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Bilbao-OM sous haute tension
Trois semaines après la mort d'un policier de l'Ertzaintza en marge du match contre le Spartak Moscou, la mobilisation est maximale dans la ville basque avant la réception de l'OM, demain, en 8e de finale retour
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La mobilisation policière est à son comble. Trois semaines après la mort d'un agent de l'Ertzaintza (infarctus), la police régionale basque, en marge de violents affrontements entre supporters de l'Athletic Club et du Spartak Moscou, la ville de Bilbao ne veut pas revivre le même scénario tragique, demain (19h), pour la réception de l'OM, en 8e de finale retour de Ligue Europa. Un match classé à risque par l'UEFA, comme au match aller (avec un observateur dédié), tandis que les autorités espagnoles l'estiment, elles, à haut risque.
Il faut dire que la venue des supporters olympiens laisse un goût amer aux Basques de tous bords. Il y a deux ans, en février 2016, une atmosphère électrique et malsaine s'était installée dans la ville, où le mot "ultra" est strictement interdit. Le cortège marseillais avait lui soigné sa réputation en Espagne (depuis l'affaire Santos, en 2008, contre l'Atlético de Madrid) en chantant des "Puta Bilbao" à tue-tête dans les rues.
Des heurts avaient donc ensuite éclaté entre les membres des Herri Norte, principal groupe de l'Athletic, épaulés par des ultras bordelais venus spécialement pour en découdre, et les supporters olympiens. L'avant-match, aussi bien dans le centre-ville que sur l'esplanade qui borde la Cathédrale de San Mamés, était donc tristement animé par de multiples bagarres.
Cinq fans olympiens et un basque avaient été interpellés, puis placés en garde à vue, avant d'être relâchés le lendemain en début de soirée. Deux policiers basques avaient été blessés, ainsi qu'un Espagnol. Voilà pour la situation houleuse de l'époque. Aujourd'hui, après le décès du policier basque (il y a eu neuf interpellations et onze blessés), la tension est encore montée d'un cran. Au moins. Les Herri Norte sont d'ailleurs dans le viseur et dénoncent une "campagne de persécution et de criminalisation".
Le Parti populaire espagnol et d'autres instances nationales ont en effet demandé leur expulsion du stade. Ce qu'a refusé José Urrutia, le président de l'Athletic, qui s'est toutefois dit prêt à prendre des sanctions si la responsabilité de ses socios était engagée. Du côté de l'OM, 877 supporters (sur un quota de 1 000 places) s'apprêtaient à faire le déplacement, selon le dernier point établi hier en fin de journée. Bien plus que les 146 Basques qui sont venus à Marseille, la semaine dernière. Là aussi, d'ailleurs, des échauffourées ont éclaté à proximité du rond-point du Prado. Ce qui laisse craindre un autre match retour.
Dernière réunion ce mercredi matin
Sur place, selon nos confrères, l'ambiance est lourde et le sentiment de peur bien présent. Une ultime réunion de sécurité est prévue ce matin à Bilbao entre les forces de l'ordre et les pouvoirs publics pour affiner les derniers réglages du dispositif. Il y aura de nombreux contrôles préventifs dans plusieurs endroits de la ville et devant le stade, ainsi qu'aux différents points d'accès (aéroport et postes frontières). Un cordon policier et un filtrage sont aussi prévus aux abords de San Mamés pour réduire la surface piétonne de la fameuse esplanade, propice aux affrontements, et éviter qu'elle ne soit le théâtre d'un nouveau déferlement de violence. L'affaire est prise au sérieux, à tel point que le collège qui jouxte le stade sera fermé demain !
En termes d'effectif, plus de 1 500 policiers de l'Ertzaintza, renforcés par des représentants de la police municipale, sont mobilisés pour prévenir tous débordements et des agents d'une compagnie privée sont réquisitionnés.
Dans le contexte européen actuel, après le décès du policier basque, mais aussi au lendemain des scènes hallucinantes qui se sont déroulées à Salonique (le président-propriétaire du PAOK a fait irruption sur la pelouse, flingue à la ceinture, entraînant la suspension provisoire du championnat grec) ou à Lille (envahissement du terrain et coups portés à des joueurs du Losc), et deux ans après les bagarres avec les Marseillais, Bilbao est sous haute tension.