L’OM, porté par son public, n’a qu’un but à rattraper ce soir face au RB Leipzig pour voir le dernier carré de la Ligue Europa. Pas insurmontable, mais cela limite aussi le droit à l’erreur.
Il va y avoir beaucoup de bruit ce soir, dans un Vélodrome presque rempli, quand les vingt-deux acteurs de ce quart de finale de la Ligue Europa vont entrer sur le terrain. Les oreilles de Timo Werner, comme face à Besiktas, ne le supporteront peut-être pas, mais l’ambiance ne suffit pas toujours pour gagner un match. Si c’était le cas, les Marseillais auraient battu le PSG, Monaco, Lyon et la plupart des grosses équipes de L 1 qui se sont présentées cette saison sur leur pelouse.
Le jardin, justement, risque de ne pas être très présentable vu ce qu’il tombe sur la ville depuis hier. Il y aura beaucoup de bruit et beaucoup de pluie aussi, ce qui risque de dégrader l’aire de jeu, même si ni l’OM ni les Allemands ne se sont entraînés dessus. Mais ces conditions climatiques, pour peu qu’elles ne remettent pas en cause la tenue du match, peuvent aussi donner les ingrédients d’une confrontation épique. C’est ce que beaucoup de monde attend – peut-être pas les supporters parisiens –, alors que les Olympiens sont les derniers représentants français d’une campagne globalement ratée pour les clubs de L 1 sur la scène continentale. Au moins, contrairement aux autres, les hommes de Rudi Garcia ont fait ce qu’il fallait pour épicer leur fin de saison et ils sont quelques-uns dans le groupe, comme Adil Rami (absent sur blessure ce soir), à préférer gagner cette C 3 que finir sur le podium. Ils n’auront peut-être pas à choisir et il existe une possibilité que cela soit ni l’un ni l’autre, les Marseillais ayant cédé la troisième place à l’OL en Championnat dimanche, après leur nul face à Montpellier (0-0).
Pas superflu de pouvoir compter sur Thauvin
Un deuxième match d’affilée sans marquer, après la défaite en Allemagne à l’aller (0-1), n’était sûrement pas la meilleure façon de préparer une « remontädische », une petite remontada en allemand (on n’est pas sûr), puisque le mot est à la mode quand arrive le printemps. À tous les battus d’avance, l’AS Rome et la Juventus ont montré la voie à suivre, dans des secondes manches renversantes qui entreront dans l’histoire. L’OM reconstruit un peu de la sienne cette saison en Coupe d’Europe. Et éliminer Leipzig, après avoir perdu sur le plus petit des scores à l’aller, ne ferait assurément pas le tour des télés du continent, puisque 40 % des équipes se qualifient au retour dans ce cas-là. Le handicap n’est donc pas insurmontable, même si marquer loin de chez soi peut servir, comme l’ont montré les Romains, car tout but encaissé ce soir compliquerait sérieusement la tâche. Leipzig a gagné à Naples en seizièmes (3-1) dans une ambiance cette fois confidentielle (moins de 15 000 spectateurs). Mais ce n’est pas le Barça, Emil Forsberg n’est pas Lionel Messi, et ce ne serait pas l’exploit du siècle non plus de voir les Olympiens passer l’obstacle. Juste un petit plaisir simple à partager à l’intérieur de nos frontières ; celui, pour l’OM, d’atteindre les demi-finales d’une compétition européenne pour la première fois depuis quatorze ans.
S’ils ont eu du mal dans les gros matches de L 1 cette saison, les Marseillais ont fait ce qu’il fallait à domicile en C 3 dans les rencontres à élimination directe. Contre Braga (3-0) ou l’Athletic Bilbao (3-1), deux scores qui feraient l’affaire ce soir, ils avaient mis tous les ingrédients pour étouffer l’adversaire : marquer vite, presser haut, montrer une grande justesse technique et pas mal de rigueur défensive. Un peu l’inverse du match aller finalement, où Luiz Gustavo et ses coéquipiers, pas très efficaces devant, avaient cédé sur le premier tir cadré venu et le seul, d’ailleurs, pour les Allemands. Le milieu défensif, qui avait dépanné en défense centrale à la Red Bull Arena et qui pourrait encore devoir le faire ce soir, sait aussi mettre des buts, mais on ne peut pas tout lui demander non plus. Le Brésilien est indispensable comme l’est Florian Thauvin, qui revient de blessure après plus de deux semaines à soigner ses ischio-jambiers. À l’heure où il faut marquer, il n’est pas superflu de pouvoir compter sur son attaquant le plus décisif (18 buts, 14 passes toutes compétitions confondues).
On ne sait pas encore ce qui pèsera le plus dans la balance : l’OM a encore des absents majeurs (Mandanda, Rami, Rolando) mais les Allemands ont un jour de récupération en moins car ils ont joué, et perdu, lundi contre Leverkusen (1-4). Puisque tout le monde a l’air de marquer contre Leipzig, il ne faut pas se priver.
Après avoir étalé son inefficacité offensive sur les deux dernières rencontres, Marseille retrouve Florian Thauvin et croit en ses atouts dans la finition.
