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À l'OM, Andoni Zubizarreta a beaucoup subi
En quatre saisons à l'OM, le directeur sportif, d'abord borduré par Rudi Garcia, a connu des réussites et quelques échecs mais n'a jamais vraiment imposé sa patte.
Contacté ce vendredi, Andoni Zubizarreta, qui a quitté l'OM jeudi, a refusé de s'exprimer sur son départ, tandis que pas mal de joueurs marseillais, sur les réseaux sociaux, ont salué leur ancien directeur sportif. À l'heure du bilan, on peut distinguer deux temps dans la carrière de l'ancien gardien espagnol (58 ans) à Marseille. D'abord, la période du dirigeant effacé par l'omnipotent Rudi Garcia et, cette dernière saison, celle de la complicité avec André Villas-Boas, un entraîneur qu'il a choisi l'été dernier et avec lequel il formait un tandem soudé - trio même, si l'on ajoute le discret Albert Valentin, bras droit de « Zubi » et responsable de la cellule recrutement.
Durant son mandat de quatre saisons comme directeur sportif, il y aura eu une constante, quand même : le Basque n'a jamais vraiment réussi à prendre de la hauteur ni à imposer avec force ses idées, se retrouvant toujours mêlé aux jeux de pouvoir entre les entraîneurs et son président, Jacques-Henri Eyraud. Sauvé une première fois en septembre dernier par « AVB », alors que le propriétaire Frank McCourt voulait déjà s'en séparer, Zubizarreta a été rattrapé par son mauvais bilan sur les ventes, dans un contexte économique très compliqué.
Il n'a réalisé aucune vente directe pour l'OM
« En octobre, je l'ai prévenu qu'on recruterait cet été un directeur général du football », a expliqué hier sur RMC Eyraud, qui avait déjà posé une pierre dans son jardin durant l'hiver avec la venue de Paul Aldridge, chargé de sonder le marché anglais. Sur ce marché des ventes, primordial pour le club phocéen, l'ancien dirigeant du Barça n'a pas brillé et ne s'est pas investi, laissant les agents se débrouiller ou JHE gérer les discussions, notamment lors du départ de Luiz Gustavo à Fenerbahçe l'été dernier. L'Espagnol n'a réalisé absolument aucune vente en direct et n'a pas toujours été lucide : quand Frank Anguissa a été cédé à Fulham en 2018 pour 30 M€, il préférait lui attendre un an de plus pour voir la cote du Camerounais grimper.
Sa mission, c'est vrai, n'était pas facile, avec un effectif plutôt âgé et rémunéré à prix d'or. On peut trouver les critiques injustes aussi car cette politique, impulsée d'abord par Garcia, a été longtemps validée par Eyraud, alors que Zubizarreta trouvait bien trop cher Kevin Strootman, par exemple. Mais c'était son rôle de directeur sportif, quand même, d'essayer de panacher le onze olympien avec des jeunes joueurs à fort potentiel et « Zubi », plus suiveur qu'acteur pendant quatre ans, ne s'est jamais vraiment battu pour ça, comme sur les dossiers Moussa Dembélé ou Nicolas Pépé, respectivement au Celtic et à Angers à l'époque. Lui les voulait mais pas Garcia, avec lequel les relations se sont vites détériorées et qui était affublé d'un surnom injurieux par la cellule de recrutement.
Parfois surnommé « Baloo »
Durant son passage à Marseille (2016-2019), l'actuel entraîneur de l'OL a voulu les pleins pouvoirs et il avait d'ailleurs choisi Zubizarreta, plutôt que Luis Campos, aujourd'hui à Lille, pour la personnalité moins affirmée du Basque, plus rond et plus coulant. Borduré par Garcia, le directeur sportif a eu durant cette période quand même quelques espaces de liberté, avec une belle réussite, le recrutement de Luiz Gustavo, et un flop monumental, celui de Kostas Mitroglou pour 15 M€. Le dossier maudit du « grantatakan » aura d'ailleurs pollué son passage à l'OM. Son attentisme dans celui du prometteur Isaac Lihadji (18 ans), qui va signer au LOSC, restera aussi comme une tache sur son CV.
Cette saison, il ne s'était pas beaucoup trompé, sinon, avec les arrivées de Villas-Boas, Valentin Rongier ou Alvaro Gonzalez, qui sont à mettre à son crédit. Mais, au quotidien, sa manière de travailler n'a jamais fait consensus, aussi bien en interne qu'en dehors, dans le milieu des agents ou chez les autres dirigeants. À la cantine de la Commanderie, certains fredonnaient « Il en faut peu pour être heureux » au passage de celui qui était parfois surnommé Baloo, l'ours jovial et oisif du Livre de la jungle. « Zubi », capable de s'assoupir au cours de réunions très techniques sur la création de l'OM Campus, le centre d'entraînement des équipes de jeunes, restera fier de son travail sur la formation, « sa plus belle réussite », avait-il dit dans ces colonnes la saison dernière.
Il laissera l'image d'un dirigeant débonnaire, investi par intermittence dans son travail
Pour le reste, il laissera l'image d'un dirigeant débonnaire, investi par intermittence dans son travail, un peu lent au démarrage et pas toujours joignable. Le Basque, qui n'aimait pas être dérangé le dimanche, avait ses têtes dans le milieu des agents. Il rechignait à se mêler des contours financiers et juridiques d'un deal, des détails des contrats. Il n'appelait jamais ses homologues dans les clubs, ce qui a pu créer des frictions avec Nice, Nantes ou Rennes, notamment.
Depuis plusieurs semaines, le temps s'était encore ralenti pour lui et il répétait à ceux qui l'appelaient que le club n'était pas actif sur le marché pour le moment. Et, quelque part, c'est bien son peu de goût pour l'action qui aura marqué le passage de Zubizarreta à l'OM.