Que retenir du dernier match de l’Atlético avant la finale contre l’OM ?
Samedi après-midi, l’Atlético de Madrid a gagné sur la pelouse de Getafe sur la plus petite des marges (0-1). Avec un XI qui sera peu ou prou celui de la finale, Diego Simeone s’est servi de cette 37e journée pour faire une ultime revue d’effectif avant la finale de Ligue Europa contre l’OM. Quels enseignements pouvons-nous retenir de cette victoire des Colchoneros ?
C’est un grand classique à l’Atlético cette saison : une victoire avec le service minimum. Un but très tôt et plus de 80 minutes de gestion, sans énormément d’occasion mais une défense de fer magnifiée par Jan Oblak, probablement le meilleur gardien de Liga cette année encore. D’ordinaire, Diego Simeone utilise le 4-4-2 mais en cette fin de saison, El Cholo a dû s’adapter aux blessures et aux suspensions pour faire évoluer son système tactique qui repose néanmoins sur le même socle : un bloc collectif solide, une récupération haute et du jeu vertical pour lancer Diego Costa et Antoine Griezmann.
4-3-1-2 plutôt que 4-4-2
Au coup d’envoi à Getafe, Diego Simeone (qui rappelons-le, sera suspendu pour la finale, remplacé sur le banc par son adjoint El Mono Germán Burgos) aligne qui s’apparente fortement à ce qu’il pourrait proposer mercredi soir. C’est un vrai luxe car ces derniers temps, il n’a pas toujours pu aligner ses joueurs à leur poste. A la place du 4-4-2 traditionnel, l’Atlético est positionné en 4-3-1-2 avec Koke Resurrección placé très haut sur le terrain. Précisons que Getafe est la 3e défense de Liga cette saison et vise la 7e place synonyme de qualification européenne.
XI de départ contre Getafe
Koke positionné très haut sur le terrain et buteur
La position très haute de Koke est le marqueur principal du début de match de l’Atlético. Quand Griezmann décroche (image 2, cerclé), c’est lui qui vient proposer une solution entre les lignes. L’objectif de ses coéquipiers de ses coéquipiers, c’est de le trouver pour accélérer le jeu. Le milieu resserré de Getafe l’a très bien compris et ce circuit préférentiel a coûté de nombreuses pertes de balle dans l’axe aux Colchoneros.
3e minute de jeu
Malgré un jeu qui bascule principalement et naturellement à gauche, Koke se déplace sur toute la largeur, au gré des mouvements d’Antoine Griezmann.
Son but, le seul du match, en est un parfait exemple. Ainsi, Koke lance en Juanfran en une touche de balle en 1re intention après avoir reçu le ballon de Stefan Savic plein axe (attention à ses relances rapides). Le milieu international suit ensuite l’appel du Français (image 3) qui se sort du marquage serré de Djené Dakonam grâce à sa technique (et il fallait bien ça pour surprendre le Camerounais, encore une fois excellent) et transmet à son coéquipier libre d’ajuster sa frappe pour tromper Vicente Guaita (image 4). Il faut avoir une grosse caisse physique pour suivre Koke pendant tout un match, un des plus gros moteurs du championnat. Un Frank Zambo Anguissa serait donc plus à son aise qu’un Maxime Lopez beaucoup plus frêle.
En phase défensive, Koke évolue également un cran plus haut que Thomas Partey et Gabi. Il retrouve une position préférentielle axe gauche, à côté de Saúl Ñíguez. Voici sa heatmap du match.
Une relance en carré et des latéraux en position d’ailiers
En position de relance, l’Atlético joue en carré avec le duo Thomas Partey-Gabi qui redescend dans le premier tiers du terrain. Le Ghanéen joue principalement à gauche, le capitaine essentiellement à droite. Les latéraux Juanfran et Filipe Luis sont placés très haut, sur la ligne médiane, voire dans le camp de Getafe. Filipe Luis (flèche image 5) peut même jouer en position d’ailier : c’est Saúl Ñíguez (cerclé) qui prend sa place un cran plus bas. C’est ce qui s’est passé sur le but de Koke. Toute la difficulté pour l’adversaire est de rester concentré défensivement pour limiter le potentiel de ce côté. Florian Thauvin, Hiroki Sakai et Bouna Sarr sont prévenus.
Départ de l’action qui amène le but de Koke
Phase défensive : Juanfran 3e central et oublis dans l’axe
Gabi et Juanfran sont probablement les joueur les plus incertains pour la finale. Le capitaine rojiblanco fait clairement ses 34 ans et il a souvent fait preuve de relâchement pour serrer le latéral gauche Vitorino Antunes qui est pourtant connu pour avoir un excellent pied gauche.