MARSEILLE – Pas besoin d’arroser la pelouse du Vélodrome pour favoriser la technicité des attaquants locaux, de Njie à Payet, elle a été copieusement rincée par un incessant déluge hier. Les buts pleuvront-ils aussi à verse ce soir ? Coquin, Rudi Garcia évoque le score de 1-0, qui enverrait les siens en prolongation, voire aux tirs au but, un exercice délicat pratiqué « chaque jour » à l’entraînement par sa troupe. Plus sérieusement, après la défaite de l’aller, l’OM cherchera à emballer la rencontre d’entrée, comme il l’a fait face à Braga en 16es de finale aller (ouverture du score de Germain à la 4e minute, 3-0 au final) et l’Athletic Bilbao en huitièmes (2-0 au bout d’un quart d’heure, 3-1).
VITE, UN PEU DE PRÉCISION !
Via Mitroglou, Payet, Sarr et surtout Ocampos, l’attaque marseillaise a eu une demi-douzaine d’occasions face à Leipzig à l’aller, en profitant du repli défensif douteux de certains éléments allemands. Puis elle a largement tâtonné face au bus montpelliérain, même s’il y eut une légère embellie en seconde période (poteau de Sanson, parade de Lecomte sur une déviation de « Mitro »). Pour la seconde fois de la saison, après l’enchaînement Braga-PSG fin février (0-1 au Portugal, 0-3 clinique lors des deux Classiques), l’OM n’a pas réussi à trouver le chemin des filets sur deux rencontres consécutives. « Statistiquement, on est tout proches de marquer un but vu que nous ne l’avons pas fait lors des deux derniers matches, et vu comment la saison s’est déroulée jusqu’ici ! sourit Garcia.C’est plutôt très rassurant. » Son optimisme se tient. Si l’OM encaisse autant de buts que la saison dernière, il en inscrit beaucoup plus : déjà 64 en 32 journées de L 1, contre 44 seulement à ce stade du Championnat, la saison dernière. Il est capable, surtout à domicile, de tourmenter les arrière-gardes adverses, comme celle du Paris-SG, transpercée à deux reprises fin octobre (même tarif pour Monaco et Lyon). Seuls Salzbourg et Montpellier ont fini avec leur cage inviolée en 24 rencontres officielles au Vélodrome depuis la fin juillet.
MITROGLOU ET GERMAIN, AVANTS-CENTRES ATTENDUS
« Don’t fuck me », a demandé l’étonnant Mitroglou avant de se faire interviewer, mardi. Ne pas se faire entuber : le public marseillais, qui croit ardemment en la qualification, n’exige, au fond, que la même attitude de la part de son attaquant grec. En verve depuis son retour de blessure, Mitroglou assume cette attente. Décisif à Toulouse ou face à Lyon, intéressant à Bilbao, son style semble assimilé par ses coéquipiers : il se distingue quand il est servi. Payet et Sarr lui ont concocté des centres aux petits oignons face à Leipzig et Montpellier, mais ce Mitro plus inspiré est tombé sur des gardiens alertes.
Le milieu marocain Mehdi Carcela (Standard Liège), qui a vécu des sommets « épicés » avec son ami hellène lorsqu’ils évoluaient au Benfica (2015-2016), n’en doute pas : « Mitro sait endormir les défenseurs. De par sa puissance, il arrivera à garder le ballon, à obtenir des fautes, il fera des déviations précieuses. » Il devrait être préféré à Germain, décevant dimanche. Seul un concours de circonstances offrirait le tandem en pointe, en seconde période. « J’ai plusieurs possibilités, y compris celle d’aligner Valère et Kostas ensemble pour faire la différence », dit Garcia, qui a essayé ce système face à Valenciennes en Coupe de France, ou par-ci, par-là, comme à Lyon, le 17 décembre, pendant… dix minutes.
PAYET-THAUVIN, DUO DE CHOC ?
À un gros mois de la liste si attendue de Didier Deschamps, voilà l’un des derniers rendez-vous pour démontrer sa valeur. Fans et observateurs fustigent souvent Payet et Thauvin sur les grands matches ? « C’est le moment de répondre aux critiques ! », dit Garcia. Interrogé sur Thauvin, Ralph Hasenhüttl, l’entraîneur de Leipzig, se méfie : « Thauvin est un très bon joueur, dangereux, proche du but, c’est clair. On a un petit espoir : après sa coupure, qu’il manque de fraîcheur et ne tienne pas le rythme. Mais on ne va pas se concentrer seulement sur lui, l’OM a bien des atouts, on devra être très attentifs. »
Pour Garcia, le retour de son meilleur réalisateur (18 buts toutes compétitions confondues) est un « motif de confiance en vue de retrouver le chemin des filets, et il y en a plusieurs » : « Quand on a manqué plusieurs rencontres comme “Flo”, on est souvent explosifs sur le match où on revient. Le second pose souvent souci, avec le contrecoup physique. » Ce sera une autre histoire, une autre rencontre, dimanche à Troyes, et Garcia n’y pense pas. Il l’a aussi montré en remplaçant son maître à jouer Payet dès la 63eminute face à Montpellier : priorité à cette belle soirée continentale