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Le Real Madrid, qui vient de rappeler Zinédine Zidane comme entraîneur, veut frapper fort cet été sur le marché des transferts pour amorcer un nouveau cycle. VINCENT GARCIA (avec F. He.)
Distancé en Liga, où le titre va lui échapper, sorti avec fracas de la Ligue des champions par une bande de gamins facétieux, ceux de l’Ajax Amsterdam, le Real Madrid n’a plus que la perspective du mercato d’été pour rêver et tenter de retrouver un peu d’une grandeur pas si lointaine. Voir Luka Modric remporter en décembre le Ballon d’Or France Football restera comme une très maigre consolation dans cette saison blanche, comme le maillot immaculé du club le plus titré d’Europe. Le vainqueur des trois dernières Ligue des champions rendra sa couronne le 1er juin après avoir perdu l’été dernier Zinédine Zidane et Cristiano Ronaldo. N’importe qui aurait eu du mal à se remettre d’une telle saignée.
Pour contre-attaquer, la Maison blanche se prépare à une révolution, avec un ancien leader déjà reparti au combat. Désormais à la Juventus, Ronaldo, qui a tant gagné et fait gagner les Merengue pendant presque dix ans, ne reviendra pas, mais Zidane, lui, est déjà de retour quelques mois seulement après avoir voulu prendre du recul. Le 11 mars, l’entraîneur français (46 ans), convaincu par Florentino Pérez mais aussi par son instinct, a replongé jusqu’en 2022, et on peut raisonnablement penser que son président avait des arguments solides.
Un big bang deux fois plus gigantesque qu’en 2009 ?
Après avoir tout gagné avec une équipe faite pour d’autres, Zizou va tenter cette fois de tout rafler avec des joueurs qu’il a choisis, ce qui est une liberté rare au Real Madrid pour un entraîneur. Pour l’appâter, il fallait bien ce nouveau défi, et prendre les rênes en cours de saison était pour lui la meilleure chose à faire afin de planifier sereinement la reconstruction. Sous le règne de Zidane Ier, débuté en janvier 2016, les dirigeants madrilènes, dans une équipe qui tournait bien, avaient procédé à des ajustements à la marge, en recrutant Alvaro Morata (30 M€) l’été suivant, ainsi que Theo Hernandez (24 M€) et Daniel Ceballos (16,5 M€) en 2017. Cette fois, le pedigree des recrues et les montants dépensés n’auront rien de comparable. Il faut s’attendre cet été à un big bang gigantesque sur le mercato, comme on n’en a plus revu à Madrid depuis presque dix ans, quand Cristiano Ronaldo, Kaka, Karim Benzema ou encore Xabi Alonso, pour ne citer qu’eux, étaient arrivés pour une dépense totale de plus de 250 M€. Les prix ayant flambé depuis 2009, l’enveloppe, cette fois, devrait être doublement plus monstrueuse, ce qui ne serait pas forcément un problème au niveau du fair-play financier pour un club plutôt sage ces dernières saisons et générant d’énormes revenus (voir page 3).
Zidane veut cinq à six joueurs en renfort, et le club espagnol aurait l’intention de miser presque 500 M€ sur le marché des transferts, une somme qui comprend une éventuelle vente de Gareth Bale. Le Real a déjà bouclé pour la saison prochaine les arrivées des Brésiliens Eder Militao (FC Porto, 50 M€) et Rodrygo (Santos FC, 45 M€). Mais pour contenter l’ancien numéro 10 des Bleus mais aussi les socios, un contre-pouvoir puissant au Real, il faudra du plus clinquant, alors que l’effectif actuel est en manque de véritables stars, ce qui n’est pas dans la tradition maison. Les noms qui circulent (voir par ailleurs) font saliver autant qu’ils feront transpirer, sûrement, les dirigeants madrilènes, vu la complexité de certains dossiers. À défaut de la conquérir, le Paris-SG avait marqué l’Europe il y a presque deux ans en recrutant Neymar et Kylian Mbappé à l’été 2017. En Angleterre, Manchester City avait dépensé aussi sans compter cette année-là (320 M€), comme Chelsea ces deux dernières saisons (460 M€ cumulés). Cette fois, c’est bien du côté du Real Madrid que l’argent va couler à flots lors du prochain mercato estival.