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OM : mercato, centre de formation... Zubizarreta au centre du jeu
Depuis le départ de Garcia, le directeur sportif de l'OM se retrouve en première ligne sur tous les dossiers sportifs
Ce jour-là, il s'en est sorti par un éclat de rire gêné traduisant sa volonté de ne pas trop en dire. Une marque de fabrique chez Andoni Zubizarreta qui cultive l'art de la discrétion. Volontiers volubile, d'abord facile et agréable, le directeur sportif de l'OM prend toujours le soin de ne pas trop en dire sur les dossiers en cours, voire sur ceux qui pourraient redevenir d'actualité, qu'ils concernent le mercato ou le centre de formation, deux de ses principales attributions. Car depuis l'éviction d'un Rudi Garcia omnipotent pendant son règne, il se retrouve en première ligne et peut impulser la politique sportive qu'il souhaite.
Jusqu'ici, l'ancien entraîneur de l'OM, nommé avant lui en octobre 2016 et qui avait bloqué la candidature de Luis Campos craignant qu'il ne lui fasse trop d'ombre, avait fait barrage à plusieurs propositions émanant de l'Espagnol, principalement dans le choix des joueurs. Ce dernier s'est toujours effacé au profit de l'intérêt collectif. "Il n'avait pas les clés, ne décidait de rien et n'avait que peu de pouvoir", rappelle-t-on au centre Robert Louis-Dreyfus. "Je n'ai jamais pris un joueur que l'entraîneur ne voulait pas. Et je ne le ferai jamais", nous confiait "Zubi" dans un entretien publié le 3 octobre dernier lorsque nous l'avions interrogé sur le poids de Garcia dans les décisions liées au mercato.
Un temps révolu pour l'ancien dirigeant de Bilbao et du Barça. Lequel a pris une part déterminante dans la venue d'André Villas-Boas. Un dossier réglé rapidement, six jours seulement après l'officialisation du départ de Garcia, avec un but bien précis : éviter que d'autres escouades continentales plus huppées se réveillent et approchent le Portugais. Il a fini par enlever le morceau et les deux hommes sont en contacts réguliers, notamment sur le recrutement qui voit "AVB" poser régulièrement des questions sur les différents profils étudiés. Alors que les moyens promettent d'être réduits et même si la liste des recrues potentielles a été établie depuis plusieurs jours, Zubizarreta, désormais au centre du jeu, est attendu au tournant sur ce volet. Si les supporters et certains dirigeants s'inquiètent de la tournure que prend le mercato, lui demeure flegmatique, impassible et optimiste. Les ventes ne démarrent pas ? Il répond que sept joueurs s'en sont allés, ce qui n'est pas rien pour un effectif peuplé de vingt-neuf éléments. Le besoin de vendre pourrait-il faire baisser le prix des candidats au départ ? Non, il ne nourrit aucune inquiétude à ce sujet-là.
Le recrutement patine dangereusement ? Il rétorque que le marché demeure bloqué quasiment de partout et que les Anglais n'ont pas encore lancé les grandes manoeuvres.
"C'est maintenant qu'on va voir ce que vaut son carnet d'adresses"
Apprécié pour son côté humain ("Il comprend les choses", relève un agent dont le poulain rencontre des problèmes), il se montre vigilant face aux innombrables sollicitations des agents, s'amusant presque des rumeurs que lui prêtent les médias. Avant d'avancer sur un dossier, il veut être sûr que son interlocuteur dispose des documents idoines, histoire de ne pas perdre de temps, lui qui est accroché à son smartphone.
Évidemment, il ne compte pas que des amis. En privé, des reproches lui sont formulés. Certains lui reprochent sa méconnaissance du marché français, la difficulté à le joindre ou sa lenteur dans les négociations, y compris dans des dossiers plutôt simples. D'autres s'interrogent sur sa capacité à mener un mercato dans un club comme l'OM aux moyens limités. Pape Diouf s'en était fait l'écho en début d'année : "À Marseille, on a besoin d'un directeur sportif qui sillonne les stades, qui ne joue pas avec un carnet de chèques. Or qu'on le veuille ou non, Zubizarreta a toujours joué du carnet de chèques, avec, sans doute, une connaissance approfondie du sujet. Mais à l'OM, on n'a malheureusement pas de carnet de chèques à lui donner pour qu'il nous sorte les joueurs voulus", posait-il sur RMC Sport.
Le dirigeant marseillais s'appuie plutôt sur un réseau international bâti au fil de ses expériences précédentes. "C'est maintenant qu'on va voir ce que vaut son carnet d'adresses", indique un agent ayant ses entrées à La Commanderie. Aujourd'hui, Andoni Zubizarreta se trouve au pied d'un défi majuscule qui en dira beaucoup sur sa capacité à endosser ce rôle-là, dans un club comme l'OM.