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Pour les adversaires de l'OM, c'est l'enfer
Le puzzle a mis du temps à se former. Mais, en 2018, les Marseillais sont terriblement efficaces. Ceux qui les ont déjà affrontés à l'aller puis au retour jugent les progrès effectués. L'OM reçoit Bordeaux ce dimanche soir (21h00).
Ce n'est pas une attaque bâtie à coups de centaines de millions d'euros, composée de stars planétaires assurées de disputer la Coupe du monde en Russie. Mais elle rivalise avec les meilleures du continent, au moins du point de vue statistique, depuis le début de l'année. Avec 32 buts marqués, Dimitri Payet et ses coéquipiers affichent une efficacité redoutable. Ils frappent même à tous les coups, ou presque, et la confrontation face à Lyon (0-2, le 17 décembre 2017) s'apparente vraiment à une exception. « En vingt-cinq journées, c'est le seul match (en Championnat) au cours duquel nous n'avons pas réussi à marquer, souligne d'ailleurs Rudi Garcia, l'entraîneur marseillais. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on se procure les occasions, on est peut-être plus efficaces. Quand on est solides, quand on défend bien, c'est plus facile de gagner les matches. » Brouillons et parfois poussifs dans le jeu à l'automne 2017, ils sont devenus beaucoup plus séduisants et encore plus efficaces aussi, ce qui situe les progrès opérés.
Stéphane Bahoken est bien placé pour juger la différence de rendement des Marseillais. Avec ses coéquipiers strasbourgeois, l'attaquant alsacien avait vraiment bousculé ses adversaires à la Meinau (3-3, le 15 octobre), avant un sentiment d'impuissance tenace trois mois plus tard (0-2). « Luiz Gustavo était là cette fois, et on a vu la différence au retour, avance-t-il. Lui, c'est la rampe de lancement. Au Vélodrome, ce n'était plus la même équipe. On a senti que les Marseillais jouaient plus ensemble, leur collectif était plus huilé. »
Les automatismes sont rodés et les tâches peut-être mieux partagées aussi. C'est l'avis de Moussa Niakhaté, le défenseur messin, qui sourit : « Contre nous, lors des deux matches, ils étaient vraiment au-dessus. » Mais entre le 0-3 de l'aller et le 3-6 du retour, il a remarqué une différence : « J'ai l'impression que chacun tient bien son rôle. Il y a Germain qui fait ses appels et fait reculer les défenses, Thauvin qui élimine et rentre sur son pied gauche, et Payet, qui distribue les caviars. Il y en a un aussi dont on parle moins, c'est (Morgan) Sanson. Il vient souvent bas chercher les ballons, mais il?peut vite se projeter vers l'avant. C'est un joueur "box to box" et il n'y en a pas beaucoup des comme lui. » L'attaque marseillaise, qui reposait beaucoup sur les fulgurances de Florian Thauvin en première partie de saison, semble plus complète, et Dimitri Payet n'y est pas étranger, à écouter Julien Féret : « Avec lui, ça devient vite le bazar, il est un coup à droite, un coup à gauche, un coup dans l'axe, remarque le milieu offensif de Caen. Il est difficile à marquer et les actions partent souvent de lui, ce qu'on a tendance à oublier. »
Les statistiques du Réunionnais sont désormais plus conformes à ses qualités mais « le danger peut venir de partout, même des latéraux, qui montent beaucoup », complète Julien Féret. Et d'ajouter : « Avec le travail et les joueurs d'expérience comme Luiz Gustavo ou (Adil) Rami, l'équilibre est toujours maintenu, ce qui permet aux autres de briller. Comme ils ont beaucoup d'individualités devant, tu as l'impression qu'à tout moment les quatre ou cinq joueurs de devant peuvent marquer. Ça t'oblige à rester hyper vigilant pendant toute la durée du match, ce qui est toujours difficile. »
Chacun a pu augmenter ses statistiques personnelles durant cette période, même Kostas Mitroglou, auteur de quatre buts depuis début janvier, toutes compétitions confondues. Stéphane Bahoken encore : « Comme le coach fait beaucoup tourner, chaque attaquant peut marquer son but, ça entretient la concurrence et la confiance de tout le monde. Ça se ressent sur le terrain. » Rudi Garcia ne dit pas le contraire : « La confiance, ça change un joueur et ça change une équipe. » Il faudra aux Marseillais encore le confirmer ce soir face à Bordeaux, une équipe en plein renouveau qui avait posé de sacrées difficultés à l'OM au match aller (1-1).