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CHAMPIONS PROJECT CE QU’IL FAUT CHANGER
AMBITIONS. NOUVELLE ÉQUIPE DIRIGEANTE, NOUVEAUX OBJECTIFS. MAIS, POUR LE MOMENT, L’OM SE SEMBLE PAS ENCORE EN MESURE DE LES ATTEINDRE.
LE CLUB MARSEILLAIS, QUI REÇOIT LE PARIS-SG DIMANCHE, FÊTE SON PREMIER ANNIVERSAIRE SOUS LA BANNIÈRE MCCOURT. POUR L’OCCASION,
1. DONNER DU SENS AU PROJET MCCOURT
C’est le mot de tous les poisons. Qui a enivré le peuple marseillais, toujours aussi versatile, incapable d’indulgence. Grisé certains faiseurs d’opinion prompts à sortir le sabre dès que la façade relookée à l’américaine se fendille, après deux mauvais résultats. «Champions»,voici le terme qui cristallise les espoirs déçus dans le slogan OM Champions Project choisi par Frank McCourt pour définir son horizon lors du rachat du club à l’automne dernier. Certains fantasmaient déjà la coupe aux grandes oreilles brandie dans le rond central du Vélodrome comme un certain jour de 1993. Les fous...
«Il s’agissait d’afficher une ambition, pas de certifier unevictoire en finale contre le Real ou Chelsea dans les deux ans», décrypte Lionel Maltese.De fait, le professeur en management du sport à l’université Aix-Marseille et consultant en marketing sportif n’est pas partisan de rebaptiser le projet : «C’est bien d’avoir une idée directrice et de l’afficher en toute transparence. Il y a une stratégie pour être compétitif et en finir avec la politique des coups. À Marseille,on se doit de voir les choses en grand.» Tant pis si les patronymes de Mitroglou, Abdennour et Amavi manquent de glamour alors qu’au printemps les Morata, Giroud et Mandzukic étaient considérés «OM compatibles»par les plus euphoriques.
FAIRE PLUS DE PÉDAGOGIE QUE DE COM
À coup sûr,un repreneur qui aurait parlé d’un «Sixième Place Project» aurait fini nu dans le Vieux-Port. Reste les faits, ou plutôt les montants investis cet été: une quinzaine de millions pour Mitroglou, entre six et dix pour Luiz Gustavo,Germain et Rami,un prêt pourAbdennour... loin des noms et des chiffres avancés par les clubs de haut rang, à l’image de ce Paris-SG qui amasse les postulants au Ballon d’Or FF. «OM Champions Project, c’est une formule qui flashe, constate Frank Pons, directeur de l’observatoire international en management du sport. Mais il faudrait mieux l’expliquer, histoire de faire savoir ce qui est positif. Quand les fans marseillais l’entendent, ils pensent avant tout au sportif, or cet aspect impossible à maîtriser devrait arriver dansun second temps.» Après le premier chantier que sont la professionnalisation interne, le rapprochement avec les clubs de la région et la réappropriation du Vélodrome. D’où, selon l’expert en marketing, une nécessité accrue de pédagogie: «Les dirigeants n’ont pas assezcommuniqué sur l’accord trouvé avec la Ville pour l’exploitation du stade. C’est un lieu historique! » Dont l’OM aura bientôt la jouissance, source conséquente de revenus. Un autre déficit d’explication concerne la restructuration du fonctionnement, la nomination de spécialistes aux postes clés.«Or, ça travaille bien en interne. C’est devenu quasi aussi pro qu’à Lyon ou Paris, explique Frank Pons. Mais on ne fait pas saliver les fans avec un cadre en marketing qui a une vision moderne et agressive de son métier », pourtant plus utile à terme qu’un bon milieu de terrain.
«OM CHAMPIONS PROJECT, C’EST UNEFORMULE QUI FLASHE.» FRANK PONS, SPÉCIALISTE EN MANAGEMENT DU SPORT
«MARSEILLE A PERDU DE SON PRESTIGE,MAIS RESTE UNE PLACE ATTRACTIVE.»KLAUS ALLOFS, EX-DIRECTEUR SPORTIF DUWERDER BRÊME ET DEWOLFSBURG
APPRENDRE À SE TAIRE
Frank Pons, lui aussi, s’oppose au changement de nom du projet McCourt car «ce serait faire deux pas en arrière». Il plaide pour«mieux gérer les attentes »,ce qui est délicat « avec les ultras sous les fenêtres ».Cela induit une exposition moindre des dirigeants et, surtout,un silence radio de Frank McCourt, expert en petites phrases qui excitent les fantasmeset exposent au retour de bâton. Gommer ces bévues de communication passe également par un rapprochement avec la communauté des amoureux du club, une habitude de longue date en Angleterre. Il faut labourer le terrain, dans les associations, les quartiers, les écoles,créer un lien direct pour signifier que l’OM Champions Project doit secomprendre sur deux ou trois ans,qu’une deuxième vague de recrutement va suivre, histoire de détourner le focus du prochain résultat.
