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Shay Segev, PDG de DAZN : « Être un diffuseur important de la L1 »
Shay Segev, le PDG de la plateforme de sport DAZN, annonce vouloir faire une offre pour les droits de diffusion de la Ligue 1 le mois prochain, avec l'ambition de devenir incontournable sur le marché français.
Shay Segev (à gauche), PDG de DAZN et le duo Diletta Leotta - Marco Parolo à l'occasion du match de Serie A AC Milan-Udinese en août 2022. (Massimo Rana/IPP/DAZN / Presse Sports)
Souvent présentée comme le « Netflix du sport », la plateforme DAZN vient de signer un accord de distribution avec Canal + sur le « long terme », ainsi que l'intégration des deux matches de Ligue 1 de la chaîne cryptée, comme PSG-Lens ce samedi soir, dans son offre à 14,99 euros par mois (Ligue des champions féminine, Liga et Bundesliga féminines, Championnat belge, sports de combat...).
Cet acteur mondial, basé à Londres et présent sur 230 territoires avec 60 millions d'utilisateurs, fait véritablement son entrée sur le marché français à quelques semaines de l'appel d'offres des droits de la L1, lancé le 12 septembre. Alors qu'une première petite structure est en train d'être montée en France, pour proposer plus de contenu, Shay Segev, son PDG, livre ses ambitions à L'Équipe.
« Pourquoi avoir décidé de signer un accord cet été avec Canal + ?
C'était une opportunité, on a trouvé un deal avec le plus grand distributeur du sport en France. DAZN est maintenant accessible sur Canal + (à partir de l'abonnement sports). Sur la distribution, nous entamons un contrat sur le long terme avec eux... Ensuite, on propose désormais leurs deux bons matches de L1 dans notre offre (pour quelques dizaines de millions d'euros). Et puis, bien sûr, nous savions que la Ligue de football professionnel (LFP) allait lancer son appel d'offres pour le prochain cycle (2024-2028, voire 2029), c'était le bon moment.
Avez-vous déjà signé un accord de distribution avec les autres opérateurs ?
Nous venons d'entamer les discussions avec eux. Le but est bien sûr d'être disponible partout mais notre application est déjà accessible sur les mobiles, les tablettes, les ordinateurs, les télés connectées, les consoles de jeux, Google TV...
Le message semble clair, vous miserez sur les droits de la L1 dans quelques jours. Pour tous les rafler ?
Il y a un process régulé, je ne peux partager exactement notre plan (sourire). Mais DAZN participera à l'appel d'offres et veut être un diffuseur important de la L1, un acteur majeur. La France est une grande nation de football, on le voit comme un marché clé avec l'ambition d'offrir la meilleure expérience aux fans. À long terme, DAZN peut réduire la fragmentation des droits sportifs en France.
Vous êtes aussi candidat aux droits internationaux, également remis sur le marché ?
Oui, bien sûr. Nous sommes déjà devenus partenaires de grandes ligues, comme la NFL en juin dernier. On a signé un deal de dix ans pour tous les matches en dehors du marché américain. Avec un minimum garanti et un système de bonus en fonction du nombre d'abonnés.
Le départ attendu de Kylian Mbappé, l'été prochain, serait un vrai handicap pour la valeur de la L1 ?
C'est un fait qu'une star comme Mbappé, avec une grosse audience autour de lui, rend une ligue plus forte. Notamment pour l'image à l'étranger. Mais quoi qu'il arrive, une ligue demeure plus forte qu'une ou deux stars.
DAZN a perdu beaucoup d'argent depuis sa création (6 Mds €), dont 2,15 Mds rien qu'en 2021. N'avez-vous pas peur que cette situation économique effraie la Ligue et les clubs après la crise avec Mediapro ?
Ils devraient plutôt être heureux de voir DAZN arriver. Il suffit de voir ce que nous faisons ailleurs, comme partenaire solide de la Bundesliga, de la Liga, de la Serie A, de la Ligue des champions, de la NFL... Nous payons nos droits (par exemple 840 M€ par saison pour la Serie A). Nous avons investi beaucoup d'argent pour développer une plateforme performante avec des contenus premium. Maintenant que ce travail est fait, nous nous concentrons sur la durabilité. Il n'y a aucune inquiétude quant à notre viabilité. Nous prévoyons que l'entreprise deviendra rentable en 2024 et qu'elle atteindra même le seuil de rentabilité au quatrième trimestre de cette année.
De quelle manière ?
On nous a souvent définis comme le "Netflix du sport". Du point de vue du streaming, OK, c'est une belle ambition... sauf que nous sommes plus que cela. DAZN est une plateforme globale de divertissement autour du sport. Nous développons une expérience plus interactive, notamment avec une partie gratuite où vous pouvez échanger avec les autres fans ou visionner certains matches, faire des pronostics pour essayer de gagner des prix. Nous travaillons aussi sur la flexibilité, il sera bientôt possible d'acheter de plus en plus de matches de foot et d'événements à l'unité. Nous avons aussi signé un deal avec des sociétés de vente de billets et de merchandising, lancé des paris en ligne autour de nos droits sur certains marchés (pas en France pour l'instant). Tout cela est centralisé au même endroit, sur DAZN. Nous sommes en train de devenir "the home of sport" (la maison du sport).
Vous avez aussi dû augmenter vos tarifs d'abonnement en Italie, en Espagne et en Allemagne, qui oscillent désormais entre 25 € et 30 € par mois...
Le sport est un contenu premium, nous devons payer très cher les ligues pour acheter les droits. Et en même temps, il y a un nombre limité de consommateurs capables de payer pour cela. Pour viser la rentabilité, il faut soit plus de pubs, soit plus de consommateurs, soit qu'ils payent plus. Nous avons récemment augmenté les abonnements des marchés que vous avez cités mais si, avec le temps, nous augmentons l'audience et le nombre d'abonnés, nous serons en capacité de réduire le prix.
D'ici à la fin de l'année, la Premier League lancera aussi son appel d'offres au Royaume-Uni. En février, vous aviez déclaré que c'était votre "haute priorité". Est-ce toujours le cas ?
Oui, bien sûr ! La Premier League est un actif très important pour une société audiovisuelle. Il y a l'opportunité pour DAZN de devenir le diffuseur des cinq grands Championnats européens et même au-delà, de devenir la maison du football. On ne veut pas la laisser passer. Nous sommes le futur du sport. »