Le président de la FFF a bâti une contre-proposition au projet de réforme de la C 1. La France aurait trois places la première année. ÉTIENNE MOATTI
Réuni en assemblée générale extraordinaire, hier après-midi, le football français a présenté un front uni contre la refonte de la Ligue des champions voulue par l’ECA, l’association européenne des clubs, pour 2024, avec le concours de l’UEFA. Enfin presque, puisque le PSG, Lyon et Marseille se sont abstenus lorsqu’il a fallu voter, laissant une écrasante majorité (la trentaine d’autres clubs présents) s’opposer fermement à ce projet aux allures de Ligue fermée.
« Ils se sont abstenus gentiment », s’est amusé Noël Le Graët, le président de la FFF, qui n’a pas voulu les accabler, préférant asseoir son statut de chef de famille. Il faut dire que le patron de la Fédération venait de présenter, aidé de Florence Hardouin, sa directrice générale, un plan alternatif à celui de l’UEFA.
Celui de la Confédération européenne, qui sert les intérêts des « grosses cylindrées » du Vieux Continent, prévoit quatre groupes de huit équipes, les cinq premières étant automatiquement qualifiées pour l’édition suivante. Les sixièmes et les septièmes de chaque groupe se disputeraient, de leur côté, quatre billets pour la prochaine Ligue des champions par le biais d’un barrage. Et seraient rejoints par les quatre demi-finalistes de la Ligue Europa. À l’arrivée, ce sont donc vingt-huit clubs sur trente-deux qui seraient assurés de disputer la C1, même s’ils n’y parvenaient pas au travers de leur Championnat. Avec huit dates supplémentaires à trouver dans un calendrier déjà surchargé.
Selon nos informations, le « plan Le Graët », plus ouvert, s’appuie sur six groupes de six équipes. On y trouve les huit quart-finalistes de l’édition précédente, les quatre demi-finalistes de la Ligue Europa, dix-huit équipes directement qualifiées par le biais de leur Championnat, et six dernières places attribuées par l’intermédiaire de barrages. Dans ce schéma, il faudrait seulement quatre dates supplémentaires.
“La réforme présentée, personne n’en veut, en tout cas en France. L’Allemagne non plus
Noël Le Graët, le président de la FFF
Pour accéder à cette nouvelle formule, les quatre « grands » pays (Angleterre, Espagne, Italie et Allemagne) auraient toujours quatre places directes en phase de groupes. Mais la France améliorerait sa situation avec trois billets permanents , contre seulement deux plus un après un tour préliminaire aujourd’hui.
La philosophie du projet est résumée ainsi : « Conserver l’attractivité des Championnats nationaux, des Coupes et des sélections nationales, assurer un maximum de places européennes pour chaque pays, augmenter le quota français, augmenter les revenus et le mécanisme de solidarité et maintenir le rêve ouvert et possible. » Reçu par Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA, le 7 mai, Le Graët va bientôt retourner à Nyon, en Suisse, au siège de la Confédération européenne, pour présenter son plan. « Je veux d’abord avoir l’avis de nos clubs, assure le patron de la FFF. Ensuite, dans huit à dix jours, on va retourner à l’UEFA pour présenter un dossier. La réforme présentée, personne n’en veut, en tout cas en France. L’Allemagne non plus. Beaucoup de pays vont dire non. Mais plutôt que partir en guerre contre l’UEFA, on préfère discuter. »
Avec peut-être l’appui d’autres fédérations qui seront entendues par l’UEFA à Budapest, samedi, avant la finale de la Ligue des champions féminine entre l’OL et le FC Barcelone.
Reste aussi à avoir l’assentiment définitif des clubs français, qui vont se réunir le 23 mai au siège de la FFF. Hier, comme l’a indiqué Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP, ils ont approuvé « de manière unanime » l’idée d’une proposition alternative de la Fédération et de la Ligue. Et à écouter Bernard Caïazzo, le président du directoire de Saint-Étienne et de Première Ligue, le syndicat des clubs de l’élite, cela paraît bien parti.
« Félicitations à Noël Le Graët, lance-t-il. C’est un rejet intelligent de la réforme proposée par l’UEFA. Derrière, il y a une proposition alternative de la Fédération qui a beaucoup de sens. Au moins, on ne pourra pas nous reprocher de ne pas avoir travaillé. Les Français ont inventé la Coupe d’Europe. Peut-être va-t-on inventer la nouvelle Coupe d’Europe pour 2024. »
L'Equipe