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Droits TV: le foot français joue sa survie dans un appel d'offres incertain
Au bord du précipice financier, le football français espère recevoir lundi des offres salvatrices pour la réattribution de l'essentiel des droits TV de Ligue 1... Mais face à un marché frileux et à la défiance de Canal+, la crise semble loin d'être refermée.
Du côté du siège parisien de la Ligue de football professionnel (LFP) à 12h00, ils seront nombreux à croiser les doigts... A cette heure, tous les opérateurs intéressés auront déposé leurs offres, et il sera temps de les étudier.
Canal+? BeIN Sports? Amazon? Quels acteurs répondront à la consultation de marché lancée dans l'urgence pour réattribuer les matches délaissés par le diffuseur défaillant Mediapro (80% de la Ligue 1 et de la Ligue 2)? Y aura-t-il un sauveur pour la Ligue 1?
Autour du président de la LFP Vincent Labrune, Jean-Michel Aulas (Lyon), Jacques-Henri Eyraud (Marseille), Jean-Pierre Caillot (Reims), Christian Leca (Ajaccio/L2) et Philippe Piat (syndicat UNFP) formeront un comité de pilotage chargé de décacheter les enveloppes dans l'après-midi.
Si les offres dépassent les prix de réserve fixés par la Ligue et que les candidats offrent suffisamment de garanties, les lots (quatre pour la L1, deux pour la L2) seront attribués et les heureux élus prendront le relais de Téléfoot, la chaîne de Mediapro, dès le 5 février.
Dans le cas contraire, ou s'il n'y a pas de candidat sur certains lots, des discussions de gré à gré suivront ces prochains jours et l'inquiétude reprendra de plus belle pour les clubs, qui anticipent déjà des pertes d'1,3 milliard d'euros en fin de saison, entre pandémie et crise des droits TV...
- Le recours de Canal+ -
Malheureusement pour les dirigeants de clubs, les événements des derniers jours semblent faire pencher la balance du côté de cette seconde hypothèse, ou, au mieux, vers des offres très éloignées des 780 millions d'euros annuels initialement promis par le groupe Mediapro en 2018 pour la L1.
"Le marché n'a rien à voir avec celui de 2018", constate Pierre Maes, consultant et auteur du "Business des droits TV", évoquant une concurrence "presque réduite à un monopole" Canal+. "Le plus important dans un appel d'offres, c'est le choix du timing. Se retrouver à devoir en lancer un maintenant, cela équivaut à commettre un acte désespéré."
Cerise sur le gâteau, la LFP et Canal+ sont en plein conflit juridique sur les modalités de l'appel d'offres.
La chaîne cryptée, qui diffuse les 20% restants de la Ligue 1 pour 330 millions d'euros par an, estime avoir "surévalué" la valeur de ces matches dans le contexte de 2018 et souhaite que l'intégralité des rencontres soit remise en concurrence dans un appel d'offres global. Elle a même porté un recours devant le tribunal de commerce de Paris en ce sens, avec une audience programmée le 19 février qui pourrait invalider la procédure a posteriori.
Dans ce contexte, le groupe de Vivendi, dirigé par Vincent Bolloré, boycottera-t-il la consultation de marché?
- Amazon espéré -
En parallèle, la Ligue espère l'irruption d'un acteur nouveau. Amazon, le géant du web qui commence à investir dans les droits sportifs, est le plus cité, mais ses incursions ailleurs en Europe restent limitées et il n'a pas postulé sur l'appel d'offres de la Serie A cette semaine en Italie.
Ailleurs sur le marché, c'est le calme plat. TF1 et M6 ont confirmé à l'AFP qu'ils n'avaient pas vocation à acquérir des matchs de L1, tandis que France Télévisions n'a fait aucun commentaire. Orange, un temps cité par certains médias, n'en sera pas non plus: "On est à l'écart de ce processus", a indiqué son PDG Stéphane Richard.
Quant à la plateforme DAZN, le "Netflix" du sport, elle n'a pas souhaité faire de commentaires mais semble plus intéressée par la sécurisation de ses droits actuels en Italie...
En cas de procédure infructueuse, la Ligue devra trancher: où verra-t-on la Ligue 1 à court terme, et notamment dimanche pour le Classique Marseille-PSG? Téléfoot, qui émettra au moins jusqu'au 3 février, est prête à prolonger l'aventure. Canal+ est aussi intéressée, comme plusieurs chaînes gratuites. Mais à quel prix?
AFP