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MARSEILLE – «Cette saison, elle est interminable, elle ressemble au supplice chinois, celui avec la goutte d’eau qui te tombe sur le crâne et finit par te rendre dingue.» Alors que l’heure des bilans se rapproche, ce cadre de l’OM a l’illustration raffinée. Frank McCourt, le propriétaire du club, n’avait, lui, pas les mots après la nouvelle déconvenue de son équipe face à Nantes (1-2), dimanche. Au coup de sifflet final, pendant que ses invités regagnaient les salons VIP, il est resté debout, scrutant la pelouse, mâchoire serrée, tout en rage contenue. Il a observé Lucas Ocampos ou Hiroki Sakai, épuisés et affalés sur la pelouse, la joie des Nantais, les spectateurs qui quittaient le stade dépités.
Malgré ses investissements majeurs, encore en janvier pour s’offrir Balotelli, son projet patine. Dans la journée de dimanche, il n’a pas seulement déjeuné à la Villa, dans le cossu VIIIe arrondissement, et assisté au match de la montée en D1 des Olympiennes, il a aussi tenté de titiller l’orgueil de ses joueurs, après s’être posé en hélicoptère sur le terrain du haut de la Commanderie. Avec cette phrase, entre autres: «Ne rêvez pas, même si vous voulez partir, c’est moi qui déciderai.» L’électrochoc n’a pas eu lieu, au bout d’une saison où l’OM aura presque tout essayé pour se secouer, à l’exception du changement d’entraîneur.
Plusieurs joueurs semblaient égarés après la douzième défaite en L1. Certains ricanaient de la dernière sortie de leur président, Jacques-Henri Eyraud : « Avec deux points par but depuis l’extérieur de la surface, j’ai vu le classement (voir L’Équipe de dimanche), on ne serait pas si mal...» D’autres avaient mal au cœur après une énième prestation galvaudée, se sentaient impuissants, surpris par l’intensité du marquage individuel adverse, ne s’expliquaient pas les erreurs défensives, comme sur le premier but nantais.
Des plans bouleversés en un week-end
Le coaching de Rudi Garcia déconcerte. Pourquoi se priver, à ce stade de la saison, de Maxime Lopez, après l’avoir installé pendant quinze matches d’affilée, à la suite de l’élimination (0-2) en Coupe de France face à Andrézieux (N 2), le 6 janvier ?
Surtout sur un côté droit déjà handicapé par l’absence de Florian Thauvin (cheville)... «On s’adapte beaucoup trop à l’adversaire, alors qu’à domicile, on doit imposer son style, son rythme », soupire un ancien du vestiaire. Il n’y a aucune acrimonie envers son coach, qui donne le change au quotidien, juste un immense scepticisme devant tous ces tâtonnements tactiques à la 34e journée.
Ses discours sont tout aussi sibyllins. «Notre saison, c’est ça, on a trop de défaites, déclarait Garcia dimanche soir. On n’a pratiquement pas de nuls, ou on gagne, ou on perd. Rien qu’en transformant la moitié de ces défaites en matches nuls, on serait dans la course, là où on veut être.» Par la distanciation qu’il met, Garcia rappelle Michel, qui ensevelissait les critiques sous un mépris ironique.
Subira-t-il le même sort que l’entraîneur espagnol, débarqué en avril2016? Tout autre résultat que le podium serait un échec pour lui, au regard des objectifs fixés en octobre, au moment de sa prolongation de contrat jusqu’en 2021, mais un dédommagement conséquent est prévu en cas de limogeage. Eyraud n’a cessé de défendre publiquement son entraîneur et n’a pas pris langue avec un éventuel successeur, après avoir pourtant envisagé cette hypothèse en janvier.
Hier matin, un calme plat enveloppait la Commanderie. Un décrassage habituel pour les joueurs, aucune réunion à l’ordre du jour. La direction est tombée de haut ce week-end, la victoire de Rennes en finale de la Coupe de France bouleversant tous les plans établis. Jusqu’ici, dans les sessions mercato, au moment de façonner le prochain effectif, on tablait, a minima, sur une participation à la Ligue Europa. L’OM jouant à fond la carte Garcia et le grand redressement en fin de saison, la suite n’a pas forcément été anticipée. Tout dépendra de McCourt, qui ne devrait pas trancher dans le vif avant la fin du Championnat, le 25mai.
En attendant, «il reste encore douze points à prendre», selon les mots de Garcia auprès d’un vestiaire prostré, dimanche.