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La belle semaine sportive de l’OL a été gâchée par certains de ses ultras, que le club a décidément du mal à contenir. Alban Traquet (avec R. D. et B. Gh.)
En diffusant cette photo sur son compte Twitter, avant-hier soir, Joris ne s’imaginait pas que l’affaire allait prendre une telle ampleur. « Au départ, c’était juste un chambrage entre potes, explique cet étudiant en commerce, également sapeur-pompier dans une caserne de l’Ain. On est complètement dépassés. »
Retour dimanche soir, avant le coup d’envoi de « l’Olympico ». Supporter de l’OM, Joris échange des messages avec un ami, présent au Groupama Stadium, dans le virage nord. Il le décrit comme « abonné à l’OL et membre des Bad Gones ». « Il m’envoyait des photos du stade pour me narguer, raconte le jeune pompier. Dont celle du texte, où il m’a dit : ‘’Tiens, lis ça’’. J’ai fait une capture d’écran et je l’ai mise sur Twitter pour montrer ce qu’il se disait dans les tribunes de Lyon… » Le texte anti-marseillais en question porte la mention « Edito du Kop virage nord » et il est signé des « Bad Gones Lyon ». Ordurier, il cite des paroles de chants « t raditionnels » repris en virage, à l’image de : « Marseille est une ville où règne le sida » (que les ultras de l’OL ne sont pas les seuls à entonner). Rapidement, le cliché de la page, vraisemblablement issue du petit magazine publié par le Kop virage nord et destiné à ses membres, est largement relayé sur les réseaux sociaux. En prenant de court la direction lyonnaise, concentrée sur les incidents entre ses supporters et ceux de l’OM, disséminés par petits groupes dans le stade, qui se sont bruyamment fait entendre sur l’égalisation de Thauvin (1-1, 39e). On y reviendra.
« Je n’ai pas eu le texte physiquement en main, explique Xavier Pierrot, le ‘’stadium manager’’ de l’OL. Il ne nous a pas été remonté en temps réel, dans l’avant-match, par des supporters ou des spectateurs. » Mais le texte diffusé incite le président du club, Jean-Michel Aulas, à dénoncer son caractère « odieux » à la fin de la rencontre. L’affaire, en interne comme en externe, ne devrait pas en rester là. « Si l’information est confirmée, on aura très prochainement une explication avec les responsables de l’association », poursuit Xavier Pierrot, qui a peu goûté cette initiative éditoriale…
Un signalement au procureur de la République de Lyon
Hier, en fin d’après-midi, le préfet du Rhône a également annoncé avoir signalé à la justice cet « écrit insultant et diffamatoire à l’encontre des Marseillais », en le signalant au procureur de la République de Lyon, « au titre de l’article 40 de la procédure pénale. » À l’OM, on réfléchit aussi aux suites juridiques à donner à la publication de ce texte. Une réunion a eu lieu hier après-midi sur le sujet. « Tout acte a des conséquences, grince un dirigeant olympien. Nos avocats sont en cours de réflexion. » Des élus locaux ont également interpellé le ministre de l’Intérieur, à l’image de la sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali. Dans une lettre à Gérard Collomb (ancien maire de Lyon, il souhaite reconquérir la ville lors des prochaines élections municipales), elle accuse les Bad Gones d’avoir « une fois de trop piétiné la République », en rappelant, par ailleurs, le salut nazi effectué par un fan lyonnais dans les tribunes de l’Etihad Stadium, mercredi dernier, lors de la victoire face à Manchester City (2-1). Rapidement identifié par l’OL, l’individu était « (auparavant) inconnu et ne faisait pas partie des gens sous surveillance », indique le club.
Ces incidents hors terrain viennent salir une semaine sportive pourtant parfaite pour l’OL, vainqueur de l’OM (4-2) après son coup éclatant en Ligue des champions. Car contre Marseille, le Groupama Stadium a connu de sévères remous (voir L’Équipe d’hier), à cause de la présence de supporters olympiens ayant acheté un billet pour la rencontre, malgré l’interdiction de déplacement. Provocations des deux camps, sifflets, insultes, bagarres, jets de projectiles… Le tableau est peu glorieux. « Je suis déterminé pour que cessent de tels agissements dans notre stade, a tonné Aulas dimanche soir. On doit être irréprochable. L’équipe l’est devenue cette semaine sur le terrain, l’équipe de sécurité doit l’être aussi. » Chantier en cours : le club travaille ainsi au cloisonnement total des différents secteurs du stade, pour éviter la circulation en coursive d’une tribune à l’autre ; une des causes des scènes regrettables visibles avant-hier.
L'Equipe