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Un horizon assombri
DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT
BILEL GHAZI (avec V. D. et H. P.) LYON – Quatre-vingt-dix minutes et des poussières ont fini par tout balayer. Mardi soir, au terme de la demi-finale de Coupe de France face à Rennes, Bruno Genesio aurait pu être renforcé dans sa mission. Mais au prix d’une triste élimination (2-3), l’entraîneur de l’Olympique Lyonnais est ressorti affaibli de cette soirée. En fin de contrat en juin prochain, le technicien (52 ans) espérait être fixé sur son avenir rhodanien depuis plusieurs semaines et, en coulisses, tous les voyants semblaient au vert pour l’annonce imminente d’une probable prolongation, sa priorité. La déconvenue subie par son équipe a toutefois suffisamment sonné son club pour le plonger, un peu plus, dans le flou.
En conférence de presse, quelques minutes après le coup de sifflet final, Genesio affichait un visage marqué par la déception au moment de s’asseoir au côté de Jean-Michel Aulas. « Nous avions convenu que si nous allions en finale de la Coupe de France, ce qui n’est plus le cas, et si nous étions sur le podium, il y aurait une prolongation de contrat de deux saisons supplémentaires », expliquait le président lyonnais, la mine également déconfite et particulièrement incisif à l’égard des médias, accusés d’avoir anticipé une probable reconduction de son entraîneur.
“Certains joueurs se sont dit qu’en cas de défaite, de toute façon, le coupable était tout trouvé…
Un proche du vestiaire lyonnais
Lundi soir, au moment d’évoquer l’avenir de Genesio devant le comité de gestion de son club, « JMA » avait effectivement soumis une prolongation aux deux conditions énoncées. Mais l’homme fort de l’OL n’a pas forcément dévoilé l’intégralité des éléments de sa décision et des obligations à satisfaire pour l’acter. Peut-être parce qu’au sein du club lyonnais, personne n’avait imaginé sérieusement la possibilité d’une élimination face à Rennes. Dans les jours précédant la rencontre, certains acteurs avaient même été surpris à évoquer une possible confrontation face au PSG en finale… Mardi soir, Jean-Michel Aulas a également omis de préciser qu’il n’aurait pas annoncé une prolongation automatique de son entraîneur en cas de qualification puis d’une place sur le podium final en Ligue 1. L’élément de langage le plus juste aurait ainsi été d’expliquer qu’une prolongation lui serait automatiquement proposée au terme de la saison. Cette nuance a un sens : les deux parties n’étaient pas encore parvenues à trouver un accord salarial. Même si de chaque côté, on ne se montrait pas forcément très inquiet à ce sujet, Genesio aurait ainsi pu se retrouver face à une proposition qui n’aurait pas totalement satisfait ses aspirations.
Les noms de Laurent Blanc et Patrick Vieira sont évoqués
Au terme d’une soirée à la drôle de dramaturgie, ces négociations ne sont, de toute façon, plus à l’ordre du jour. Après avoir publiquement souhaité être fixé sur son sort avant la fin de la saison, Genesio sort perdant de ce feuilleton qui pourrait laisser des traces (lire l’interview de Jean-Michel Aulas en pages 8 et 9). Même s’il jugeait sa requête « légitime », son président n’a pas manqué de rappeler que c’était son entraîneur qui « avait demandé de ne pas attendre (la fin de saison) », contrairement à ce qu’il avait prévu. Et si une hypothèse heureuse n’est pas totalement exclue, l’horizon lyonnais du technicien s’est forcément assombri. D’autant que les principaux groupes de supporters auraient prévu de profiter de la fin de saison pour manifester leur volonté de ne pas voir Genesio poursuivre son aventure sur le banc lyonnais.
Après être apparu touché devant les médias, l’entraîneur lyonnais n’a pourtant pas tardé à afficher un état d’esprit combatif dans les heures qui ont suivi. « L’objectif, ce n’est pas de finir sur le podium mais d’aller chercher la deuxième place », a-t-il martelé en substance à ses plus proches collaborateurs, déjà détaché de sa situation personnelle. Même si, hier matin, le deuil qui a frappé l’un de ses membres a incité le staff lyonnais à relativiser la situation.
Dans ce contexte difficile, l’OL sait qu’il risque donc d’aborder le sprint final sans l’union sacrée dont il aurait bien eu besoin. À travers certains signaux, le groupe lyonnais ne montre pas vraiment l’exemple. Après avoir construit le début de son aventure d’entraîneur avec l’adhésion forte d’un noyau de joueurs qu’il avait participé à faire éclore en tant que formateur (Lacazette, Tolisso, Umtiti, Gonalons, Ghezzal…), Bruno Genesio doit sentir, plus que jamais, la modification du paysage de son vestiaire, à l’accent local moins marqué et où Anthony Lopes apparaît comme son plus fidèle soutien.
Sans être frondeurs, plusieurs de ses joueurs ne jouent plus vraiment pour lui et ne parviennent pas plus à jouer pour eux-mêmes. Mardi, lui et son staff ont d’ailleurs eu la désagréable surprise de voir Memphis Depay débarquer en retard à la causerie qui a précédé la rencontre contre Rennes… « À force de voir l’actualité s’orienter autour de l’avenir de l’entraîneur, certains joueurs se sont totalement déresponsabilisés, juge un proche du vestiaire. Ils se sont dit qu’en cas de défaite, de toute façon, le coupable était tout trouvé… » Jean-Michel Aulas a d’ailleurs prévu de rencontrer ses hommes avant la réception de Dijon, samedi (17 heures), pour essayer de comprendre leur état d’esprit.
Au sein de son club, certains n’ont toutefois pas attendu l’arrivée des prochaines échéances pour deviser autour du nom d’un potentiel successeur à Genesio. Les noms de Laurent Blanc (libre) et surtout Patrick Vieira (Nice) sont évoqués. Christophe Galtier (Lille) compte, lui, de nombreux partisans, jusqu’au comité de gestion. Mais le duel avec le LOSC pour une qualification directe en C 1 et la récente prolongation du technicien nordiste jusqu’en 2021 rendent son arrivée illusoire. Avec quatre points d’avance au classement et un environnement plus positif, l’ancien entraîneur adjoint d’Alain Perrin à l’OL (au cours de la saison 2007-2008) ne doit d’ailleurs pas vraiment envier la place de Bruno Genesio, dont il est proche.
L'Equipe