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OM: Dans les coulisses d'une nuit d'ivresse à Salzbourg
Notre envoyé spécial à Salzbourg vous raconte les quelques heures qui ont suivi la qualification marseillaise en finale de la Ligue Europa, au bout du suspense.
Il reste une poignée de secondes à jouer. Rolando vient de délivrer les 1500 supporters marseillais, tout le banc de touche et l’ensemble de la délégation OM, en force et bien calée, en bas de la tribune VIP. Zubizarreta, qui en a pourtant vu d’autres, n’arrête pas de sauter, les poings levés. Eyraud et Mandanda ne tiennent plus en place, ils veulent descendre sur la pelouse. Sous leurs yeux, le banc de touche marseillais est déchaîné et prend des allures de virage Sud.
Valère Germain ne regarde plus le match. Il saute en fixant le kop marseillais, qui chante à la "gloire" de Jean-Michel Aulas. Pros jusqu’au bout des ongles, Germain, Lopez, Kamara, Escales, ne prononcent pas les paroles polémique. Ou alors en se mettant la main devant la bouche, si la tentation est trop forte. L’OM relâche la pression, mais la tension descend des tribunes. Quelques supporters autrichiens lancent des projectiles sur le banc marseillais, qui se retourne, le regard noir et frondeur.
Garcia: "Qui saute pas n’est pas marseillais!"
Coup de sifflet final. Le président olympien rejoint les siens. Son épouse, écharpe de l’OM autour du cou, lui réclame juste un dernier baiser. L’émotion est forte. Le parcage marseillais est un volcan, qui crache ses derniers fumigènes. Rudi Garcia rappelle tous ses joueurs. L’OM doit saluer ses fans, tous ensemble. Gustavo, exténué, a encore l’adrénaline pour sauter face au kop bleu et blanc, torse nu, en agitant son maillot. Les embrassades sont intenses. Rami, Thauvin puis Mandanda tombent dans les bras de Zubi. Ocampos, Lopez et Germain offrent leur maillot.
Rudi Garcia chante et fait des bonds. C’est le premier "Qui saute pas n’est pas marseillais!" de son histoire. Certains membres du staff font des vidéos sur la pelouse. Malgré l’euphorie, Payet, Amavi, Gustavo et Ocampos ont la classe de traverser le terrain pour aller saluer les joueurs autrichiens. Des poignées de main respectueuses. Mais quelques doigts d’honneur des fans de Salzbourg, positionnés au bord du tunnel. Sertic, dans un état second, se chauffe avec un supporter autrichien en regagnant les vestiaires.
Payet: "On est des petits cons car on s’est fait peur"
Les vidéos mises en ligne par le site de l’OM ou par certains joueurs sur les réseaux sociaux seront des séquences inoubliables. Thauvin est debout sur la table du vestiaire. Lopez essaye d’imiter les cris de joie de Clinton N’Jie. Pelé sort de sa réserve habituelle pour chanter et vibrer. Garcia prend la parole. "Tout ça ne nous donne pas une qualification pour la Ligue des champions, les gars. On ne lâche pas. On jouera cette finale avec humilité, mais pour la gagner, pour ramener cette Coupe d’Europe ! Et autre chose, les gars…" Et Rudi Garcia de lancer un vibrant "On est en finale, on est en finale", sur l’air de cette fameuse chanson adressée au Président de l’OL. Gustavo et Rami sont trop fatigués et vont alors s’asseoir pour "laisser les jeunes chanter". Gustavo lance à Rami: "No puedo mas, hermano!" "Je n’en peux plus, frérot").
Le passage en zone d’interviews est aussi l’occasion de quelques poignées de main chaleureuses entre joueurs et suiveurs de l’OM. "On est tous ensemble", lâche Thauvin, qui reconnait être "mort, fatigué". Mandanda "espère" être en forme le 16 mai et avoue avoir "souffert" en tribunes. "On est des petits cons car on s’est fait peur", avoue Payet, avec le plus beau sourire de sa saison, en tout cas face aux journalistes. Germain veut "voir la folie à Marseille". Lopez pense à sa mère et son père – "un fanatique de l’OM" - présents au stade.
"Où est Jacques-Henri?"
Place à Jacques-Henri Eyraud. Les journalistes sont en nombre, donc le Président de l’OM fera deux interviews. La première se termine sur une confidence: McCourt vient de lui envoyer un SMS lui promettant qu’il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer la joie qu’il ressent. JHE se positionne désormais face au deuxième groupe de journalistes, celui des habitués, des "marseillais". La gorge nouée, les yeux humides, le Président de l’OM doit stopper net son ITW, submergé par l’émotion "car tout va très vite".
"Où est Jacques-Henri?", lâche la directrice communication de l’OM, qui comprend vite que l’émotion était trop forte. "Oh la vache! Je le savais!". Dur en affaires mais homme au cœur tendre, JHE reprendra ses esprits une dizaine de minutes dans le bus marseillais. Avant de revenir pour livrer ses impressions, son émotion, sa fierté.
Fiers d’être marseillais, tous les Olympiens sont alors repartis en bus, passer la nuit à leur hôtel autrichien. Sans excès. Juste une douce euphorie et une belle communion dans le bar de l’hôtel. Le dodo sera court. Le décrassage du matin également. Ce vendredi, l’esprit est léger, mais les traits sont tirés. Les joueurs saluent les supporters venus les accueillir à l’aéroport Marignane. Un accueil enflammé mais pas délirant. Place maintenant à la récupération.