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OM : un projet encore loin du compte
Lancé dans l'enthousiasme général en octobre dernier, le plan de Frank McCourt fait moins rêver, aujourd'hui, à Marseille.
Quand on vous vend un alléchant « Champions Project » mais que vous avez plutôt l'impression de vivre un « Raclée Project » à chaque voyage à Louis-II, votre patience peut rapidement s'étioler et l'heure n'est plus aux transports emballés des débuts de l'ère McCourt, à Marseille. Au coeur d'un mercato logiquement scruté de près comme la première campagne de recrutement estival du nouveau propriétaire, la violente gifle assénée par des Monégasques meilleurs partout, il y a dix jours (1-6), est venue attiser l'impatience et la contrariété de supporters qui ont un peu l'impression de s'être fait berner.
Ils y avaient cru très fort, pourtant, et Frank McCourt se souvient sans doute de l'accueil chaleureux d'un Vélodrome bouillonnant, le 30 octobre dernier contre Bordeaux (0-0), pour sa première soirée au stade. À l'époque, l'Américain ne reculait pas devant les effets d'annonce et les fans de l'OM allaient voir ce qu'ils allaient voir : « Je veux une équipe qui vise le titre chaque saison », posait le boss d'entrée de jeu. Aujourd'hui, l'enthousiasme général a laissé place à un parfum de désenchantement, chez des supporters refroidis par le mercato qui s'achève et où ils n'auront pas vu débarquer la pointure annoncée en attaque. Ils s'imaginaient portés dans toutes les conquêtes par les épaules de Diego Costa ou d'Olivier Giroud, mais ils ont compris avant même la fin des opérations que le scénario ne serait pas si parfait.
Si l'OM a fini par enrôler un buteur, dont le profil technique correspond à ce qu'il recherchait, et si les statistiques de Kostas Mitroglou méritent qu'on lui accorde un minimum de crédit, le timing et la manière ont pu interpeller, en cette fin août marseillaise. Bafétimbi Gomis, un peu trop gourmand pour son âge (32 ans) aux yeux des dirigeants, est parti dès le mois de juin à Galatasaray (TUR), et son remplaçant a vraiment mis du temps à venir. L'OM a travaillé, pourtant, se lançant sur plusieurs dossiers, mais Giroud n'était pas intéressé, Bacca n'affolait pas Rudi Garcia, au contraire de Jovetic, qui a préféré jouer la Ligue des champions avec Monaco. Les derniers jours, les noms ont défilé, Aboubakar, Slimani, Moussa Dembélé, et l'ensemble ne renvoyait pas l'idée d'une immense sérénité.
Les supporters marseillais se résignent à viser le podium
L'essentiel est ailleurs, sans doute : le « 9 » est bien arrivé, parfaitement complémentaire de Valère Germain, et fort d'un bilan de 35 buts en Championnat en deux saisons avec Benfica. Dans son ensemble, le mercato marseillais est plutôt cohérent, et l'équipe type qui va disputer cette saison est objectivement plus forte que celle qui a entamé le dernier Championnat (voir page 4).
Reste le sentiment, pourtant, que l'apport d'Andoni Zubizarreta ne saute pas aux yeux, dans les noms venus renforcer l'effectif : si « l'Italien » Leonardo avait fait son marché en Serie A, à son arrivée au PSG, si Luis Campos a fait jouer ses réseaux à Monaco puis à Lille, la signature de « Zubi » est plus discrète, jusqu'ici (voir page 3). Reste, aussi, le constat d'un recrutement à l'expérience, pour des joueurs approchant la trentaine (excepté Amavi) avec qui il sera compliqué d'envisager des plus-values.
En interne, on explique que c'est un choix délibéré : s'appuyer sur des joueurs rodés, qui ne se laisseront pas impressionner par la pression et qui seront capables d'avoir des résultats rapidement, en Ligue 1. Ensuite, seulement, viendra le temps des mercatos davantage tournés vers la jeunesse et le talent, pour réussir des « coups » avec des joueurs à forte valeur ajoutée. Il faudra se montrer astucieux, alors, puisque le nouvel actionnaire a déjà dépensé 118 M€, depuis son arrivée, sur les 200 M€ sur quatre ans promis au départ.
Pendant que le PSG enflamme le marché à coup de centaines de millions d'euros, pendant que Monaco continue de remplacer les départs avec de nouvelles pépites comme si la source était intarissable, le contraste a du mal à passer, pour les supporters marseillais, qui se résignent à viser le podium. Après tout, McCourt l'avait dit lui-même, en arrivant : « Nous ne sommes pas là pour être deuxièmes. » Plutôt troisièmes, fallait-il peut-être comprendre.