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Jean-Michel Aulas « Je me fous du résultat à City… »
Le président lyonnais croit en son équipe contre le champion d’Angleterre, demain, mais il veut d’abord voir une autre attitude que lors du match nul à Caen (2-2), samedi. HERVé PENOT
La semaine s’annonce compliquée pour l’OL, avec un déplacement à Manchester City, demain, et la réception de Marseille, dimanche. Jean-Michel Aulas, le président lyonnais, le sait mais il a confiance, dans un contexte pourtant tendu. Juste après le match nul à Caen (2-2), samedi, il s’était d’ailleurs fendu d’un tweet énigmatique en réponse au Progrès. « Nabil (Fekir) va remobiliser son groupe… La semaine à venir sera déterminante pour nos ambitions. » Aulas décrypte ses propos…
« Que vouliez-vous dire dans ce tweet ? Ce que j’ai dit à Nabil après le match. Ça voulait dire : les joueurs doivent assumer leur standing et leur potentiel, qui est très important. Il y a eu un problème d’agressivité et d’attitude pendant le match.
Certains ont eu l’impression que vous demandiez aux joueurs de faire le travail de l’entraîneur… C’est tout le contraire ! Bruno (Genesio) a permis à l’équipe d’aller deux fois en Ligue des champions. Il est souvent injustement attaqué, plus sur des a priori que sur des positions étayées d’ailleurs. C’était un message d’une solidarité totale avec Bruno mais aussi avec les joueurs. Il faut que ça parte d’eux et notamment du capitaine sur le terrain. Nabil m’a d’ailleurs dit : “Oui, on va se réunir entre nous.” Et il est quelqu’un de très mobilisateur qui joue avec le talent d’un champion du monde et qui a la fibre OL. J’ai une confiance absolue en lui. C’est un groupe très fort et ils doivent me démontrer que j’ai raison de leur faire confiance. On ne fait pas un bon début de Championnat et on va aborder une semaine très importante, c’est un fait.
Vous êtes passé voir vos joueurs dimanche. Sentiez-vous la nécessité d’une remobilisation ? J’y suis allé après notre élimination à Moscou en Ligue Europa aussi (avant le succès à Marseille, 3-2, le 18 mars) quand j’étais sur des béquilles. J’ai joué mon rôle de président actionnaire référent et manager du club. Mais en mettant les joueurs en avant, je ne dédouane pas l’entraîneur ou le président car nous sommes responsables des résultats sur le long terme. Et je l’ai dit à Bruno : “C’est le moment ou jamais de montrer que ce n’est pas vrai ce qui se dit, que tu sais gérer les périodes d’après ou d’avant crise et que tu as du charisme.” Là, ça tombe bien, on joue un club charismatique, avec un entraîneur (Pep Guardiola), des joueurs charismatiques. On a loupé Caen mais ce n’est pas Bruno qui l’a loupé. Les joueurs vont réagir, je le sais. Je me fous d’ailleurs du résultat à City, je veux le contenu et l’attitude. Le résultat de Marseille dépendra de City dans ce contenu.
“On ne va pas se faire enquiquiner par quelques perturbateurs…
Y a-t-il un ultimatum pour les joueurs ou l’entraîneur ?
Non ! À City, les critiques nous prédisent le déluge et ensuite l’OM est sûr de gagner à Lyon… Ce serait idiot de mettre un ultimatum contre deux équipes qui vont nous taper allégrement…
Comment envisagez-vous ce retour en Ligue des champions ? Je ne dis pas que ce sera le plus beau jour de ma vie mais, sur les dix dernières années, ce retour en Ligue des champions chez le champion d’Angleterre sera l’un des moments les plus passionnants et les plus magnifiques. Et pour un président comme moi, qui a fait vingt-quatre Coupes d’Europe, revenir en C 1, ça veut dire quelque chose. En plus, City est dirigé par quelqu’un (Khaldoon al-Mubarak) que j’apprécie professionnellement et en dehors. J’avais visité leur centre d’entraînement avant de finir nos installations. Et l’an passé nous avons battu leur équipe féminine en Ligue des champions (en demi-finales)… Leur balance sur les transferts, les dernières années, est de un milliard et trente-deux millions d’euros, soit plus que celle du PSG (différence entre achats et ventes). Mais on sera bien présents. Je connais mes joueurs, Bruno, notre club. On va vendre chèrement notre peau. Lyon est un club qui en impose partout en Europe sur le plan des structures, de la stratégie. Et on ne va pas se faire enquiquiner par quelques perturbateurs qui ne voient qu’un intérêt à nous critiquer pour nous affaiblir. Tout ça me renforce d’ailleurs.
Quel est le match le plus important de la semaine ? C’est Marseille, bien sûr. Mais tout est important quand on a l’ambition de l’OL. On a peut-être les plus belles infrastructures d’Europe, une académie de très haut niveau, une équipe féminine sur le toit de l’Europe. Et on aura avant que je m’en aille une équipe masculine qui sera aussi sur le toit de l’Europe. On a l’expérience, les infrastructures et demain, ce seront les résultats… Il faut simplement être patient mais il faut qu’ils (supporters) me fassent confiance. Ils auront moins de chances de retrouver le très haut niveau si je ne suis pas là. Il n’y aura pas autant de compétence. Je crois vraiment en nous.
Quand rejoignez-vous l’équipe ? Je pars demain (aujourd’hui) avec le groupe, pas le jour du match comme d’habitude. Je laisserai ma voiture au centre d’entraînement, je prendrai le car avec tout le monde, l’avion… Je vais vivre 100 % du temps avec eux, avec les joueurs, avec Bruno. De la première à la dernière minute. Ce sera magnifique.
Pouvez-vous créer la surprise ? Inch’Allah... (Rire.) »
L'Equipe