courrier a toujours été nié par Muselier et la Région. La « vraie » lettre du 3 juillet 2019 mentionne une somme bien inférieure, s’élevant à 76 000 €.
Pour sa défense, Karim Aklil, l’ancien président de l’Athlético, a déjà soutenu (devant la commission fédérale de discipline) avoir « reçu ce courrier (avec la somme mentionnée de 230 000 €) sur son bureau dans une enveloppe ouverte, la veille du jour où il devait transmettre le dossier (du club) à la commission d’appel de la DNCG », l’an dernier, en mettant « en exergue la malveillance qu’un ou plusieurs de ses collaborateurs aurai(en)t pu avoir ».
Concernant ce dossier, il serait complètement surréaliste de devoir encore parler d’un document datant de la saison 2018-2019, liant un ancien président, et n’ayant donné lieu à l’époque à aucun avantage au club, ni à aucun de ses dirigeants », nous répond Bruno Mansio, le président actuel de l’Athlético, qui évoque également le « caractère minime » de cette affaire.
La Région Sud, elle, n’a pas souhaité déposer plainte contre le club. « Il y a une nouvelle équipe dirigeante en place, ça fait partie d’une volonté de ne pas entraver leur nouvel élan et les centaines d’adhérents qui seraient impactés », nous précise-t-elle.
L'Equipe