«Cet OM à l’anglo-saxonne est comme une entreprise nouvelle dans son fonctionnement, dans sa recherche de ressources», précise Lionel Maltese. Rudi Garcia a pour mission de gagner du temps en maintenant l’équipe dans le top 5 de la Ligue 1. «Mais, sans l’élan provoqué par l’affichage de l’OM Champions Project,ni lui, ni Zubizarreta, ni Payet,ni Luiz Gustavo,ni Rami ne seraient venus.» En comparaison, en mai 2016, Marseille alignait Rekik, Manquillo ou Fletcher en Championnat, et Vincent Labrune s’agitait en loge officielle. Encore des arguments pourJacques-Henry Eyraud face aux piaffements des supporters phocéens. Il en aura besoin si l’équipe passe à la moulinette du Paris-SG dimanche prochain.
2. PRENDRE DES RISQUES DANS LE RECRUTEMENT
Il faut enfiler la chemise de Jacques-Henri Eyraud, Andoni Zubizarreta et Rudi Garcia et se dire que leur tâche n’est pas aisée. Rameuter Luiz Gustavo, Mandanda, Germain, Rami, Amavi, Njie ou Abdennour du côté de Marseille constitue sans aucun doute un recrutement dense et de valeur qui renforce l’équipe et donne du crédit à la Ligue 1. Sauf que,dans le même temps, le PSG signait des chèques de plus de 100M€ comme qui rigole et renvoyait l’OMà son rang de deuxième (ou troisième) couteau français.D’où l’énervement voire les hurlements des supporters qui ont lu dans le journal que Frank McCourt possédait plusieurs milliards sur ses comptes en banque et comptait bien les y laisser. «Nous ne sommes pas le Qatar», a tenu à préciser le président Eyraud. Donc, hors de question que les Ibrahimovic, Thiago Silva etThiago Motta d’aujourd’hui emménagent dans les Bouches-du-Rhône. Le nouvel OM n’a pas les moyens, ou ne souhaite pas se les donner, du Paris mode qatari qui, au bout d’une saison, avait secoué le marché des transferts. «Chez nous, le club génère de la passion mais, au niveau européen, il n’existe pas, assène l’agent de joueurs Christophe Mongai. Marseille n’a aucune chance, aucune, d’attirer des éléments de top niveau mondial, du type de ceux qui signent à Paris ou à ManchesterCity. Franchement,il faut oublier! » L’intermédiaire situe le club (73e au classement UEFA) dans une quatrième division européenne virtuelle, devancé par Naples, Séville, Benfica et Liverpool.Un constat confirmé par l’impossibilité de séduire un avant-centre de haut rang cet été. Alors, comment faire pour s’approcher de la tête du train dans cette période d’hyperinflation?
INVESTIR SUR LES BONS NOMS
«Il faut être capable d’investir au moins 100M€ à chaque mercato estival pour pouvoir exister», tranche Christophe Mongai. C’est-à-dire espérer se qualifier régulièrement en Ligue des champions. «Avoir de bonnes idées, c’est ce qui fait la qualité des dirigeants. Les meilleurs joueurs ne sont pas toujours les plus chers», nuance l’ancien attaquant de l’OM Klaus Allofs, qui a mené la politique sportive duWerder Brême(1999-2012) puis de Wolfsburg (2012-2016). Le VfL peut d’ailleurs servir de modèle à l’OM. En 2015, les Loups ont fini deuxièmes de la Bundesliga et remporté la Coupe d’Allemagne grâce aux judicieux achats de joueurs de talent en développement dont le Belge De Bruyne, le Croate Perisic et le Suisse Rodriguez, transférés depuis dans de grosses écuries. La saison suivante, le club, renforcé par Julian Draxler, a failli sortir le Real en quarts de C1.
