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ZIDANE L'ANGLETERRE
DANS SA MANCHE
Après avoir choisi de quitter le Real Madrid le 31 mai, l'entraîneur français regarderait aujourd’hui vers la Premier League, à partir de la saison prochaine. Et notamment vers Manchester United. VINCENT DULUC
Un entraîneur français, Zinédine Zidane, vient de remporter trois fois de suite la Ligue des champions. Un entraîneur français, Didier Deschamps, vient de remporter la Coupe du monde. Leurs destins ont parfois été entremêlés. Ils ont joué à la Juve ensemble, ont été champions du monde et champions d’Europe ensemble, avec les Bleus. Fatalement, ils ont voulu, au moins à un moment, la même chose : être sélectionneur de l’équipe de France. Didier Deschamps a obtenu le poste en 2012 et il est parti pour faire attendre les prétendants, même Zinédine Zidane : si le schéma habituel se reproduit, il prolongera son contrat quelques mois avant l’Euro 2020, jusqu’à la Coupe du monde 2022. Même un échec en 2020 pourrait difficilement fragiliser le champion du monde 2018 : il aura le crédit d’aller plus loin, à la mesure de ses désirs.
En renonçant au Real Madrid, le 31 mai, après trois titres européens en deux saisons et demie d’entraîneur, Zidane s’était ouvert en grand le champ des possibles, en même temps qu’il avait placé, mécaniquement, Deschamps sous pression. Mais son ombre s’est dissipée au fil de l’avancée des Bleus vers la victoire. Et très vite, il s’est dit que le Ballon d’or 1998 regardait ailleurs. En s’effaçant après avoir réussi ce qu’aucun entraîneur n’avait accompli avant lui, au bout d’une saison madrilène compliquée, en Liga, il s’est remis sur le marché, mais sur un marché d’exception. Son prochain club sera l’un des plus grands clubs du monde : c’est son cercle, désormais, et son destin.
Selon nos informations, plus que l’Italie, le premier Championnat étranger de sa carrière de joueur, c’est aujourd’hui l’Angleterre qui susciterait son intérêt, et notamment Manchester United. Alors qu’il n’a jamais annoncé la moindre période sabbatique, ses destinations possibles, à court terme, c’est-à-dire entre aujourd’hui et le début de la saison prochaine, ne sont pas si nombreuses, compte tenu de son statut.
La troisième saison de Mourinho a souvent été chaotique
Cette préférence anglaise est assez logique. En Espagne, évidemment, il ne peut pas aller à Barcelone. En France, même si ses relations sont très bonnes avec le Qatar depuis sa participation au titre d’ambassadeur à la campagne de désignation de la Coupe du monde 2022, il a déjà dit qu’il ne se voyait pas facilement au PSG, en tant que Marseillais, bien qu’il n’ait jamais joué à l’OM. En Italie, il serait facile de songer à la Juve, mais Massimiliano Allegri est solidement implanté. En Allemagne, il n’y a que le Bayern Munich, qui vient d’être repris par Niko Kovac.
En Angleterre, alors que Maurizio Sarri a pris cet été, à Chelsea, le poste que convoitait Laurent Blanc, le prochain banc prestigieux et accessible est assez aisément identifiable : il s’agit de Manchester United, où José Mourinho avance dans le conflit, un mode de fonctionnement qui le rapproche alternativement des titres ou de la porte. Un temps intégré au staff du Portugais, au Real, le Français n’en avait pas forcément conservé un souvenir ému. MU, qui est une marque mondiale de même ampleur que le Real, et qui a toujours défendu une culture du jeu que les années post-Ferguson ont malmenée, a d’immenses moyens. Le poste, à ce jour, n’est pas libre, et rien ne dit qu’il le sera à la fin de la saison, Mourinho étant sous contrat jusqu’en juin 2020. Mais l’entraîneur portugais vient d’entamer sa troisième saison au club, et elle a souvent été chaotique, dans ses clubs précédents.
L’Angleterre, un repaire d’entraîneurs passés par l’Espagne
L’Angleterre, en fait, est une destination naturelle pour les entraîneurs qui réussissent en Espagne : même si la liberté des managers d’antan n’existe plus, notamment pour le recrutement, il y a un pouvoir et un respect, globalement, qui séduisent, indépendamment de la puissance économique. Aujourd’hui, neuf anciens techniciens passés par la Liga sont aux commandes d’un club en Premier League : Guardiola (Manchester City), Mourinho (Manchester United), Pochettino (Tottenham), Emery (Arsenal), Pellegrini (West Ham), Benitez (Newcastle), Javi Gracia (Watford), Nuno Santo (Wolverhampton) et Jokanovic (Fulham).
Le jour venu, il lui faudra quitter Madrid, où la famille Zidane vit depuis 2001. En choisissant de devenir entraîneur, il a accepté de partir, loin, peut-être, tout en haut, lui qui n’a jamais vécu plus au nord que Bordeaux.
L'Equipe