Dragan a écrit:InformationDroits TV de la Ligue1 : « La responsabilité de Vincent Labruneest considérable »
Personne ne sait aujourd’hui sur quelle(s) chaîne(s) la Ligue 1 sera diffusée la saison prochaine. Les négociations menées par le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Vincent Labrune, sont dans l’impasse. Son appel d’offres pour la période 2024-2029 a échoué, tout comme les négociations de gré à gré.
Les clubs, qui tirent une large partie de leurs revenus de ces droits télé (663millions sur 2021-2024), sont plongés dans l’inconnue et les perspectives ne sont guère réjouissantes. Christophe Bouchet, ancien président de l’OM (*), livre une analyse sévère. C’est totalement inédit. Le record était déjà détenu par la France puisqu’Amazon Prime avait été signé en juin 2021. Mais deux matchs de L1 restaient diffusés par Canal+, donc on savait que le championnat allait pouvoir démarrer avec du foot à la télé. Là, il n’y a strictement personne. Quand on parle avec des gens de la Ligue, ils donnent habituellement le change. Là, ils sont vraiment très inquiets. Mais quand on fait n’importe quoi, on arrive à du n’importe quoi. Le foot français vit sur deux jambes: les droits télé et les transferts de joueurs. Mais nous sommes très loin des autres pays en matière de marketing, sponsoring et revenus «jour de match» qui rapportent beaucoup dans les grands championnats. En moyenne, nous avons deux fois moins de spectateurs dans nos stades qu’en Allemagne. Il n’y a jamais eu de politique d’enracinement des supporters en France malgré les moyens modernes à disposition. Cette absence de travail en profondeur depuis vingt ans donne le résultat dramatique d’aujourd’hui et rend le problème des droits télé encore plus aigu. On parle souvent des chiffres merveilleux de la Premier League. En 2004, les droits domestiques français et anglais étaient équivalents. Depuis, un foot a bien travaillé, pas l’autre. On arrive au point de rupture. Il n’y a plus personne sur le marché. Les appels d’offres précédents avaient toujours bénéficié d’une surprime stratégique grâce à un nouvel acteurs : TPS, Orange, Free, Mediapro, Prime... pour payer plus que la valeur réelle des droits. Sauf qu’il n’y a plus de nouveaux concurrents. Il y a un sujet plus large : le foot est dilué dans une offre de divertissement général avec Netflix, Spotify, etc. La L1 était une activité incontournable pour les diffuseurs, elle ne l’est plus. Si vous travaillez bien, que vous donnez l’exclusivité et la totalité des matchs, avec un peu de National, quelques droits qui traînent par exemple les qualifications pour la CAN...
Dans dix ans, la chaîne sera peut-être d’un niveau de rentabilité acceptable. Mais il faut aller chercher les abonnés, les fidéliser. C’est un travail de longue haleine. Les clubs ont besoin de cash en juillet 2024, pas en 2034. À court terme, c’est impossible. Avant de faire 2,5 millions d’abonnés... Le championnat de France tient essentiellement au PSG et à l’OM. Les audiences des matchs des autres clubs sont à pleurer, à peine quelques dizaines de milliers de personnes. Ce deal est absurde. Un étudiant en première année de commerce l’aurait vu directement. D’abord, il a une durée de vie illimitée. Ensuite, CVC bénéficie de 13 % de dividendes prioritaires. Mais si les droits télé sont 15% inférieurs au business plan fixé par l’accord, ça monte à 14,3 %. Troisième chose, la répartition de la manne de cash entre les clubs, depuis 2022, est lunaire. Nantes touche autant d’argent que Clermont. Nice et Rennes touchent autant que Marseille. L’OM ne perçoit que 90 millions contre 200 millions pour le PSG. Comment l’OM a-t-il pu accepter ça, alors que lui et le PSG représentent entre les trois quarts de la valeur du championnat ? Il vaut mieux avoir cinq, six, sept clubs forts qui font des parcours en coupes d’Europe plutôt que d’aller saupoudrer de l’argent à des clubs qui n’en feront rien. A date, elle est considérable. Il a mis Mediapro dehors, sans aucune négociation avec son actionnaire, parce qu’il pensait que Canal rachèterait les droits, ce qu’il n’a pas fait. Or, Mediapro n’est pas une épicerie de quartier. C’est un acteur mondial de la production TV, à qui il ne fallait pas cracher à la figure. Il a ensuite fait venir Amazon qui a renforcé la colère de Canal. Il a vendu aux présidents de clubs que grâce à son carnet d’adresses, ils n’avaient pas à s’inquiéter pour les droits télé. Enfin, il a fait le deal CVC de toutes pièces et a touché un très gros bonus dessus (trois millions d’euros, NDLR) alors qu’il a endetté les clubs à vie et les a mis dans une situation impossible. J’espère que le Sénat (qui a lancé une commission d’enquête, NDLR) va approfondir le sujet, car à mon avis, on n’a pas encore tout vu. Si je devais parier, ce serait sur une bonne partie des matchs achetés par Canal à un tarif très bas, ce qui serait une revanche de la chaîne sur Labrune. Mais si les droits télé tombent à 500 millions d’euros, des clubs - notamment ceux qui ne sont pas qualifiés en coupes d’Europe - seront étranglés et vont se casser la gueule, puisqu’il faudra rembourser les deux premières années à CVC plus celle qui s’annonce, soit entre 150 et 200 millions.
Sud Ouest
Autant sur le fond je suis d’accord avec Bouchet, autant il minimise lourdement les chiffres.
Si l’abonnement d’une chaîne est à 25 TTC, cela signifie que son CA hors taxes net de commission distributeur sera aux alentours de 15/16 euros.
En estimant des coûts techniques à 70M (2M par journée), des frais de structures à 20M et un peu de marketing ..:.
Si la chaîne achète les droits à 500M, il faut 4M d’abonnés pour être à l’équilibre.
Les 2,5M d’abonnés cibles démontrent donc que la ligue 1 vaut moins de 250M en droits …