«Marseille a perdu de son prestige mais reste une place attractive, plus que Wolfsburg et son petit stade, quand même, assure Klaus Allofs. Il y a la géographie, la passion... Aux dirigeants d’investir sur les bons noms. Il faut prendre des risques, c’est une obligation,comme mettre plus de 20 M€ sur De Bruyne à l’époque, tout en restant raisonnable. C’est la difficulté quand on veut figurer dans la cour des grands sans pouvoir se payer un Neymar.»
TROUVER UN HÉROS EMBLÉMATIQUE
L’idée de miser 100M€ sur une vedette pour marquer les esprits laisse songeur le dirigeant allemand.« Sera-t-elle à la hauteur? N’est-ce pas aller trop vite ? Il faut toujours privilégier le long terme...» Il observe que même le Bayern Munich n’a jamais sauté le pas. Christophe Mongai prolonge la stratégie en disant que « l’OM aurait tout à gagner en signant dans un premier temps les meilleurs espoirs français». Sauf que Monacoa trois temps d’avance sur le créneau.
Skoblar, Papin, Boli, Waddle, Drogba, Heinze... Le roman de l’OM est parsemé de ces héros emblématiques. La direction doit en tenir compte, miser sur des joueurs capables de gagner l’adhésion de la cité. La cession de Bafétimbi Gomis, malgré ses limites techniques et la lourdeur de ses appuis, fut une erreur. Qui, dans l’équipe actuelle, sait transcender le stade à chaque sortie? En passant du FC Barcelone à l’Olympique de Marseille, le directeur sportif, Andoni Zubizarreta, a compris sa douleur. Moins de liquidités, moins de fascination, pas de centre de formation ou presque, une cellule de recrutement en sommeil... Même constat pour Rudi Garcia. L’été prochain, ils seront jugés sur leur capacité à (re)placer l’OM en première ligne du marché des transferts.
«L’OM AURAIT TOUT À GAGNER ENSIGNANT LES MEILLEURS ESPOIRS FRANÇAIS.» CHRISTOPHE MONGAI, AGENT DE JOUEURS
3. RÉINVENTER LE LIEN AVEC LES ULTRAS
Un jeudi de rage. L’OM vient de se faire balader par Monaco (1-6) puis Rennes (1-3), alors, ce 14 septembre, lors d’une sortie en Ligue Europa, les ultras du Vélodrome hurlent à la face des pontes de l’OM: « Ici,c’est Marseille! » Ou plutôt, ils déploient des banderoles comme autant de mises en demeure : «Monsieur le président, fini les promesses mensongères et leurs explications douteuses», «Lacommunication désastreuse du président de l’OM est digne d’une marionnette en bois de Disney » ou bien «118 M€ for what? » Le stade est déserté, les groupes de supporters se mobilisent et les costumes cravates venus convertir l’OM en entreprise de sport et de spectacle comprennent que le volcan populaire peut les ensevelir à tout moment. Pourtant, seules cinq journées de Ligue 1 ont été jouées jusque-là. Et dire que l’un des piliers de l’OM Champions Project consiste à offrir «la meilleure expérience de stade possible »... Depuis, la bande de Rudi Garcia est remontée vers le haut du classement,tempérant la vox populi, le nombre d’abonnés a grimpé à 32861, mais « l’étincelle est près de la mèche, ça peut partir très vite», prévient Ludovic Lestrelin, sociologue spécialiste du supportérisme, auteur de L’autre public des matches de football (éditions EHESS) et fin connaisseur de Marseille. «Si Eyraud se coupe des groupes historiques, il est mort», poursuit-il. Son tour des popotes de chaque groupe l’hiver dernier fut apprécié, mais le manque de clinquant du recrutement, certaines prestations désastreuses et une communication tournant à vide ont mis fin à la lune de miel avec le peuple du Vélodrome. « Il est urgent d’initier un travail de fond qui n’a jamais été lancé en direction du public du Vélodrome», poursuit le chercheur. Même après la reprise de la commercialisation des abonnements des virages par le club en octobre 2015.