En ce qui concerne Juanfran, son expérience des matches européens pourraient lui permettre de débuter, ce qui laisserait Sime Vrsaljko sur le banc. L’expulsion du Croate dès la 10e minute de jeu lors de la 1/2 finale aller contre Arsenal pourrait lui être préjudiciable. Mais à son image, les Indios ont un fort potentiel pour sortir de leur match et prendre des avertissements. Damián Suárez, le latéral droit du Geta, l’a bien compris en mettant un coup vicieux dans la cheville de Diego Costa dans le dos de l’arbitre. Outre l’attaquant hispano-brésilien, Gabi, Koke et Diego Godín s’en sont pris à l’arbitre. Ce comportement volcanique est une faille qui peut profiter à l’OM.
Lors des phases offensives de Getafe, Juanfran s’est positionné au 2nd poteau pour compenser les sorties de Stefan Savic et Diego Godín. Classique. Sur la 1re incursion Azulona du match, il suit Loïc Rémy car l’Uruguayen manque son intervention pour couper la passe après un ballon perdu par un Thomas Partey peu tranchant, ce qui contraint son binôme en charnière de monter sur Jorge Molina. L’Atlético sent sort bien car depuis le début de l’action (une rentrée en touche côté gauche), Amath N’Diaye est complètement oublié (image 6). De plus, Gabi perd le marquage de Loïc Rémy qui, s’il avait insisté au 1er poteau au lieu de s’écarter aurait pu couper le centre du capitaine de Getafe (image 7). En jouant en une touche de balle, Jorge Molina aurait pu trouver en retrait Amath N’Diaye dans une position idéale (image
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A noter également que les Indios ont concédé 8 corners. Si lors de la 1/2 finale retour contre Salzbourg le but de la qualification est venu d’un corner de Dimitri Payet, ils avaient été jusque-là très mal frappé. Chaque opportunité est une cartouche qu’il ne faut pas gâcher contre l’Atlético.
Oui, l’Atlético commet des erreurs, surtout quand l’adversaire presse. La difficulté majeure est de savoir les exploiter, ce qui est très difficile à réaliser. Ce n’est pas la meilleure défense de Liga pour rien. Par exemple, lors que le Geta a obtenu un penalty -généreux- pour une faute de Diego Godín sur Ángel entré en jeu en cours de match, Jan Oblak a sorti la tentative de Fayçal Fajr.
En l’espèce samedi après-midi, Getafe a fait plus de passes que l’Atleti (413 contre 402), a tiré plus de fois (11 contre 5), commis moins de fautes (13 contre 17 mais les Cochoneros n’ont jamais été à portée de tir) mais son duo d’attaquants titulaires Jorge Molina-Loïc Rémy n’a pas frappé une seule fois et les Azulones perdu.
Une attaque qui se met peu en valeur
L’Atlético est la 6e attaque de Liga avec 56 buts en 37 journées. Sur ses 23 succès, il l’a emporté 13 fois par un seul but d’écart, 11 fois 1-0. Ses goleadas (3 buts d’écart minimum) masquent les difficultés des Indios pour marquer. Sur les 7 raclées infligées cette saison, une seul l’était contre une équipe de la 1re partie de tableau, mais c’était contre un Séville aux abois (2-5 à Sánchez-Pizjuán). Depuis janvier, Diego Costa est revenu à la compétition mais entre les blessures, les suspensions et les mises au repos, son duo avec Antoine Griezmann n’a guère eu l’opportunité de s’aguerrir. Ce match contre Getafe était donc un dernier galop d’essai. Concrètement, les deux joueurs se sont trouvés une seule fois, à la 25e minute. Comme pour l’ouverture du score, Stefan Savic a trouvé un point d’appui plein axe avec Antoine Griezmann qui a sollicité le une-deux avec Koke avec de lancer Diego Costa en profondeur (image 9). L’attaquant, parti à la limite du hors-jeu, a trop tardé pour fixer Vicente Guaita et privilégié son pied droit alors qu’une frappe pied gauche au 1er poteau était certainement la meilleure solution.
C’est la seule fois du match où les deux hommes se sont trouvé. Diego Costa est un danger permanent mais il ne participe pas au jeu d’équipe comme peut le faire Antoine Griezmann. Contre Getafe, le Français a touché seulement 6 ballons sur 35 dans les 30 derniers mètres, la moitié dans la surface adverse dont la passe décisive pour Koke. Au final, ça fait très peu pour deux attaquants redoutables qui sont sortis ensemble à la 60e minute. Ce manque de présence se traduit aussi au nombre de coups de pied arrêtés obtenus pendant le match : à peine 2 corners et 3 coups francs dans le camp adverse.
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Contre Getafe, les Colchoneros ont fait de l’Atleti pur sucre version 2017-2018, dans la lignée du “match après match” de Diego Simeone. Les Indios disputent chaque rencontre comme une finale qu’il faut gagner. L’efficacité prime sur tout le reste. Ça peut largement suffire pour soulever la Ligue Europa… à moins que l’OM mette un doigt (et les deux pieds dans l’engrenage) et contrecarre les plans établis par le Cholo.
François Miguel Boudet