La résistance s'organise: face au projet de réforme de la Ligue des champions, susceptible de devenir en pratique un club fermé en 2024, les ligues nationales et au moins 150 clubs européens se rassemblent mardi à Madrid, avant une réunion cruciale mercredi avec l'UEFA.
Sous l'égide de la Ligue espagnole de football (LaLiga) et de l'association des championnats européens (European Leagues), les clubs du continent sont invités à réfléchir de 11h00 à 15h00 (09h00 à 13h00 GMT) à l'évolution des coupes d'Europe. Une conférence de presse est prévue vers 16h00 (14h00 GMT).
Puis, mercredi matin, une réunion au plus haut niveau est prévue à Nyon, en Suisse, entre le Comité exécutif de l'UEFA, dont son président Aleksander Ceferin, et la direction d'European Leagues, pour une "discussion générale sur l'avenir du football professionnel en Europe".
Le rassemblement de mardi a donc des airs de veillée d'armes pour les ligues et les clubs les plus modestes, qui espèrent sans doute parvenir à une position commune à défendre ensuite devant l'UEFA.
En particulier, l'un des thèmes de discussion programmés à Madrid est intitulé "Une ligue fermée de facto pour les clubs d'élite": tel est le scénario que, selon plusieurs médias, l'Association européenne des clubs de football (ECA) et son président Andrea Agnelli (Juventus Turin) souhaiteraient voir adopter à partir de 2024.
Selon la presse, le projet permettrait aux six premières équipes au sein de quatre poules de huit d'être directement qualifiées pour l'édition suivante, indépendamment de leur classement en championnat. Ce qui en pratique favoriserait les géants continentaux et réduirait l'aléa sportif.
Ces informations ont suscité un tollé auprès des clubs les plus modestes, mais aussi des Ligues organisatrices des championnats nationaux qui craignent de voir leurs compétitions dévaluées, surtout si la réforme empiète sur les épreuves domestiques en incluant des matches européens à jouer le week-end.
Certaines figures du football mondial ont également critiqué l'esprit du projet, à l'image du Français Zinédine Zidane, pourtant entraîneur du Real Madrid, club comptant le plus de revenus au monde et le plus de titres en C1 (13 trophées).
"Pour ceux qui sont (petits), c'est certainement beaucoup plus compliqué de pouvoir jouer la Ligue des champions", a fait valoir Zidane. "Vivre un moment comme celui-là, pour ceux qui ne la jouent pas régulièrement, ou qui la jouent une fois dans une vie, c'est magnifique".
Le FC Barcelone, l'autre géant du football espagnol, s'est dit pour sa part opposé aux matches européens le week-end, tout en soutenant une réforme de la C1 visant à développer la compétition.
En Allemagne, Karl-Heinz Rummenigge et Hans-Joachim Watzke, patrons respectifs du Bayern Munich et du Borussia Dortmund, ont avoué que la réforme ne leur plaisait guère, mais qu'ils étaient prêts à des "compromis" puisqu'elle semble désormais inévitable.
Le président de la Ligue allemande (DFB) Christian Seifert est pour sa part opposé à cette réforme, et très combattif. Il estime notamment que les matches européens le week-end sont "une ligne rouge" à ne pas franchir, sous peine de recours en justice.
Sur les 900 clubs européens conviés mardi, quelque 150 clubs ont confirmé leur présence à Madrid, a déclaré à l'AFP une source proche de l'organisation.
Le quotidien italien Gazzetta dello Sport a rapporté que tous les clubs de Serie A seraient présents à l'exception... des plus gros: Juventus, Inter, AC Milan et AS Roma. Agnelli sera présent, mais en tant que président de l'ECA, pas de la Juve.
Signe que l'ECA a peut-être senti venir une fronde, elle a elle-même convoqué une réunion des clubs les 6 et 7 juin à Malte.
Dans un courrier envoyé à ses 232 membres, Andrea Agnelli a écrit regretter qu'une "grande quantité de spéculations incorrectes et de rumeurs soient apparues dans les médias".
Le président de la Juventus Turin assure dans le même courrier qu'"aucune proposition concrète" n'a été adoptée et il "recommande" aux clubs membres de l'ECA de ne pas se rendre à Madrid.
La réplique d'European Leagues a été immédiate: "Nos clubs membres sont assez grands pour se faire leur propre jugement sans recevoir d'ordre du président de l'ECA", a écrit son président Lars-Christer Olsson dans un courrier aux airs de réplique. Signe que le bras de fer au sommet du football européen est lancé.
Agence France-Presse