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MARSEILLE, DOUBLE PEINE
Dans un stade qui voulait y croire, l’OM a battu Amiens mais il ne grimpera pas sur le podium, au bout d’une saison pleine et belle quand même. DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
MÉLISANDE GOMEZ MARSEILLE - Il n’y a rien de comparable à une soirée de multiplex au cœur du mois de mai, quand tout un stade a les yeux sur la pelouse et au moins une oreille ailleurs, et le Vélodrome a vibré jusqu’au bout, agrippé à l’espoir d’une bonne nouvelle en provenance de Lyon. Elle est arrivée, puis elle est repartie, et c’est Marseille qui se réveille, ce matin, au pied du podium, juste devant la porte vers la grande Ligue des champions, mais ce n’est pas face à Amiens qu’il a laissé échapper son rêve. Hier, il est apparu fatigué, il avait les jambes encore lourdes de la finale de la Ligue Europa, disputée trois jours plus tôt contre l'Atlético de Madrid (0-3), il n’a pas fait s’abattre une pluie d’étincelles sur le but adverse mais il a assuré l’essentiel, une victoire logique (2-1) qui lui donne au moins le sentiment du travail bien fait.
Ce n’était pas ce que l’OM espérait, ni ses joueurs, ni son public, et les visages étaient déçus, au coup de sifflet final, malgré les applaudissements nourris de supporters reconnaissants. Memphis Depay venait d’envoyer Lyon en C1, et les Marseillais se retrouvaient coincés à la quatrième place, qui ressemble vraiment à la place du con, cette année, puisqu’ils sont à un point derrière l’OL et à dix-neuf points devant Rennes, cinquième.
Un magot bien maigre au terme d'une aventure pareille
Mais il n’y a pas de place pour quatre, sur un podium, et le feu d’artifice qui a clos cette dernière soirée au Vélodrome avait le reflet des regrets. Pas sur le match à peine conclu, donc, que l’OM avait su emballer dès l’entame, pour mener 2-0 en à peine vingt minutes, ce qui n’était pas une mauvaise idée : à bout de forces après des mois à enchaîner les efforts dans un interminable marathon, il n’avait pas beaucoup plus de batterie et le rythme est nettement tombé, ensuite. Amiens a marqué, même, mais n’a pas non plus fait mousser le spectacle, au fil d’une rencontre où Marseille aura placé 27 tirs contre 5. Le suspense était ailleurs, de toute façon, et une clameur a fait se lever la tribune Ganay comme un seul homme, en toute fin de match, alors que circulait la rumeur d’une égalisation niçoise à 3-3. Ce n’était pas vrai et, pendant que les joueurs saluaient le public, Dimitri Payet en tête, ils se faisaient peut-être déjà le film d’une saison à la fois réussie et inachevée.
Bien sûr, l’OM a écrit une superbe épopée en Europe, des détours de juillet à la lumière de mai, et la cinquième finale de son histoire lui laissera des souvenirs, au-delà de la claque sans appel face à l’Atlético. C’est vrai, il a tenu le fil jusqu’au bout, en Championnat, malgré les voyages de la Ligue Europa et un effectif limité. Mais il trouvera son magot bien maigre, au terme d’une aventure pareille, et il regrettera les points échappés à Guingamp la semaine dernière, par exemple. Il constatera, aussi, qu’il a tellement buté contre les trois premiers du classement final que la photo-finish n’est pas totalement illogique : face au PSG, à Monaco et à Lyon, Marseille n’a pris que deux points sur dix-huit possibles, ce qui réduisait vraiment sa marge contre tous les autres.
Sur le podium de janvier à début avril, il en est descendu au moment le plus cruel, un soir de match nul à Angers (1-1, le 29 avril), entre deux demi-finales de Ligue Europa. Son parcours en Europe lui a coûté des plumes en Ligue 1, mais il ne faudrait pas se tromper, à l’heure du bilan : l’OM a joué à fond les deux compétitions et il a bien fait, dans une ambition européenne qu’on espère contagieuse, pour le football français. Il n’avait peut-être pas toutes les ressources pour s’en sortir avec une autre récompense, mais il a des bases sur lesquelles s’appuyer et il peut se dire que le Champions Project de Frank McCourt s’engage dans le bon sens. Il faudra se renforcer, cet été, et il faudra faire mieux, la saison prochaine : dans Champions Project, il y a champions, comme dans Ligue des champions.
L'Equipe