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Droits télé de la Ligue 1 : beIN Sports a les clés
Le diffuseur franco-qatarien cherche la meilleure solution pour acquérir les droits de la Ligue 1 pour la période 2024-2029. Ce sera a priori sans DAZN, mais une petite option existe avec Canal+.
Les rencontres européennes du PSG sont souvent le cadre d'entretiens entre Nasser al-Khelaïfi, le président du PSG et de beIN Media Group, et Vincent Labrune, son homologue de la LFP. Un troisième personnage, un peu moins connu mais très important, Yousef al-Obaidly, le directeur général de beIN Sports France, est toujours de la partie. La réception, mercredi, du FC Barcelone au Parc des Princes tombe à pic pour faire le point sur le dossier ultra-sensible des droits de la Ligue 1 (période 2024-2029). Comme révélé dans L'Équipe, beIN Sports, plutôt en retrait depuis quelques années puisqu'il sous-licencie les deux affiches de L1 qu'il avait acquises jusqu'à la fin de la saison (le samedi soir et le dimanche après-midi) pour 332 millions d'euros annuels à Canal+, est étonnamment revenu en jeu.
Notamment grâce au soutien d'Emmanuel Macron, le président de la République, qui a fait ses meilleurs efforts auprès de l'émir du Qatar Tamim bin Hamad al-Thani pour favoriser la commercialisation du Championnat de France. « Depuis plusieurs mois, le président se montre disponible s'il faut se manifester auprès de tel ou tel (acteur du marché) pour aider le football français, nous expliquait tout récemment une source gouvernementale. Il l'a fait aussi auprès des Qatariens en disant toute l'importance que l'on y attache. »
Canal+ en complément ?
Depuis, les dirigeants de beIN Sports, encouragés par les différents pouvoirs politiques et l'activisme de Labrune, le président de la LFP, cherchent une formule pour répondre aux attentes, qui tournent autour de 700 millions d'euros annuels pour les droits domestiques de la L1 (et autour de 900 millions par an en y ajoutant les droits internationaux). Pour formuler une offre concrète, beIN doit d'abord discuter avec Canal+, qui lui règle aujourd'hui 250 millions d'euros par saison pour gérer sa distribution. L'idée est d'obtenir des garanties suffisantes pour se lancer sans trop perdre de plumes.
Mais une autre option est possible : celle de voir Canal+ prendre éventuellement un ou deux matches, à un tarif raisonnable, en complément de beIN. Encore hypothétique, d'autant que la chaîne cryptée a tout intérêt à jouer la montre, cette solution offrirait un total retournement de situation, puisque Canal+ répète depuis l'été 2021 ne plus être intéressée par la L1. Mais personne ne pensait non plus que beIN, qui a très largement revu à la baisse ses investissements dans les droits sportifs, serait attendu comme le sauveur...
Car la piste DAZN est très froide depuis des semaines. Une réunion avec les dirigeants de la LFP évoquée par RMC Sport, qui s'est tenue jeudi, a confirmé cette tendance. Le 11 novembre dernier, la plate-forme britannique a formulé une offre ferme de 500 millions d'euros annuels pour toute la L1 et n'a jamais vraiment bougé depuis. Cette proposition financière a tenu un mois, jusqu'au 11 décembre, mais elle a été immédiatement repoussée par la Ligue. DAZN reste toujours sur ce montant jugé insuffisant, même si ce nouveau venu sur le marché a accepté de céder un des huit matches par journée, évidemment pas le premier choix, pour permettre à la LFP de négocier une exclusivité avec un autre acteur. DAZN est ainsi entré en contact avec beIN pour sonder le terrain, mais n'a pas été accueilli favorablement.
Le traumatisme de Mediapro toujours présent
Lors de la dernière réunion, DAZN, par la voix de son patron Shay Segev, a même indiqué à la LFP, selon nos informations, ne même pas être certain de pouvoir régler les 500 millions d'euros de la première année du contrat si le deal n'était pas bouclé très rapidement. Selon lui, si un accord était trouvé ces prochains jours, il faudrait encore quelques semaines pour finaliser la signature du contrat, ce qui l'amènerait au mois de mai pour recruter une équipe éditoriale, monter un plan marketing et de communication et renégocier les modalités de ses contrats de distribution déjà signés (avec Canal+, SFR, Orange et Bouygues Telecom) et tenter d'en signer d'autres, notamment avec Free.
Si la Ligue a validé les garanties financières de DAZN lors de l'appel d'offres infructueux d'octobre dernier, cette pression et cette menace de renégociation de la première année d'un potentiel contrat ont effrayé la LFP. Dans un contexte différent, post-Covid, Mediapro avait en effet stoppé ses paiements dès la deuxième échéance expliquant vouloir renégocier le montant de sa première saison avant de finalement s'accorder avec la Ligue pour rompre prématurément le contrat et fermer sa chaîne au bout de six mois. Un traumatisme encore vivace pour les dirigeants du football français. Un accord avec beIN, adossé aux fonds du Qatar, aurait l'avantage de leur ôter quelques angoisses.