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Comment Virgil van Dijk est devenu le meilleur défenseur du moment
À l’heure de retrouver le PSG et ses étoiles offensives ce mercredi au Parc des Princes (21h), Virgil van Dijk continue de s’affirmer comme l’un des meilleurs défenseurs centraux au monde, si ce n’est le meilleur actuellement. Comment le colosse de Southampton a-t-il réussi sa mue pour devenir un tel mur défensif à Liverpool ? Décryptage.
Quand Liverpool sortait le chéquier, avant l’arrivée de Jürgen Klopp, il était souvent de bon ton de se moquer. Christian Benteke (46,5 M), Andy Carroll (41 M), Lazar Markovic (25 M), Stewart Downing (23 M) voire Adam Lallana (31 M) sont des exemples parlants de la tendance des Reds à surpayer certains joueurs, surtout venant d’autres clubs du Royaume. Alors, quand Virgil van Dijk est devenu le défenseur le plus cher de l’histoire contre près de 78,8 millions d’euros en décembre dernier, certains se sont gaussés du prix encore mirobolant de la transaction. Moins d’un an plus tard, on ne les entend plus.
Kylian Mbappé, Gabriel Jesus, Cristiano Ronaldo ou Thomas Müller sont autant de victimes récentes du monstre néerlandais. Mais finalement, c’est Troy Deeney, modeste attaquant de Watford, qui résumait le mieux le sentiment qui entoure van Dijk ces dernières semaines au micro de la BBC en septembre dernier : "Je le déteste. Je déteste l'affronter. Il est trop grand, trop rapide, trop bon balle au pied, il aime le combat, il a une belle chevelure... Et en plus, il sent bon !".
Ce n’est pourtant pas son odeur qu’il convient de mettre d’abord en avant pour définir au mieux le Néerlandais. C’est d’abord son physique de golgoth. Car van Dijk est un monstre de puissance athlétique : 1,93 mètre pour 92 kilos. Une détente sèche folle et un goût pour le combat. Il présente d’ailleurs l’un des meilleurs taux de duels aériens gagnés avec Sergio Ramos. Voilà la première dimension du jeu de l’ancien de Groningen. En Premier League, forcément, ça aide. Mais cela ne suffit pas.
Une progression continue
Tout a réellement commencé en Eredivisie pour lui. À Groningen, il n’est pas vu comme un crack immédiatement comme l’expliquait récemment son ancien partenaire, Kees Kwakman, à Goal : "Pouvait-on penser qu’il deviendrait le défenseur le plus cher du monde ? Si je disais oui, je mentirais. Il est allé pas à pas. D’abord, on s’est dit : ‘OK, c’est un joueur talentueux’. Mais après quelques semaines, il a gagné sa place dans le onze titulaire et après six mois, on se disait : ‘il n’a plus rien à faire ici avec nous à Groningen’".
S’en suit le Celtic Glasgow puis Southampton. C’est là-bas que van Dijk attire tous les regards. La raison est simple : ses points faibles semblent inexistants. Et réside dans un paradoxe : comment un joueur aussi robuste et grand peut-il être aussi à l’aise balle au pied ? À l’époque, c’est Rio Ferdinand qui se plie à l’éloge. "On n’a cessé de répéter depuis plusieurs semaines qu’il est le meilleur défenseur en Premier League. Je pense en réalité que c’est l’un des meilleurs joueurs surtout". Tout est dit.
Van Dijk est bien plus qu’un défenseur, c’est un joueur hors-norme. Tellement que certains ne verraient aucune objection à le faire jouer plus haut, au milieu… voire en pointe. Un phénomène qui a éclos sur le tard mais qui présentait déjà toutes les caractéristiques à son arrivée dans la ligue anglaise en 2015. "Il était déjà exceptionnel à Southampton", se souvient Alex Chick, journaliste à Eurosport UK. "Mais ce qui est fascinant, c’est la rapidité avec laquelle il s’est adapté à Liverpool".
Klopp - van Dijk, le mariage parfait
C’est simple, Van Dijk a sécurisé un domaine clairement déficient depuis plusieurs années. Même Dejan Lovren semble transfiguré à ses côtés. Un charisme évident qui métamorphose les siens. Et lui permet surtout de répondre présent dans les moments brûlants. Alex Chick confirme : "Plus les matches sont importants, plus il élève son niveau de jeu. La pression semble le booster".
Le football demandé par Jürgen Klopp se marrie parfaitement avec ses qualités. Première rampe de lancement et dernier obstacle pour les adversaires, le colosse batave est la clé de voute de Liverpool. Bien plus que les artistes offensifs. "À Southampton, il avait souvent tendance à trop en faire, à remonter le ballon sur cinquante mètres pour créer des décalages, avance le journaliste anglais. Maintenant qu’il dispose de joueurs de meilleure qualité autour de lui, il ne fait plus ça, notamment grâce à Klopp".
Devenu socle du secteur défensif, VVD a vu les Reds s’améliorer très nettement depuis son arrivée dans le domaine. D’abord dans les cages, avec l’arrivée d’Alisson, bien plus rassurant que certains avant lui, malgré quelques limites apparues récemment. Surtout, l’apport et le développement des jeunes pousses comme Joe Gomez, Trent Alexander-Arnold ou Andy Robertson lui offrent des solutions plus viables à la relance. Le voir avec un ballon permet de saisir au mieux l’incroyable paradoxe entre son physique de mammouth et sa finesse d’esthète.
Le meilleur actuel ?
Van Dijk, c’est donc tout ça à la fois. Un colosse à même de terroriser n’importe quel attaquant de surface au duel. Un maître tacticien qui lit les trajectoires et les mouvements avant les autres et n’envisage le tacle qu’en situation d’urgence. Une fusée à même de lutter face à la vitesse de Mbappé. Un relanceur de la trempe de Leonardo Bonucci, Thiago Silva ou Mats Hummels. Si en plus il se met à mettre des buts ultra-décisifs à la manière de Sergio Ramos comme face à l’Allemagne en Ligue des nations…
Alors, est-il le meilleur défenseur du monde actuellement ? La question, toujours aussi indécise, se pose et c’est déjà un progrès notable. "Au monde, il fait partie de la discussion. En Premier League, en revanche, la discussion n’existe plus : c’est lui le meilleur" avance Alex Chick. Dans le Royaume, personne ne peut se targuer de réunir autant de qualités que lui.
Sergio Ramos, Thiago Silva, Mats Hummels, Diego Godin, le duo Chiellini-Bonucci à la Juve voire, plus récemment, Kalidou Koulibaly. Voilà les noms qui circulaient ces dernières années au moment de définir le meilleur défenseur central du monde. Il faut désormais en ajouter un. Car Virgil van Dijk fait bien partie de cette caste-là.