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OM : le directeur sportif Andoni Zubizarreta sur la sellette
Après un mercato où son influence réelle a interrogé en interne, le directeur sportif de l'OM est dans le viseur. Des discussions ont été entamées pour son départ.
Mardi soir, dans la grisaille et sous la pluie de Dijon, Andoni Zubizarreta a pu constater que les vacances étaient finies. Parti se ressourcer une quinzaine de jours au lendemain du mercato estival, le directeur sportif de l'OM a repris le travail par un triste match nul en Bourgogne (0-0) et il semblait bien seul, ce soir-là, dans la modeste tribune du stade Gaston-Gérard, en l'absence du président Jacques-Henri Eyraud, qui n'avait pas fait le déplacement. Ce n'était pas que la photographie d'un instant, d'ailleurs : le Basque apparaît de plus en plus isolé, au club, où la question de son avenir est posée.
Ces derniers jours, des discussions ont été entamées avec l'Espagnol, directeur sportif depuis octobre 2016, pour évoquer les modalités d'un départ. La décision vient de très haut, ou de très à l'ouest, plutôt : de l'autre côté de l'Atlantique, plus précisément, où Frank McCourt, propriétaire du club, a ses bureaux et sa garde rapprochée. Parmi elle, Jeff Ingram, vice-président de McCourt Global, n'est pas le moins influent et ce n'était sans doute pas seulement pour tenir compagnie au patron qu'Ingram a fait le voyage en France avec McCourt, il y a deux semaines, pour assister à Monaco-OM (3-4, le 15 septembre) puis pour l'accompagner à quelques réunions de travail.
Du côté de la Commanderie, l'impression est diffuse d'une reprise en main de la part de McCourt, pas forcément enthousiasmé par le bilan du mercato. « Frank n'a pas l'intention de s'en aller, et il n'a pas l'intention de se séparer de Jacques-Henri Eyraud », tranche-t-on du côté d'Image 7, qui gère la communication de l'Américain. Mais si le président n'est pas menacé, le directeur sportif semble avoir épuisé son crédit auprès de l'actionnaire, qui a froidement constaté que les objectifs n'avaient pas été atteints lors du mercato estival, notamment en matière de ventes. Débarrasser les finances du club de certains gros salaires pour alléger les dépenses : c'était la mission confiée à « Zubi », dont les salariés apprécient la sympathie et la rondeur, mais dont l'efficacité réelle comme patron du sportif n'a cessé d'interroger, depuis son arrivée en Provence.
Ses bonnes relations avec Villas-Boas, un atout
Jusqu'au mois de mai, Zubizarreta avait un paravent en la personne de Rudi Garcia : l'ancien entraîneur de la Roma aime avoir la main sur le recrutement et il ne s'en est pas privé pendant son passage à l'OM. Mais Garcia est parti et Zubi s'est retrouvé en première ligne : on guettait ses réseaux, cette fois, pour les arrivées comme pour les départs, priorités du patron. Il a initié la venue d'Alvaro, qui collabore avec Promoesport, où a travaillé son fidèle bras droit, Albert Valentin, et qui représente aujourd'hui deux fils de ce dernier, footballeurs. Reproché à Garcia avec l'arrivée de Grégory Sertic (qui partageait les mêmes agents que l'entraîneur), ce mélange des genres a fait parler en interne. Il a choisi Valentin Rongier, dont il apprécie le profil depuis longtemps, mais n'a pas mené les négociations avec Nantes. Il n'est pas intervenu dans le dossier Benedetto, ni dans la vente de Luiz Gustavo à Fenerbahçe. Et il a souvent laissé le volet contractuel et juridique, extrêmement fastidieux, à Eyraud et Alexandre Mialhe, le directeur juridique du club. Début septembre, ce dernier, très fatigué, a pris deux mois de congés sans solde.
Face à ces retours incessants sur le rôle très discret du Basque dans les dossiers importants, McCourt a donc décidé d'agir. Zubi peut-il encore sauver sa peau ? Ce n'est vraiment pas la tendance, même si ses relations avec André Villas-Boas sont un atout dans sa manche. L'entraîneur portugais ne l'a jamais caché : il est venu à l'OM, aussi, par amitié pour l'Espagnol et pour Valentin. « Ils sont mes amis depuis plusieurs années, cela m'a influencé dans ma décision de venir », disait AVB dans ces colonnes, lors de sa première interview comme coach de l'OM fin juillet. Pas sûr que ces bonnes relations suffisent pour Zubi, qui semble plus détaché ces derniers jours. Il ne répond plus aussi rapidement aux messages des agents, se montre évasif sur les dossiers en cours, et il apparaît moins jovial aux habitués de la Commanderie. Le Basque, qui a été prolongé en même temps que Garcia jusqu'en 2021, à l'automne dernier, pourrait finalement lui emboîter le pas.