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Le match des familles
Pour les proches des joueurs de l’OM, aussi, la soirée européenne de mercredifut éprouvante. Nous étions à leurs côtés. PAR ANNE-SOPHIE BOURDET, à Décines
Ils ont fait la route à trois voitures mais, si l’UEFA avait été plus généreuse en places, ils auraient pu « remplir deux bus ». Mercredi soir, toutes les générations de la famille Sanson étaient représentées au Groupama Stadium, depuis le grand-père, qui arbore superstitieusement un polo du petit-fils, jusqu’au petit dernier, Killian, joueur de Montpellier. « Cela fait bizarre de venir pour une finale et de se dire qu’on est concernés de si près », apprécie Franck Sanson, l’oncle du milieu de terrain de l’OM. Porte T, avant le coup d’envoi, la famille échange en souriant ses pronostics : 3-1, 2-1, 1-0… Toujours en faveur de l’OM. Et « avec un but de Morgan, cela fait un petit moment qu’il n’a pas marqué », rappelle l’aïeul sous l’œil approbateur de sa femme.
À la 21e minute du match, les sourires se sont déjà fait la malle. Riffi Mandanda, le petit frère de Steve, gardien de but lui aussi, regarde la finale devant sa télévision. Son club, l’AC Ajaccio, joue les barrages pour l’accession en L1 ; pas question de manquer l’entraînement quotidien. La relance dans l’axe de son frère, conduisant au premier but de Griezmann, il a donc pu l’apprécier sous tous les angles. Pour lui, « c’est Anguissa » le fautif sur l’ouverture du score madrilène. Devant la télé lui aussi, son frère aîné, Parfait, portier du Sporting Charleroi, lui donne en partie raison : « Dur, dur, mais bon, c’est du 50-50 sur cette relance, car le joueur loupe son contrôle. »
À Décines, dans la tribune qui accueille une grande partie des familles de joueurs, porte G, « le premier but a un peu refroidi tout le monde », avoue Jean-Yves Lopez, venu avec sa femme encourager son fils Maxime. Assis à côté de la maman d’Adil Rami, l’éducateur sportif du Burel FC se lève de son siège dix minutes plus tard pour acclamer l’entrée de son minot, en remplacement de Dimitri Payet, sorti en larmes sur blessure. « On était installés pas loin de sa femme et de son fils, donc même si on était contents que Maxime entre en jeu, ce n’était pas évident, explique-t-il après la rencontre. Maxime a fait ce qu’il a pu, comme toute l’équipe qui n’a pas eu beaucoup le ballon. » Porte T, le clan Sanson, après le match, assure qu’« on y croyait encore, même à 2-0. Il y avait moyen de relancer la machine. » Stéphane Sanson a trouvé son fils « plutôt pas mal pour une première finale, dans son rôle », qui ne fut finalement pas celui du sauveur.
Auteur d’une tête sur le poteau, Kostas Mitroglou aurait, lui, pu s’offrir ce luxe à dix minutes de la fin. Mais le troisième but madrilène, signé du capitaine Gabi, éteint définitivement les dernières lueurs d’espoir dans le camp marseillais. Dans la nuit lyonnaise, André-Pierre Gignac remet sa capuche et sort le premier de la tribune des proches. Les parents de Maxime Lopez, qui se demandent s’ils vont arriver à dîner avec leur fils après le match, affichent un sourire amer. « Il n’y a pas de place pour les regrets. Je sais que Maxime est très déçu, je l’ai vu dans ses yeux sur le grand écran du stade. Il n’a que 20 ans, il a déjà joué une finale de C 3, il est à la lutte pour une troisième place en Championnat… Et puis, une finale, si tout va bien, il en rejouera ! »
Après avoir éteint son poste, Riffi Mandanda choisit de ne pas envoyer de texto à son frère aîné. « Perdre 3-0 la première finale européenne de sa carrière, alors qu’il sort d’une grosse blessure… Je préfère le laisser tranquille. » En route vers le parking, le clan Sanson s’interroge sur quelle station de radio choisir pour refaire le match et occuper les trois heures et demie de trajet retour vers Montpellier. La maman aligne les smileys cœur dans le SMS qu’elle envoie au finaliste malheureux. L’oncle du Marseillais, lui, se projette vite sur le dernier rendez-vous de la saison contre Amiens, ce samedi, en Championnat. « Si Lyon perd (contre Nice) et que nous (l’OM est quatrième), on gagne, allez, pour moi, cette soirée sera quasiment oubliée… » •
les parents de maxime lopez se demandent s’ils vont dîner avec leur fils après le match. Riffi Mandanda préfère laisser son frère tranquille