RENOUVELER LES REPRÉSENTANTS DE GROUPES
L’OM modèle McCourt pâtit du clientélisme installé par Bernard Tapie vers 1990, prolongé par les directions successives et qui a octroyé rentes financières et moyens de pression à certains leaders ultras. Le sociologue n’imagine pas se couper des mouvements historiques porteurs «d’une expertise dans la gestion des virages» et d’une part de l’histoire de l’OM: « Ils ont des torts mais ils sont constants alors que, depuis plus de deux décennies, ils endurent un grand n’importe quoi, à part de courtes embellies.» En vrac, deux années sous Deschamps plus les brefs passages des Drogba, Gerets et Bielsa.« Par l’ambiance qu’ils créent, ces groupes ont un rôle essentiel dans la préservation de l’image de l’OM.» Ludovic Lestrelin prône de les intégrer à «un cadre collectif d’échanges» qui mettrait à plat les rapports club-supporters. Selon lui, il serait souhaitable d’entamer«un travail de renouvellement des cadres des groupes au profit de jeunes à la démarche constructive », qui seraient les héritiers de l’influent Karim Zeroual (Winners), Michel Tonini (Yankees) ou Christian Cataldo (Dodgers). Dans ce tour de table de dix à quinze personnes, Ludovic Lestrelin suggère l’inclusion de «supporters légitimes issus de la majorité silencieuse, non encartés dans les groupes, qui apporteraient leur savoir-faire, leur CV, leurs idées, autant de gens qui n’ont pas de relais actuellement». La présence de ces fidèles issus de la société civile permettrait de contourner la captation du débat par les groupes organisés et bruyants et d’en finiravec la culture de l’arrangement permanent.
«SI EYRAUD SE COUPE DES GROUPES HISTORIQUES, IL EST MORT.» LUDOVIC LESTRELIN, SOCIOLOGUE SPÉCIALISTE DU SUPPORTÉRISME
TROUVER ET INSTALLER UN «RÉFÉRENT SUPPORTERS »
Reste l’essentiel, la nomination par l’OM d’un « référent supporters », un poste capital déjà répandu en Angleterre et en Allemagne. Il serait chargé de piloter ce tour de table,de faire jaillir les propositions et de fluidifier les relations entre les parties. Salarié du club,ce facilitateur ne devra pas être le responsable de la sécurité, plutôt une personnalité «avec les coudées franches et pouvant parler à Eyraud les yeux dans les yeux ». Chargé d’apporter de l’air frais, ce référent supporters devra se départir des typiques jeux de rôles si handicapants du village marseillais. Alors qui ? Un journaliste, un sociologue, un cadre d’entreprise ? L’OM a le devoir de trouver la personne idoine, car «un grand club n’existe pas sans un grand public », dixit Lestrelin. Ce dispositif aurait l’avantage de ne plus laisser le président Eyraud en première ligne face aux ultras, lassés de son côté beau parleur. Selon Ludovic Lestrelin, le référent supporters aurait pour mission «de ne pas perdre la vitale bataille de la passion face au PSG», dopé par l’achat du duo super sexy Mbappé-Neymar. Pour ne pas être dépendant du charisme d’un seul homme(Drogba, Bielsa...), il est souhaitable d’inventer une nouvelle voie. Pourquoi pas un modèle français de socios qui permettrait aux supporters d’entrer au capital? «C’estun axe de travail séduisant, encourage le même Lestrelin. L’OM ferait preuve d’audace en s’ouvrant à son public. Faute de rivaliser économiquement avec Paris, il se lierait à la ville», portant l’étendard du vrai club populaire du pays.
4. SE PENCHER ENFIN SUR LA FORMATION
Chaque fois, le même refrain. Un père croisé vers La Ciotat, provençal jusqu’au bout des ongles, qui ne poussera jamais son minot, superbe dribbleur, vers l’OM. Pendant des années, Omar Keddadouche, président de Vivaux-Sauvagère, à dix minutes du Vélodrome, a boudé le club phocéen, hérissé par son manque de suivi. Au printemps, le dirigeant a signé avec joie une convention avec le président Jacques-Henri Eyraud, comme une quinzaine d’homologues de l’agglomération, en charge des Caillols, du Burel, de Martigues, etc. Enfin, entre communication bien agencée et nécessité absolue, l’Olympique de Marseille se prend à tisser un réseau dans sa propre arrière-cour. Depuis dix ans, les Nasri, Ayew et Carrasso masquent à peine le néant de la formation marseillaise. L’émergence (à confirmer) de Maxime Lopez et Boubacar Kamara ne modifie pas ce constat si chétif. Alain Olio, lui, n’a guère de mal à lister les bienfaits d’un club qui sait former. Giuly, Benzema, Clerc, Balmont, Ben Arfa, Rémy, Umtiti, Plea, Martial, Ghezzal, Gonalons, Lopes, Tolisso, Lacazette... Ancien éducateur puis directeur de la pouponnière de l’Olympique Lyonnais (2001 à 2007), il en a guidé une bonne partie vers une carrière pro. L’OL vient d’ailleurs d’être désigné meilleur centre de formation du pays pour la cinquième fois d’affilée. Un club qui souhaite booster sa formation a fatalement beaucoup à retenir de ce que pense Alain Olio. «Le principe a toujours été clair: les jeunes les plus prometteurs de Rhône-Alpes doivent venir à l’OL, sans exception, définit l’actuel directeur sportif de l’AS Dakar Sacré-Coeur. La force de la formation lyonnaise, c’est son identité locale, l’amour du club des éducateurs, quasi tous d’anciens joueurs.»
