par Dragan » 07 Juil 2021, 07:27
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beIN Sports déclenche les hostilités
Le diffuseur n'a pas réglé son échéance du 1er juillet (environ 7,5 M€) pour la L2. Il pourrait ne pas payer non plus celle du mois d'août pour les deux matches de L1 qu'il sous-licencie à Canal+.
(P. Lahalle/L'Equipe)
La LFP n'a décidément pas de chance avec ses diffuseurs. Après avoir subi la défaillance de Mediapro, qui lui avait promis la lune (830 millions d'euros par an jusqu'en 2024) avant de tout arrêter au bout de quelques semaines, avoir mené, en vain, une interminable négociation avec Canal+, elle doit désormais affronter une nouvelle bourrasque. Comme l'a révélé hier le site L'Équipe, beIN Sports (Contacté, beIN Sports n'a pas souhaité commenter notre information) n'a pas réglé, comme c'est pourtant prévu dans son contrat, la première échéance pour les deux affiches de L2 qu'il doit diffuser lors des trois prochaines saisons pour un montant annuel de 30 millions d'euros.
Le règlement proche de 7,5 millions d'euros aurait dû être effectué le 1er juillet, mais beIN Sports a choisi de ne pas payer, jugeant la somme trop élevée. Pour la L2, quatre versements sont prévus : le 1er juillet, le 5 octobre, le 1er janvier et le 5 avril.
La LFP s'attendait à une réaction des perdants
Il s'agit d'une première secousse qui pourrait en annoncer d'autres, puisque beIN Sports est également détenteur d'un contrat sur la L1 (le lot 3, d'un montant de 332 millions d'euros par an jusqu'en 2024) pour deux affiches : le samedi à 21 heures et le dimanche à 17 heures. beIN Sports sous-licencie ces deux rencontres à Canal+ pour le même tarif, mais c'est bien le diffuseur d'origine qatarienne qui est sous contrat avec la LFP. Et comme Canal+ a annoncé, le 11 juin, son intention de « se retirer de la Ligue 1 » quand la LFP a attribué à Amazon 80 % des matches de l'élite (pour 250 millions d'euros par an + 9 millions annuels pour huit matches de L2), on peut craindre le pire pour la suite. En clair, beIN Sports, allié naturel de la chaîne cryptée, pourrait ne pas payer non plus la première échéance pour la L1 prévue le 5 août (autour de 55 millions d'euros).
Cette fronde n'est pas vraiment une surprise. Lors du conseil d'administration de la LFP qui a voté en faveur d'Amazon contre l'offre conjointe de Canal + et beIN Sports, les dirigeants de la Ligue ont été interrogés sur la possibilité d'une action des perdants. « Elle existe », avaient-ils indiqué aux votants. Ces derniers ne se sont pas effrayés et ont donc choisi Amazon.
Avec le géant du numérique, les recettes globales (en incluant celles du lot 3, les 30 millions d'euros de beIN Sports pour la L2 et les 42 millions de Free pour les droits mobiles) atteignaient 663 millions d'euros par an contre seulement 595 millions pour Canal + et beIN Sports, plus des variables. Et pour ce tarif, Canal+ réclamait le « naming » de la L1 et imposait des clauses qui pouvaient faire perdre jusqu'à 15 millions d'euros par an à la Ligue.
Un nouveau bras de fer judiciaire
Reste maintenant à savoir jusqu'où cette guerre va aller et avec quels dégâts à l'arrivée. Il ne fait guère de doute qu'elle va une nouvelle fois se déplacer sur le terrain juridique si beIN Sports ne règle pas très vite sa facture sur la Ligue 2 et bientôt sur la Ligue 1. Ce qui ne semble pas dans ses intentions sans avoir obtenu un rabais jugé nécessaire par la baisse très sensible des droits observée depuis la faillite de Mediapro.
Mais la LFP se sent forte juridiquement car elle a gagné les deux procédures que Canal+ a lancées devant le tribunal de commerce de Paris, puis devant l'Autorité de la concurrence, pour se délester du lot de L1 qu'elle exploite et qui a été acheté à prix d'or en 2018 pour la période 2020-2024.
4 scénarios pour le Lot 3 de la Ligue 1
1. Canal finit par le diffuser
Canal + peut décider de finalement respecter son contrat de sous-licence avec beIN et de régler la chaîne franco-qatarienne qui paierait elle-même la LFP à compter du 5 août.
Mais ça serait en contradiction avec l'annonce, le 11 juin, de son retrait de la L1, et avec les déclarations faites à ses équipes ces dernières semaines par le président Maxime Saada.
2. beIN Sports succède à Canal+
Si Canal + rompt bien son contrat de sous-licence, beIN Sports pourrait alors assumer seule le paiement du lot 3 (332 M€) et diffuser elle-même les deux rencontres de L1 par journée. Un scénario peu cohérent avec l'attitude du jour sur la L2. En coulisses, la chaîne fait d'ailleurs savoir qu'il est hors de question de payer cette somme pour le lot 3.
3. Amazon en profite
La solution rêvée pour bon nombre de présidents et certains consommateurs : un acteur solvable réglerait l'ensemble des droits de la L1 et les diffuserait sur un même canal. Mais le géant du numérique n'a pas pour habitude de régler des sommes incohérentes sur le marché des droits télé. Jusqu'alors, ses investissements n'avaient pas dépassé les 100 M€ par saison en Europe. Cette fois, il a mis 250 M€ par saison pour la L1 pour se tester et n'a pas forcément d'intérêt à prendre davantage de risque.
4. Un nouvel acteur débarque
Vu les délais avant le lancement de la saison (le 6 août), c'est l'option la moins probable, même si elle ne peut être écartée. En effet, beIN Sports peut choisir de revendre l'intégralité de son lot 3 en utilisant son droit de sous-licence. Un acteur souhaitant se lancer sur le marché français avec un droit premium, comme DAZN, pourrait alors se laisser tenter. Mais la rentabilité serait plus que difficile à trouver pour le nouveau venu, à ce montant et sur trois ans. S. N.
Samba / Renan Lodi, Lacroix, Mbemba, Clauss / Lemar, Kondogbia, Guendouzi, Is. Sarr / Alexis, Aubameyang
Blanco / J. Firpo, Gigot, Seidu, R. Pereira / Harit, Soumaré, Ounahi, Mughe/ Ndiaye, Vitinha
Ventes : Touré, Balerdi, Lopez, Rongier, Veretout, Amavi, Lirola