Information
Mediapro a officialisé le tarif de l’abonnement à sa chaîne (à partir de 25 € mensuels), un premier accord de distribution avec SFR et la diffusion des Coupes d’Europe la saison prochaine. Mais plusieurs dossiers restent à finaliser.
La chaîne Téléfoot est encore en chantier. D’abord du côté d’Aubervilliers, à proximité du périphérique parisien, où ses locaux accueillent en ce moment une foule d’ouvriers afin de finaliser les travaux de la salle de rédaction et des studios répartis sur quatre étages dans un bâtiment situé au Parc des Portes de Paris.
Son équipe rédactionnelle, qui atteindra 150 salariés à temps plein, y travaille déjà afin d’être prête à émettre un premier signal, le lundi 17 août, dans moins de trois semaines. Mais un chantier d’une autre ampleur avance aussi doucement d’ici à la reprise de la Ligue 1, le vendredi 21 août, et de la Ligue 2, le samedi 22 août : l’accessibilité à la chaîne Téléfoot.
Hier, Jaume Roures, le patron de la maison mère Mediapro, a confirmé devant la presse qu’une préinscription à l’offre OTT (site Internet et application numérique) de Téléfoot serait disponible le jour même sur le site de la chaîne avec une formule d’abonnement claire : 25,90 euros par mois avec un engagement d’un an et 29,90 euros sans engagement. Mais sa grande annonce concernait l’alliance avec SFR autour d’un double accord : un de distribution, avec une offre couplée Téléfoot-RMC Sport pour les abonnés à l’opérateur au même prix que l’abonnement seul à Téléfoot ; et un de codiffusion de la Ligue des champions et de la Ligue Europa lui permettant ainsi de proposer, outre les Championnats de France, ces compétitions à ses abonnés. « La cerise sur le gâteau », selon le patron de Mediapro, qui vise toujours, à moyen terme, les 3,5 millions de clients pour son offre. Le Catalan voyait déjà d’un bon œil l’approche de son nouveau partenaire : « Il y a 770 000 abonnés (SFR) à RMC Sport. Nous pensons que beaucoup migreront vers Téléfoot. »
Pression sur les autres opérateurs
Au-delà de cette perspective, ce premier contrat de distribution, très attendu, de Téléfoot met désormais la pression sur les autres opérateurs télécoms. « Notre accord avec SFR est notre premier avec un grand distributeur, un FAI (fournisseur d’accès Internet) comme vous dites ici en France, a lancé en souriant Jaume Roures. Certaines discussions ont été ralenties par le Covid-19 mais cette signature et l’obtention de la Ligue des champions et de la Ligue Europa vont accélérer les accords avec certains acteurs traditionnels. »
Chacun joue la montre pour négocier au mieux son accord de distribution. Chaque opérateur espère verser le plus faible minimum garanti possible à Mediapro pour proposer la chaîne Téléfoot et limiter le risque financier. Si Bouygues et Orange devraient suivre, Free, détenteur de 100 % des matches de L1 en quasi direct (30 minutes d’images par match), dispose d’un atout dans sa manche et semble de facto moins sous pression que ses concurrents. Spécialiste des alliances, Mediapro trouvera peut-être les arguments pour convaincre le FAI de Xavier Niel d’ici au 21 août.
Une distribution non conventionnelle attendue
Mediapro prépare également des annonces avec des géants du numérique. « Nous ne voulons pas nous cantonner au périmètre traditionnel de la distribution, a rappelé Jaume Roures. On ne va pas annoncer tout de suite un accord avec Facebook. Mais on va prochainement annoncer des accords avec des distributeurs qui ne sont pas des acteurs classiques du marché. »
Selon nos informations, le groupe audiovisuel discuterait toujours avec Facebook (L’Équipe du 24 juillet) et Apple sans qu’aucun accord ne soit encore finalisé, mais aurait en revanche mis un terme à ses négociations avec Amazon.
À quand l’ouverture avec Canal+ ?
Mediapro pourra-t-il se passer du groupe Canal+ pour distribuer sa chaîne? Connaissant la puissance de ce distributeur dans le sport (500 000 abonnés à RMC Sport et 1,2 million d’abonnés à beIN via la chaîne cryptée), difficile de l’imaginer. Notamment pour l’offre satellite de Canal qui compte quand même un potentiel de près de 2 millions d’abonnés. SFR l’avait par exemple jugée indispensable pour lancer ses chaînes RMC Sport en 2018.
Sauf que les discussions sont aujourd’hui au point mort entre Jaume Roures et Maxime Saada, le président de Canal+. Comme lors du lancement de beIN Sports en 2012, la chaîne cryptée pourrait être la dernière, même bien après les matches du début de saison, à trouver un accord avec le nouvel acteur.
La date du classique PSG-OM (diffusé par Téléfoot), programmée le 13 septembre, pourrait bien ainsi être une date charnière... Hier, le patron de Mediapro n’a évidemment pas fermé la porte à son concurrent et potentiel partenaire : « Avec Canal+, nous sommes prêts à nous réunir aujourd’hui, demain, après-demain… Nous, on est ouverts ! » Allant même jusqu’à préciser qu’il chercherait à trouver une offre couplée pertinente : « S’il y a accord, on ne va pas additionner nos prix (d’abonnements), on trouvera une formule intéressante pour les abonnés. » Avant cela, il faudra trouver la bonne formule avec Canal…
« Un casting de rêve » annoncé
En revanche, hier, ni Roures ni Julien Bergeaud, le directeur général de Téléfoot, n’ont voulu dévoiler la grille des programmes ou confirmer l’identité des personnalités de leur chaîne. Si Bergeaud a indiqué que plusieurs canaux additionnels, dénommés « Téléfoot Stadium », seront disponibles pour proposer tous les matches en intégralité en complément des multiplex, il a souri au moment d’évoquer les visages : « Certains noms sont sortis dans la presse, d’autres ne le sont pas. Mais nous aurons un casting de rêve. » Depuis plusieurs semaines, l’identité de certaines personnalités qui devraient faire partie de l’aventure Téléfoot a été annoncée dans nos colonnes. Certains ont même déjà signalé via leurs réseaux sociaux leur départ de leur ancienne maison et d’autres ont signifié leur arrivée sur Téléfoot. Mais selon nos informations, du côté des consultants, les négociations avec Nicolas Anelka, un temps envisagé pour intervenir sur Téléfoot, n’ont pas abouti. Quant au duo de commentateurs des vingt meilleures affiches de L1, Grégoire Margotton-Bixente Lizarazu, iI devrait être accompagné de l’ancien pro Pierre-Yves André, en bord de terrain le dimanche soir. On pourrait même retrouver les deux hommes, « prêtés » dans le cadre de l’accord de marque et de production entre TF1 et Mediapro, aux commentaires de certaines affiches de C1 pour la chaîne à partir d’octobre. Comme de nombreux autres sujets, l’idée est en tout cas dans les tuyaux…