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Bouna Sarr (OM) : «Je dois éviter les fautes d'attaquant»
Après deux premières saisons en pointillé, l'ancien ailier du FC Metz espère trouver de la continuité au poste de latéral droit, qu'il n'appréhende pas encore totalement.
Il se rappelle de sa signature, à l'été 2015, « comme si c'était hier ». Depuis, l'OM a connu mille vies et Bouna Sarr (25 ans) tente de se faire une place au soleil là où personne ne l'attendait.
« Aviez-vous déjà évolué latéral droit, plus jeune ?
Non, du tout. J'ai joué ailier, voire milieu axial, en numéro six, huit, dix. Tous les postes du milieu et de l'attaque sauf en pointe.
Comment s'est déclenchée cette reconversion ?
Pendant la préparation, à Saillon (Suisse), le coach me repositionne latéral droit lors des séances. Je ne comprends pas trop. Je ne fais pas la gueule mais je me pose des questions : "Que se passe-t-il ? Il ne compte pas sur moi, il ne me donne pas de raisons." Puis il finit par venir me voir : "Voilà Bouna, je te vois bien latéral droit. Tu as toutes les qualités, le coffre, les courses, la vitesse, la qualité de centre. Tu vas pouvoir m'apporter cette saison, Sakai était seul, tu vas mettre de la concurrence."
Comment avez-vous vécu la suite du mercato ?
Des amis me disent : "Ils vont sûrement recruter un latéral droit." Je vois la piste Debuchy. Après Angers (1-1, le 20 août), le premier match test où les gens pouvaient me juger sur ma reconversion - et ça ne s'était pas mal passé -, je vais voir le coach. Je veux qu'il soit clair avec moi, comme j'ai été clair avec lui. Suis-je une solution de dépannage pendant le mercato ou une alternative sur la saison ? Il me dit de ne pas se fier aux rumeurs, il compte sur moi. C'est parti.
Vous aviez une relation forte avec Passi. Et avec Garcia ?
Il y avait de l'affectif avec Franck. Le coach Garcia est juste, je ne veux pas lui demander d'être dans l'affectif s'il ne peut pas l'être. Quand je passe la porte de son bureau, je lui demande de me répondre avec franchise. Je ne le dérange pas souvent, ce n'est pas dans mon style d'aller me plaindre ou de lui en vouloir. Il y a de la clarté, je le respecte pour cela.
La reconversion est-elle complexe ?
Je dois approfondir le placement, le replacement, les courses défensives. Après, cela ne m'a jamais dérangé de défendre, c'est naturel. Albert Cartier, mon coach à Metz, m'a inculqué ça. Je dois être vigilant, prendre moins de risques.
Et doser votre engagement ?
Dans les trente derniers mètres, je ne peux pas me permettre certaines fautes. Je dois éviter les fautes d'attaquant, comme on dit ! Mieux accompagner mon vis-à-vis, l'enfermer, défendre intelligemment. J'apprends. À l'entraînement, j'observe les positions de Jordan (Amavi), de Sakai, de Pat' (Évra). Comment ils se replacent, quand ils décident de se projeter.
À Strasbourg (3-3, dimanche dernier), à la pause, vous remplacez Njie et non Sakai...
Sur les vingt premières minutes, ça m'a fait bizarre. Cela s'est ressenti, j'ai joué simple, sans prise de risques, sans perdre beaucoup de ballons. Au fil du match, j'ai retrouvé mes réflexes d'attaquant.
Vous n'avez jamais été un titulaire indiscutable à l'OM.
C'est l'intermittence, autant dans mon statut que dans mes performances. Je suis capable de faire des bons matches, des très moyens, des franchement mauvais. Je l'assume. À l'OM, la vie est un éternel recommencement. On peut faire dix beaux matches puis passer à côté d'un Classique, et on oubliera tout. Ça ne m'embête pas, parce que quand tout va bien à Marseille, tu te sens dans le meilleur club de France.
Au point d'être dans le confort ?
C'est fort possible, inconsciemment. On n'est pas à plaindre, au niveau du climat, de la ville, du club, du statut de joueur de l'OM. Tu dois te rendre compte que cela ne fait pas tout. Aujourd'hui, j'attends de pouvoir enchaîner. Je veux réussir ici, et on ne peut pas dire que c'est le cas pour l'instant. J'ai envie de prouver aux gens que je suis capable de m'imposer, même tardivement. D'autres ont mis du temps.
Comme ?
Thauvin. L'exemple que je prends auprès de mes amis. Il est parti à Newcastle, il était au fond du trou. L'image qui m'a le plus marqué, c'est à Rennes (2-5 , le 18 mars 2016). Il prend une bouteille dans le dos, ne se démonte pas, marque cinq minutes après. Quand on voit où il en est aujourd'hui, comment il est aimé des supporters... Il a beaucoup de mérite. Je le respecte encore davantage.