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OM : quelles conséquences sans C1; Cinquième à 8 points de la dernière place qualificative pour la Ligue des champions, le club olympien est en ballottage très défavorable pour atteindre son objectif initial. Un échec qui pourrait avoir plusieurs retombées
La menace se rapproche au fil des déconvenues. Elle n'a jamais été aussi palpable. Sauf incroyable retournement de situation, l'OM verra la prochaine édition de la Ligue des champions à la télé. Une vilaine manie qui s'incruste dans les habitudes du seul club français à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles. Il n'a plus pris part au rendez-vous des géants du continent depuis la saison 2013-14 qui avait vu la bande à Élie Baup terminer la phase de groupes avec un zéro pointé, dans une poule de la "mort".
Malgré un objectif clairement affiché et des investissements consentis pour tenter d'y parvenir, aussi bien au niveau des transferts que de la masse salariale, le club olympien s'apprête à enchaîner une sixième saison sans C1. Pour quelles conséquences ?
un manque à gagnerde plusieurs millions
La Ligue Europa est mieux dotée depuis quelque temps, mais elle ne dégage pas autant de revenus que la Ligue des champions. Surtout quand, à l'instar de l'OM cette saison, on quitte la C3 lamentablement dès les poules. En l'absence de C1, le manque à gagner se calcule en millions d'euros. "Environ 50 M€, évalue Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d'économie du sport de Limoges. Une absence en Ligue des champions serait préjudiciable pour le projet." Au centre Robert Louis-Dreyfus, la calculette est sortie ; des projections du même acabit sont faites, avec une absence de revenus oscillant entre 40 à 45 M€, hors billetterie.
De quoi donner des sueurs froides à Jacques-Henri Eyraud et son nouveau directeur général Laurent Colette, arrivé cet été pour développer la marque OM, notamment à l'international, et accroître de manière substantielle les différentes ressources du club. Le tout avec une menace accrue incarnée par le fair-play financier. "C'est logique que cette pression soit là, rétorque Colette. Il faut équilibrer les comptes, contrôler les coûts et dégager plus de revenus. N'importe quelle entreprise est confrontée à la même équation."
Ce qui n'empêche pas le président olympien de se rendre souvent en Suisse pour négocier ce volet-là avec l'UEFA, extrêmement attentive à la balance recettes-dépenses. L'OM va dépasser le niveau de pertes autorisées, plombé par une masse salariale exponentielle (125 M€). Le club a clôturé le précédent exercice avec un résultat négatif de 78,5 M€, couvert par Frank McCourt. "Cette saison, l'OM perdra au moins 50 M€", devine-t-on du côté de la DNCG, le gendarme financier du foot français. "Il y a déjà eu un accord passé avec l'UEFA par rapport au fair-play financier. Sans qualification en Ligue des champions, l'OM ne pourra pas assumer un projet qui repose sur le recrutement de joueurs installés, avec des salaires qui vont de pair", prédit Christophe Lepetit.
garcia, fusible idéal ?
Nommé pour ramener l'OM au sein de la plus prestigieuse épreuve européenne, Rudi Garcia devrait de nouveau faillir à sa quête. Se relèverait-il d'un second échec, après avoir prolongé précipitamment à l'automne jusqu'en 2021 ? Au plus fort de la tempête hivernale et de la contestation des tribunes, le technicien a toujours reçu le soutien d'Eyraud. Ce dernier n'a jamais voulu entendre parler d'un limogeage prématuré. Il sermonnait tous ceux, y compris en interne, qui évoquaient cette hypothèse, même à demi-mot. Quelques semaines et de nouveaux couacs plus tard, la colère a repris de la vigueur. Certains groupes de supporters réclament plus que jamais le départ de Garcia qui a eu les mains libres pour mener à bien sa mission. Lors d'une récente interview au Dauphiné, "JHE" a entrouvert la porte à un changement à ce poste-là, ce qui coûterait au club la bagatelle de 10 M€ en indemnités de licenciement, pour Garcia et son staff.
D'autant que rien ne dit que l'OM, qui vise le podium, ne finira pas la saison encore plus bas que la cinquième place occupée actuellement. Ce serait un camouflet terrible aux répercussions sans doute profondes. Quid d'Andoni Zubizarreta ? Et d'Eyraud qui pourrait avoir à rendre des comptes à McCourt, lequel n'a d'autre ambition que de "gagner" et a déjà englouti 190 M€, jusqu'ici en vain ? "McCourt est pragmatique et changera si les résultats ne sont pas là, relève-t-on dans son entourage. Il veut encore investir. Il ne se satisfera pas de résultats qui ne sont pas ceux escomptés."
des départs inévitables
Après des investissements massifs et souvent incongrus, l'OM pourrait modifier sa stratégie si celle-ci ne porte pas ses fruits comme les résultats et la dynamique actuelle le laissent penser. La politique visant à enrôler des trentenaires à des niveaux salariaux élevés afin de gagner du temps dans le projet et redresser le club au plus vite semble appartenir au passé, l'OM étant arrivé "probablement au bout d'un cycle", ainsi que l'a maladroitement admis Eyraud.
La volonté de conserver ses meilleurs éléments pourrait aussi se fracasser sur une réalité comptable bien peu reluisante. Ces derniers, à l'image d'un Florian Thauvin (sur les tablettes de plusieurs clubs italiens et d'un allemand) ou d'un Morgan Sanson (son entourage nous a démenti une offre de 42 M€ de Wolverhampton), ne devraient pas avoir de mal à trouver preneur. La tâche s'avérera plus complexe pour les Rami, Gustavo et autres Payet si jamais ils se résignaient à changer d'air. Sauf si d'autres changements interviennent plus tôt.
La Provence