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OM : Andoni Zubizarreta en première ligne après l'arrivée d'André Villas-Boas
Le 29/05/2019, mis à jour le 29/05/2019 à 01:10
Mélisande Gomez (avec Ba. C.)
Dans l'ombre de Rudi Garcia, le directeur sportif de l'OM Andoni Zubizarreta est passé en première ligne et il aura un réel pouvoir, désormais.
Il est assez rare, pour un directeur sportif, d'être en poste depuis deux ans et demi sans que personne ne puisse vraiment faire un bilan de son activité. Mais il en va ainsi d'Andoni Zubizarreta à Marseille. Ceux qui le côtoient décrivent un homme affable, sympathique, élégant, qui connaît son sport et son milieu. Tous saluent son implication dans la politique de formation du club. Mais ils s'interrogent souvent, aussi, sur son influence et son réseau. Et ils ne s'aventurent pas à juger son travail dans le recrutement puisque, en fait, ce n'est pas vraiment lui qui l'a fait.
Resté dans l'ombre de Rudi Garcia depuis son arrivée en Provence en octobre 2016, le Basque voit son heure sonner, aujourd'hui, et la signature d'André Villas-Boas, mardi après-midi, l'a d'un coup placé au centre de la scène. Si Jacques-Henri Eyraud, président de l'OM, et Frank McCourt, propriétaire du club, ont évidemment eu leur mot à dire, s'ils ont tous deux rencontré l'entraîneur pendant les discussions, le choix du Portugais est d'abord celui de «Zubi». Il y a plusieurs semaines déjà, alors que l'équipe est embourbée dans une saison pénible et que Rudi Garcia semble à court de ressorts avec son groupe, le directeur sportif établit une liste de successeurs potentiels sur le banc. En tête de cette liste, figure André Villas-Boas.
«C'était vraiment son premier choix», glisse-t-on au club. Les deux hommes n'ont jamais travaillé ensemble, mais ils se sont rencontrés au printemps 2012, à Barcelone. Le premier venait d'être limogé de Chelsea, et voulait voir de plus près comment travaillait le modèle, Pep Guardiola, entraîneur du Barça. Le second était directeur sportif du club catalan. Villas-Boas était resté une quinzaine de jours et le courant était passé. Les idées convergeaient autour d'une même philosophie de jeu, tournée vers l'offensive quel que soit l'adversaire.
Il avait pensé à Villas-Boas pour le Barça
Alors, en juillet 2013, quand le Barça se cherche un entraîneur pour succéder à Tito Vilanova, Zubizarreta pense au Portugais. Finalement, l'élu sera l'Argentin Gerardo Martino. Mais Zubi, depuis, a gardé «AVB» dans un coin de sa tête. Pour la première fois depuis son arrivée à l'OM, son choix a donc été suivi. Parce que Jacques-Henri Eyraud a été séduit par le profil du Portugais, mais aussi parce que l'expérience Rudi Garcia a fait réfléchir.
Pour satisfaire leur ex-entraîneur, les dirigeants marseillais ont recruté Kevin Strootman, Adil Rami ou Dimitri Payet. Garcia est parti, les joueurs sont toujours là, et c'est la limite du système, quand le coach fait le mercato. Le directeur sportif doit voir plus loin, et ce sera la mission de Zubizarreta. Au club, on espère que les décisions de recrutement seront davantage partagées et il y a bon espoir d'y arriver : choisi par le Basque, Villas-Boas devrait pouvoir s'entendre avec lui.
Le départ de Garcia et la nomination de Villas-Boas envoient donc l'ancien gardien international en première ligne. Cette fois, il ne pourra plus se retrancher derrière l'influence d'un homme qu'il n'a pas choisi. Son avis pesait peu : il n'était pas favorable au retour de Payet, en tout cas à ce prix-là (30 M€), il n'aurait pas recruté Strootman ni vendu Zambo Anguissa (Fulham), par exemple.
Décisif pour faire venir Luiz Gustavo et... Mitroglou
Désormais, il sera entendu. En interne, on assure que son avenir au club n'a jamais été remis en question, malgré les résultats décevants de cette saison, et malgré l'intérêt d'Arsenal, qui se cherche un directeur sportif. Toujours défendu fermement par Jacques-Henri Eyraud dès que les critiques s'éveillaient, l'Espagnol peut se targuer de son rôle décisif dans la venue de Luiz Gustavo, mais il a aussi travaillé sur celle de Kostas Mitroglou, ce qui compense.
Il sera guetté au tournant de ce marché estival, où l'OM doit alléger sa masse salariale tout en renforçant son effectif, ce qui n'est pas évident. Aidé de son fidèle bras droit et chef de la cellule de recrutement, Albert Valentin, il travaille depuis plusieurs mois sur la question. Il est confiant quant à l'utilisation des jeunes par Villas-Boas. Il cible des joueurs en devenir ou des bonnes affaires, et il regarde souvent vers l'Espagne, où il a un joli carnet d'adresses. Il a trois mois pour remodeler un effectif en manque de souffle, pour activer ses réseaux et façonner une équipe selon ses idées. Ce n'est pas forcément ce qu'il préfère mais c'est inévitable : les projecteurs comme les critiques, le voilà exposé à tous les feux.
l’Equipe