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ATTENTION AU PAT' DE CÔTÉ
MOINS DE SOIXANTE-DOUZE HEURES APRÈS LE « HIGH KICK DE GUIMARAES », QUI A ENTRAÎNÉ LA MISE À PIED DE PATRICE ÉVRA, L'OM REÇOIT CAEN ET VISE LA TROISIÈME PLACE. AVANT UNE TRÊVE BIENVENUE.
Un seul être vous manque, et tout est dép… À voir ! Patrice Évra n'était pas sur la feuille de match pour les deux derniers matches de L 1 de l'OM à domicile, face à Toulouse (2-0, le 24 septembre) puis au PSG (2-2, le 22 octobre), et son équipe a présenté un visage conquérant. Exfiltré en douceur du Vélodrome par un Rudi Garcia prévenant, qui avait deviné le fossé se créant entre un compétiteur aux jambes fatiguées et un public l'ayant pris en grippe, le latéral gauche avait même évité l'enceinte le soir du Classique. Face à Caen, l'OM essayera, sans lui, de poursuivre sa solide série en Championnat (4 victoires et 2 nuls sur les 6 dernières rencontres), qui en fait un prétendant sérieux au podium.
« On reste sur une bonne dynamique, on est à un point du troisième, explique l'entraîneur marseillais. Il faut obtenir des résultats, c'est ce que j'ai toujours cherché à faire, même si c'est peut-être un peu plus difficile ici, pour toutes sortes de raisons. » Garcia a évité de parler de celui qui était son capitaine à Lille, de façon presque caricaturale : « Vous avez vu le communiqué du club, je n'ai rien d'autre à ajouter, je ne m'occupe que du sportif, et la seule incidence, c'est que je ne peux utiliser Évra ce dimanche. » À ce rythme, avec les miracles de Photoshop ou sur le modèle de la censure soviétique, le latéral disparaîtra des photos de groupe déjà prises pour le calendrier officiel. « Quand on aborde un match décisif comme celui de Guimaraes (0-1), c'est mieux de le faire dans des conditions normales, cela n'a pas été le cas, ajoute Garcia. Mais ce match contre Caen, on l'aborde dans des conditions normales, avec un Vélodrome derrière nous, et on l'a vu lors du Classique, quand il pousse derrière nous, c'est terrible pour l'adversaire. »
L'entraîneur est dans son rôle. Il a mis Évra et son vécu sous le tapis, comme Lassana Diarra avant eux, pour protéger l'intégrité de son groupe. Marcelo Bielsa, lors de son passage à l'OM, gommait les maux physiques de ses troupes à chaque conférence de presse, la fatigue existait uniquement dans les paroles des consultants, il s'agissait d'une conception de l'esprit, d'une mauvaise prophétie qui se réalisait car on l'attendrait trop. Et pour les états d'âme, cela marche aussi ? Le groupe marseillais ne s'étant séparé que vendredi à 17 heures, ils ont eu le temps d'infuser. Le coup de pied n'a pas été abordé autour du feu lors d'un conseil, mais le résultat a été le même : pas de totem d'immunité pour Évra et la mise à pied.
« Je n'aime pas porter de jugement sur qui que ce soit, ni sur ce qui s'est passé, explique Florian Thauvin. Si j'ai un mot à vous donner pour décrire l'état d'esprit du groupe après ce match et cet incident, c'est la tristesse. Je respecte énormément Pat, quelqu'un que j'aime, très important pour nous dans le vestiaire, qui m'a beaucoup apporté à titre personnel. » Morel, Gignac ou Jordan Ayew n'étant plus au club, l'international est sans doute le mieux placé pour raconter l'envers du décor marseillais, le calvaire des boucs émissaires. Bouteille de Coca reçue dans le dos en plein match, crachats qu'il a fait payer d'une balayette à la sortie du stade, concert de sifflets plutôt que de klaxons, il a tout connu, avant la rédemption : « J'ai déjà été pris pour cible par les supporters, avant, pendant une rencontre… c'est difficile à vivre, à gérer. C'est dommage, parce que l'OM et ses supporters ont une relation forte, il faut tous qu'on avance dans le même sens, qu'on ne fasse qu'un. On est là pour faire la fête ensemble au stade et pour gagner, pour se serrer les coudes dans les moments difficiles. On peut passer au match de demain, maintenant ? » Le parcours de Thauvin rappelle qu'avec l'OM, le meilleur arrive souvent après le pire, et vice versa, que le passé est rasé dans la minute. Sur la dernière décennie, on a vu cette équipe gagner trois jours après des perquisitions pour des transferts douteux, deux jours après la mise en examen d'un joueur pour agression sexuelle, quatre après que la neige fut tombée sur le Vieux-Port. Caen devrait se méfier.