«UN GRAND CLUB N’EXISTE PAS SANS UN GRAND PUBLIC.» LUDOVIC LESTRELIN, SOCIOLOGUE SPÉCIALISTE DU SUPPORTÉRISME
S’INSPIRER DE CE QUE FAIT L’OL
Depuis les pionniers Capaldini et Jacquet dans les années 70, en passant par José Broissart et Rémi Garde jusqu’à aujourd’hui, les staffs des équipes de jeunes de l’OL ont toujours été gavés d’anciens de la maison. Rien que cette saison, Cris, Garrido, Coupet, Roche, Bassila, Rousset, Fréchet, Fofana, Chavrondier... Sans parler de Bernard Lacombe, garant de l’esprit du cru. À l’OM, Jacques Abardonado entraîne les U17 et Laurent Spinosi les gardiens de la réserve. Quant à la direction du centre de formation (le vingtième en France!), elle fluctue depuis desannées,empêchant tout labourage du vivier régional, de Cannes à Perpignan en remontant jusqu’à Valence. Sur le site de l’OM est expliqué que les neuf observateursde la cellule de recrutement du centre de formation «sont conscients des difficultés de leur tâche».
L’OL a noué un lien officiel avec une trentaine de clubs de la région. Depuis quatre décennies, ses fantassins écument les tournois, les matches du mercredi, du week-end. Des millions de kilomètres, autant d’informations saisies le long des mains courantes, une omniprésence chapeautée par Alain Thiry puis, depuis 2003, Gérard Bonneau, responsable du recrutement des jeunes, à la tête d’une vingtaine de personnes dont un quart à plein temps. Alain Olio: «La détection est un travail de passionnés qui répandent l’image du club. Ils sont bien reçus partout.» Parce que les coaches des petits clubs de Haute- Loire, d’Isère ou du Rhône, et tout autant les familles, savent que la formation est une priorité du président Aulas depuis 1987, que leurs gamins auront leurchance en équipe première. Une génération de feu (Aouar, Maolida,Gouiri,Geubbels) est d’ores et déjà sur le pas de tir, d’autres apprennent le métier au sein de l’académie flambant neuve de Meyzieu.
RECRUTER UN EXPERT DE LA FORMATION
Àl’OM,rien de tout cela. Jamais sous l’ère Louis-Dreyfus un scout de l’OM n’a pu arguer d’un tel soutien venu d’en haut ni de telles installations. D’où son manque de séduction sur les stades du Varou du Vaucluse. Alain Olio explique le motus operandi qui a si bien réussi à Lyon: «Pour accepterun jeune chez nous, il fallait l’unanimité entre le recruteur qui l’avait signalé, l’éducateurde sa classe d’âge et le directeurdu centre.» D’où des discussions pointues entre techniciens aguerris et compétents qui poussent à l’excellence du choix. À l’inverse, l’OM section professionnelle ne gère pas en direct les plus jeunes catégories d’âge licenciées au club, une prérogative de l’association OM, dirigée par les dinosaures Jean-Pierre Foucault (l’animateur télé) et Robert Nazaretian. Progrès à noter, sur demande express du directeur sportif, Andoni Zubizarreta, le club devrait bientôt récupérer toutes les équipes de jeunes à partir des U12. L’amorce d’une vraie politique, enfin... Mais,comme dit Alain Olio, « installer une culture de club formateur ne se fait pas en deux-trois ans». Plus précieux qu’un buteur,un expert de la formation devra donc être recruté par les décideurs marseillais. Il existe quelque part. À l’OM de le trouver. Sous peine de compter sur le hasard pour qu’émerge, de temps à autre, un Lopez, un Nasri, des Ayew...