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« Ces types sont dingues »
Bernard Blaquart, l'entraîneur nîmois, a salué l'exploit de ses joueurs menés 1-3 avant de l'emporter en étant réduits à dix. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
JOHAN RIGAUD ANGERS – Clément Depres a gardé précieusement son maillot. Le jeune attaquant nîmois de vingt-trois ans, entré à la 75e minute, se souviendra de son quart d'heure dans un match fou qui restera gravé. « On s’est répété toute la journée, moi en tout cas, qu’on était en L1, racontait-il. Alors marquer deux buts (sa tête à la 88e a finalement été attribuée à Romain Thomas contre son camp), c’est encore plus beau. On a réussi à revenir de nulle part ! » Nîmes a disparu en début de seconde période, alors qu’Angers avait égalisé à la 33e minute. Trimballé, le promu a pris deux buts coup sur coup d’Angelo Fulgini (51e) et d’Ismaël Traoré (55e) et semblait largué à 3-1. « Mais on sait qu’on peut renverser des montagnes, signalait le défenseur Anthony Briançon. C’est en nous. Par le passé, ça nous est arrivé souvent. Je me souviens d’un 4-3 contre Nancy, d’un 5-4 contre Dijon, d’un 6-2 contre Clermont… »
Nîmes a su créer la sensation en marquant trois buts dans le dernier quart d’heure, avec son latéral gauche Florian Miguel en moins (deux cartons jaunes, 74e et 79e). Le tout premier ballon touché par Depres a fini au fond. Sur une ouverture en profondeur de Briançon, il a échappé à l’axe central angevin pour tromper Ludovic Butelle d’une frappe croisée du gauche (76e). Et puis il y a eu ce tournant de la 85e minute. Sur un service de Flavien Tait, Harrison Manzala, seul face au but de Paul Bernardoni, ratait l’immanquable et frappait au-dessus. « Ça nous a donné de la force », poursuivait Briançon. Dans l’action qui a suivi, Sada Thioub, côté droit, servait Renaud Ripart sur un plateau (85e). À 3-3, Angers était complètement désorienté. Et Depres, d’une tête plongeante déviée dans ses propres cages par Thomas sur un centre côté gauche de Ripart, signait le happy end d’un scénario délirant (88e). « C’est un truc de dingue, relevait le coach nîmois Bernard Blaquart. Ces types sont dingues. Il n’y a qu’eux qui y croyaient encore. » Quand Blaquart fait entrer Théo Valls au milieu (64e), « c’est pour ne pas en prendre quatre ou cinq. On avait pris des vagues, ils nous avaient hâchés ». Nîmes est passé temporairement en 4-3-3, avant de revenir en 4-4-2 avec l’entrée de Depres. Pour un résultat inespéré. L’infériorité numérique a compté. « À dix, on a eu un sursaut, un surplus d’agressivité », relevait Depres. L’esprit de l’équipe, aussi : « On joue sur l’insouciance, la générosité, ajoutait Briançon. Et on a eu un maximum de réussite. »
Meilleure attaque de L2 la saison passée, le promu gardois a commencé fort avec ces quatre buts à l’extérieur, sans son meilleur attaquant, Rachid Alioui, blessé, et alors que son meilleur buteur de la saison passée, Umut Bozok, a été plutôt discret. Mais Ripart, Depres et Thioub ont pris le relais. Ce dernier a signé un déboulé splendide pour marquer le premier but en L1 de Nîmes depuis Laurent Blanc en 1993, en passant en revue cinq joueurs angevins pour finir par un ballon piqué par-dessus Butelle (4e).
“On va tout faire pour se racheter
Ismaël Traoré, défenseur d'Angers
Le derby contre l’OM, dimanche prochain, s’annonce bouillant. Mais Blaquart sait que son équipe doit progresser « dans la maîtrise des temps forts et faibles. À un moment, on a perdu le fil. On a une équipe très jeune. A part Mustapha Diallo, le plus vieux a vingt-six ans. Parfois, on s’affole un peu et on a un déficit de puissance ». Du côté d’Angers, on a vécu « le match qu’on déteste » (Thomas Mangani) avec « un sentiment de honte » (Traoré). Avant de se déplacer deux fois à Rennes et à Paris, le SCO a pris un gros coup sur la tête. Il n’a pas compris ce qui lui arrivait dans le premier quart d’heure ni dans le dernier, et sa défense a pris l’eau de toutes parts. « On a manqué de rigueur, on a pris des buts sur des contres, on a mal géré la profondeur, regrettait Traoré. On va tout faire pour se racheter. » Angers a craqué alors que son quatuor offensif avait plutôt bien réagi après l’ouverture du score nîmoise. Stéphane Bahoken avait été passeur décisif pour Pierrick Capelle (33e) et Fulgini (51e), et Flavien Tait a lui aussi été passeur décisif pour Traoré (55e), dans un match où le VAR a été utilisé deux fois à bon escient, sur le but de Fulgini et un autre non valable de Traoré (48e). « On a galvaudé ce qu’on a fait de bien », se désolait Stéphane Moulin.
L'Equipe