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LʼULTIME ESPOIR
Pour bien conclure une saison riche en émotions, trois jours après la désillusion européenne à Lyon face à l'Atlético, l’OM doit s’imposer et espérer une contre-performance de ses rivaux. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Incontestablement, l’OM fut la meilleure série du foot français en 2017-2018. Le soixante-deuxième épisode sera diffusé ce soir, les cliffhangers ont été nombreux, le suspense reste pourtant intact, on ne sait toujours pas si la saison se terminera sur des larmes de joie ou de dépit, s’il faudra trouver les rares points qui ont manqué comme d’autres cherchent encore des indices pour comprendre la fin de Lost, huit ans plus tard.
L’essentiel s’avère peut-être là, derrière les calculs d’apothicaire et la course aux récompenses : cette saison, le public s’en souviendra et la refera encore et encore avec une nostalgie gourmande, comme celles d’Éric Gerets (2008-2009, 2e à trois points de Bordeaux) et de Marcelo Bielsa (2014-2015, au pied du podium), entraîneurs olympiens au destin quasi achevé.
Contrairement à ses deux prédécesseurs, Rudi Garcia, alerte sur plusieurs tableaux, a une ultime chance de frayer avec la gloire, trois jours après une défaite en finale de Ligue Europa aussi cruelle qu’inéluctable. « On ne va pas revenir sur le match de mercredi, on a déjà basculé sur le Championnat et Amiens, balaie-t-il. On veut se donner les moyens d’accéder au podium et on sera les premiers supporters de Nice, qui joue une place de Ligue Europa à Lyon, et de Troyes, qui veut sauver sa peau face à Monaco. » Dans les couloirs du Groupama Stadium, l’entraîneur a tout fait pour que ses joueurs évitent de ressasser leurs états d’âme d’après-match auprès de la presse ou de leurs proches. Ocampos, Anguissa, Lopez, Germain ou Sarr ont été les plus marqués par la déroute, ils ont trouvé du réconfort auprès de leur famille jeudi après-midi, après le retour à Marseille et un léger décrassage à la Commanderie.
Interrogé sur son international camerounais, fautif sur le premier but madrilène, Rudi Garcia se veut positif : « Des erreurs, cette saison, tout le monde en a fait, les joueurs, moi, le staff, vous… Ce qu’il faut, c’est ne pas les reproduire. Un jeune joueur doit digérer les erreurs, Frank a fait vingt minutes de très haute volée, il doit s’appuyer là-dessus. À l’avenir, une faute ne doit pas le pénaliser ni pour le match qu’il est en train de réaliser, ni pour la suite des événements. » Les Marseillais ont souvent montré leur capacité de rebond cette saison, après des défaites ou des soirées européennes dévoreuses d’influx nerveux (Guimaraes, Leipzig, Salzbourg…). Certains sont bien tentés de faire les comptes après la finale perdue, de gloser sur tel ou tel qui s’est un peu caché. Florian Thauvin, fort décevant face à l’Atlético, bat le rappel : « On a vécu une saison fantastique, avec des moments forts, sur le terrain et en dehors. On est tous fiers de notre parcours, il faut tourner la page de cette finale perdue. On est déçus, tristes, mais il faut absolument gagner, c’est notre dernier espoir pour le podium. C’est bien que ce match arrive vite, sinon on aurait broyé du noir, on aurait continué de gamberger, cela aurait pu créer une période de doutes. » Il y aura tout l’été pour se livrer à de longues séances d’autoanalyse.
“Ce n’est pas un match de baby-foot
Florian Thauvin, attaquant de l’OM
En attendant, privé de Payet (voir ci-contre) et Rami, l’OM affrontera la « troisième défense du Championnat », dixit Garcia : « On sait qu’ils vont nous donner du mal. Déjà, battons-les ! » Derrière Lyon et Monaco au goal-average, l’OM a passé quelques gros scores à domicile (5-0 face à Caen, 6-3 face à Metz, 5-1 face à Lille), mais Thauvin prévient : « Ce n’est pas un match de baby-foot, dire qu’on espère marquer cinq buts à Amiens, ce serait leur manquer de respect. C’est une bonne équipe. On doit jouer le match à fond et croiser les doigts pour avoir une bonne surprise. » Ce soir, au Vélodrome, les spectateurs regarderont autant leur smartphone que la pelouse, les anciens écouteront la radio pendant que les jeunes tenteront de rafraîchir la page « directs » de leur site préféré, en maudissant leur opérateur si la 4G s’évanouit.
Les pensées s’accrocheront à la crête du facétieux Balotelli, apprécié par l’état-major de l’OM, et en visite au Groupama Stadium. « Je ne sais pas s’il va regarder cette conférence de presse, mais je n’ai jamais été autant derrière Mario Balotelli que pour ce dernier match de la saison, sourit Thauvin. Et on est tous derrière lui, je ne suis pas le seul. » Après un été 2017 à parler du grand attaquant, 61 matches avec une moyenne de deux buts marqués et un face-à-face raté de Germain mercredi, l’OM espérera une réalisation de Super Mario. Quel scénario ! L’OM peut tranquillement s’asseoir à la table de Netflix et de HBO.
L'Equipe