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Football Ligue 1; Gasset, l’argent, mais pas seulement
Si l’ASSE a cessé toute discussion et négociation avec le groupe américain PEAK6, c’est officiellement « parce que les investissements prévus par les Américains dans le club ne correspondent pas aux engagements pris de faire de l’ASSE un club pérenne et ambitieux ». Bernard Caïazzo ajoute qu’ils voulaient par ailleurs changer d’entraîneur et qu’après le travail effectué par Jean-Louis Gasset « c’est inconcevable ». Tout est vrai mais il faut creuser un peu pour comprendre les mécanismes qui ont abouti à cette situation pleine de points d’interrogation pour la majorité des supporters de l’ASSE.
Pourquoi la marche arrière des Américains ?
Si la société PEAK6 n’est pas à proprement parler un fonds d’investissement, elle fonctionne comme telle et à ce titre regroupe des capitaux de gens n’ayant souvent aucun rapport entre eux, mais décidés à partager les coûts et bénéficier des avantages de placements. PEAK6 est ainsi centré sur les services financiers, la gestion des risques et d’actifs sur les marchés boursiers. Matthew Hulsizer qui a fondé le groupe en 1997 à Chicago serait donc plus un gestionnaire qu’un grand capitaliste. Et ce sont les actionnaires qui auraient bloqué le processus du rachat du club. C’est le raisonnement tenu par Stéphane Tessier, ancien directeur du club stéphanois. « Dans le monde des fonds d’investissement, il y a des intermédiaires qui vont trouver un deal avec un vendeur. C’est ce qu’a fait Jérôme de Bontin. L’affaire est ensuite présentée aux actionnaires ». Ce serait donc ces derniers qui devant l’incertitude du placement auraient revu leur investissement à la baisse. Une autre source, du côté de Monaco, rapporte que les avocats du fonds ont, dès le début de la semaine conseillé de ne pas acheter. Des partenaires du groupe auraient reculé après avoir compris que l’ASSE ne terminerait pas 5e ce qui lui aurait ouvert les portes de la Ligue Europa avec une vingtaine de millions à la clé. On évoque cette position pour un groupe russe, déjà présent à Bournemouth avec Matt Hulsizer, mais Bernard Caïazzo affirme n’en avoir jamais entendu parler.
Combien pour le top 5 ?
Quelle somme les Américains étaient-ils prêts à investir ? « Quand on a dit que pour atteindre le top 4 ou 5 qu’ils visaient, il faut injecter 200 m€ comme à l’OM, ils ont répondu le savoir » expliquait Bernard Caïazzo après la visite des acheteurs à l’Etrat. Depuis ils paraissaient beaucoup plus frileux et on naviguait entre 30 et 40 m€.
Deux autres candidats à la reprise
Cela ne consolera pas les Verts, mais à Nancy, Jacques Rousselot avait connu la même mésaventure, en 2016, avec des capitaux qui devaient venir de Chine et lui permettre de viser l’Europe. Tout avait capoté. Aujourd’hui, ce sont des Américains qui veulent acheter son club. Patience donc puisque deux nouveaux dossiers ont été déposés auprès de la banque Lazard qui analyse les propositions des repreneurs. Ceux qui avaient été écartés par le choix de PEAK6 ne se sont pas remanifestés après cet échec et il faudra bien au moins un mois pour que les choses avancent à nouveau. Donc pas de vente avant la fin de l’été… Ou de la saison.
Recours à l’emprunt
Bernard Caïazzo prônait une autre solution qu’une reprise du club, l’emprunt comme nombre d’entreprises pour s’agrandir ou investir. Les actionnaires s’étaient rapprochés de Sports Value. La société dirigée par Nicolas Blanc explique sur son site « accompagner ses clients dans les opérations de levée de fonds et de recherche d’investisseurs ».
Dans le cas de l’ASSE, on s’orienterait vers un recours à des obligations. Cette option avait été mise de côté, selon l’exigence de PEAK6 et cette condition du deal est jugée aujourd’hui pénalisante, d’où un recours en justice annoncé par un communiqué : « Les actionnaires actuels comme le club subissent un préjudice important lié à des engagements non tenus ».
Rencontre Paquet-Gasset lundi
Derrière les dollars qui ne viendront pas, les actionnaires de l’ASSE estiment que « les valeurs historiques de l’ASSE n’ont pas été respectées ». Ils avancent le nom de Jean-Louis Gasset qui a si bien collé à l’esprit des Verts depuis janvier et que les Américains souhaitaient remplacer par un Américain comme au Havre ou Ricardo. Ils se seraient inquiétés ouvertement du montant des indemnités à prévoir en cas de licenciement du staff mais aussi d’autres composantes du club. La volonté des dirigeants actuels est au contraire de conserver leur coach miracle. À cet effet une rencontre entre Jean-Louis Gasset et Frédéric Paquet est programmée lundi. Reste à convaincre l’ancien adjoint de Laurent Blanc qu’il aura des moyens à sa disposition. En clair un effectif semblable à celui qu’il a dirigé pendant cinq mois, plus de vrais renforts dont au moins un grand attaquant.
Caïazzo et Romeyer veulent-ils vraiment partir ?
Bernard Caïazzo n’a jamais caché que la vente ne constituait pas sa priorité et que dans tous les cas, il souhaitait apporter à d’éventuels repreneurs son expérience au niveau des instances dirigeantes. Roland Romeyer semblait, lui, plus décidé à tourner la page, jusqu’à ces derniers jours. Les marques de sympathie qui lui ont été témoignées après l’annonce de la vente l’ont fait chavirer. Et depuis vendredi et la fin des négociations, il paraît « revigoré » aux yeux de ses proches. En restant aux affaires, le président du directoire, même s’il a nommé un directeur général, Frédéric Paquet, protège aussi des hommes dont il est proche au club, Dominique Rocheteau, Thierry Cotte, Gérard Fernandez entre autres. Leur avenir en vert était menacé par la réorganisation promise par les Américains.
Le Progres