Information
OL: la scène surréaliste de l’annonce d’Aulas sur Genesio, dans les moindres details
La défaite de l'OL face à Rennes ce mardi (2-3), en demi-finales de Coupe de France, a donné le coup d'envoi d'un improbable après-match autour de la situation de Bruno Genesio. Jean-Michel Aulas a annoncé que son entraîneur devait initialement prolonger mais ne le fera pas dans l'immédiat, en raison de la défaite. Récit d'une étrange fin de soirée.
RMC Sport
Il est 23h quand les supporters de l'OL réalisent que la disette va se poursuivre. A la recherche d'un trophée depuis 2012, le club s'est incliné à domicile contre le Stade Rennais (2-3) ce mardi soir, en demi-finales de Coupe de France. Pas de rendez-vous parisien le 27 avril donc, pas de lot de consolation à côté d'un championnat plié d'avance en ce qui concerne le vainqueur. Et un amer constat: il faudra sans doute changer des choses.
L'heure est aux analyses mais tout le monde a les yeux rivés dans la salle de presse du Groupama Stadium. 23h12, Bruno Genesio et Jean-Michel Aulas s'installent face aux médias, pour une conférence de presse d'après-match qui s'annonce particulière. Le regard rougi - de colère ou d'émotion, difficile à dire - l'entraîneur se tient à la droite de son président. Son regard se baisse régulièrement, il a le dos courbé.
L'agacement de Genesio à cause du bruit
"Bien, bonsoir à tous. Comme convenu, j'accompagne Bruno puisque je suppose qu'il y aura un certain nombre de questions, débute le boss de l'OL. Mais si vous voulez commencer par les questions sur le match, on est là pour répondre." Jean-Michel Aulas interpelle le directeur de la communication Olivier Blanc, constatant que tous les journalistes n'avaient pas eu le temps de s'installer. Le silence est pesant, le président et son entraîneur scrutent la salle, la mine déconfite.
"Beaucoup trop de choses", répond Bruno Genesio à un journaliste lui demandant ce qu'il avait manqué aux Lyonnais. Le technicien s'interrompt rapidement pour pester contre le bruit qui règne dans les couloirs du Groupama Stadium (serait-ce la fête des Rennais sur le chemin du vestiaire?): "Tu peux leur dire de se taire là, parce que c'est impossible. Put***, c'est pas possible!" Puis il reprend sa réponse, détaillant le manque "d'agressivité et d'engagement" de ses joueurs, leurs erreurs aussi.
Jean-Michel Aulas a le nez sur ses feuilles, qu'il fait défiler. Il prend alors la parole. Sur le match d'abord et "l'immense déception" face à cette non qualification pour la finale de Coupe de France. Interrogé sur la colère des supporters, qui "n'apporte rien car quand on a à manager, on a à prendre des décisions à froid", il fait le constat d'un échec sportif concernant "l'un des objectifs du club". Et affirme vouloir "réfléchir à ce qui va nous permettre d'atteindre ce troisième objectif, qui est la qualification pour la Ligue des champions".
La leçon d'Aulas face aux journalistes et à leurs "certitudes"
Enchaînements étranges, tension maximale. Le moment arrive. Il débute par une leçon aux journalistes sur leur façon de faire leur métier. A voir la colère rentrée de Jean-Michel Aulas concernant les rumeurs qui ont circulé ces derniers jours sur la prolongation presque actée de Bruno Genesio, l'issue de cette conférence de presse se dessine.
"Vous aviez tous des certitudes... Je trouve désolant, sur le plan du mode de fonctionnement de la presse, de dire des choses qui ne sont pas la réalité, lâche le président lyonnais. Tout ce que vous avez dit était faux, malheureusement pour Bruno, pour le club. Personnellement, je suis en colère de ce qui a pu être dit sans savoir. C'est un péché d'orgueil malsain qui met en condition toute une institution et tous les supporters, qui vous écoutent et vous croient."
En insistant à plusieurs reprises sur "ce qui est le mieux pour l'institution", Jean-Michel Aulas bascule dans le monologue. Il durera plus de sept minutes. Il est question de résultats économiques en des termes savants (le fameux EBITDA), avec cette ironie assumée envers les journalistes. Avant le noeud de l'affaire.
Genesio devait prolonger mais...
"J'avais rencontré Bruno et on était tombé d'accord pour dire que si nous allions en finale de la Coupe de France - ce qui n'est plus le cas - et si nous terminions sur le podium, il y aurait une prolongation de deux ans... et non pas deux plus un comme cela a été dit. Donc il y avait cette reconduction, que j'étais heureux de proposer à Bruno, parce que je considère qu'il fait du très bon travail."
Tout en se disant conscient, après consultations, du désaccord des supporters avec cette prolongation, Jean-Michel Aulas a donc insisté sur les qualités du coach. "Il a de bonnes performances. Mais il est aussi respectueux aussi des engagements qu'on s'était donné. Donc il n'y aura pas de reconduction jusqu'à la fin de saison, on prendra une décision en fin de saison."
Bruno Genesio devait donc prolonger de deux ans mais cette élimination en demi-finales de Coupe de France change tout. Et suspend la décision. L'air abattu, comme depuis le début de la conférence de presse, le technicien confie sa déception. Mais uniquement en raison de l'élimination, selon ses dires.
La petite phrase de Genesio qui fait penser à un départ
"Pour l'instant, c'est la déception de l'élimination que je vis, insiste-t-il. Les intérêts personnels passaient après le club, après l'institution. je ne vais pas faire exception pour mon cas personnel. Je suis très, très déçu de ne pas être qualifié pour la finale de Coupe de France, c'était un des objectifs qu'on s'était fixé avec le président. J'en profite pour confirmer ce qu'il a dit: lorsque j'ai dit que je savais ce que le président allait dire, c'était exactement ce qu'il vient de dire. Donc il faut faire attention de ne pas tirer de conclusions trop rapides. Mais ce n'est pas le plus important."
Mais une petite phrase interpelle, laissant entendre à des envies de départ en fin de saison. "Il reste huit matchs de championnat et je vais tout donner pour amener l'équipe à la deuxième place et laisser le club dans l'état où je l'ai trouvé, à savoir qualifié pour la Ligue des champions, ajoute-t-il. Le plus important pour moi, ce n'est pas mon cas personnel mais de qualifier de nouveau le club pour la Ligue des champions." Reste à savoir si le coup de l'émotion et les réflexions à froid amèneront l'entraîneur aux mêmes conclusions. Minuit arrive et la situation autour du banc de l'OL n'a jamais été plus floue.