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Proche de Frank McCourt, l'avocat vauclusien de 48 ans, ancien conseiller de Laure Manaudou, a joué un rôle déterminant dans la vente du club à l'Américain. Dont il reste proche et qu'il continue d'aiguiller sur certaines questions stratégiques
Il se tient loin en retrait, tapi dans l'ombre, derrière Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud, figures de proue médiatiques du nouvel OM. Didier Poulmaire n'en demeure pas moins incontournable. Cet avocat de 48 ans, né à Toulon et qui a grandi dans le Vaucluse, a été décisif dans la vente du club à l'homme d'affaires américain. S'il n'a aucun rôle dans l'organigramme olympien, il a l'oreille de McCourt qu'il conseille sur ses investissements et, donc, sur l'OM. L'ex-avocat de Laure Manaudou, Amélie Mauresmo ou Yoann Gourcuff a pris le temps de se dévoiler - quelque peu - la semaine passée, à la veille d'un rendez-vous avec "JHE". Il en a profité pour nous éclairer sur le rôle qu'il tient vraiment, n'hésitant pas à tordre le cou à certaines rumeurs. Soucieux du détail, charmeur, celui qui oeuvre également pour le Massilia Hockey Club (Division 2) et la Sosh Freestyle Cup pèse chacun de ses mots. Mais, alors qu'il va bientôt prendre un pied à terre en terre phocéenne ("Je ne veux pas être vu comme un avocat parisien que je ne suis pas"), il est déterminé à appliquer ses idées.
Quand avez-vous commencé à travailler sur la reprise de l'OM avec McCourt ?
Didier Poulmaire : J'ai rencontré Frank en marge du Grand prix de formule 1 de Monaco, il y a quatre ans. On a sympathisé, beaucoup parlé de sport. Puis on a continué à échanger, notamment sur le sport européen car il n'en avait pas une connaissance très fine. Il venait de vendre son club de base-ball (Los Angeles Dodgers) et s'interrogeait sur le type de challenge sur lequel il pourrait aller. On a parlé de football et d'autres choses. Puis je l'ai accompagné quand il a investi dans le jumping. Je l'ai rapproché de Jan Tops, créateur du Longines Global Champions Tour. Frank est devenu co-actionnaire et copropriétaire de ce circuit. Puis il avait envie que je lui fasse remonter des opportunités d'investissement dans le sport. On a commencé à parler de l'OM il y a deux ans, à mon mariage aux Baux-de-Provence. J'ai observé l'évolution du club, jusqu'au moment où ça a été ouvert.
Que représente l'OM pour vous ?
Difficile de répondre car, dans ma tête, cohabitent le simple spectateur et le professionnel. Comme spectateur, c'est un club mythique. En 93, j'avais 25 ans, c'était un moment assez incroyable. Ce club rayonne tellement. Ça a toujours été un vrai centre d'intérêt. Le professionnel, lui, a regardé l'évolution du club avec un regard différent. Je sentais qu'une page allait se tourner. Si j'avais la possibilité qu'elle se tourne dans le bon sens, j'avais très envie d'en faire partie.
On vous a vu dans le virage Nord contre Bordeaux...
Une des grandes forces d'un club, c'est son public. On nous bassine avec la Premier League. Quand vous allez dans un stade, vous vivez une expérience incroyable de ferveur. Cet engouement populaire a séduit Frank, moi aussi. Le dire est une chose, le vivre en est une autre. Comme un geste symbolique, j'étais dans le virage Nord contre Toulouse, lors du premier match. On était alors en pleines discussions. Ce n'est pas dans une tribune présidentielle ou un salon VIP qu'on ressent un club. Je suis un citoyen comme les autres. Mon métier m'a conduit à découvrir une tribune présidentielle ou une loge, mais quand je veux montrer à mes fils une ambiance dans un stade, je ne les mène pas en loges. Ils ne vont pas vibrer comme on peut le faire en tribunes. Contre Toulouse, j'étais avec mon fils cadet, Romain. Quand on est arrivé, il y avait une file d'attente de presque trois-quarts d'heure. On a réussi à se procurer des places en virage Nord. C'était une belle expérience, c'est là que ça se passe. C'était important de ressentir cette ferveur incroyable. Ce n'est pas parce qu'on a fait l'opération, que je peux avoir le bon badge que je n'ai pas envie de sentir ça. La dernière fois, ils m'ont fait accompagner par un gars avec une chasuble. On le voyait beaucoup ! La puissance du sport vient de l'émotion qui se passe sur le terrain et est ressentie en tribunes.
Beaucoup, de Vincent Labrune à Igor Levin, ne vous ont pas pris au sérieux quand vous vous êtes attaqué au dossier...
Un jour, ma mère m'a appelé : "Didier, un garçon a été terrible avec toi. Il s'appelle (Raymond) Domenech. Il a dit que tu avais parlé de l'OM juste pour te faire mousser." Ce qui me choque dans ce qu'est devenu le sport, c'est que des gens ont des opinions sans même vérifier. C'est dommage que des comportements irrationnels soient générés. Il suffisait de m'appeler. Je ne cherche pas à me faire mousser, ni à me faire de la pub, je fais juste mon travail. Avec l'OM, je n'ai pas l'impression d'avoir fait quelque chose d'exceptionnel. Quand j'aide les gens du hockey ici ou de la Sosh, c'est aussi important. Un jour, j'ai pris un avion à l'arrache pour aller voir un match de hockey, alors que je venais de clôturer l'opération OM. L'échelle de valeur n'est ni celle de l'argent, ni celle des enjeux. L'argent est un élément important de l'appréciation des enjeux, mais il ne m'a jamais guidé. Quand j'ai commencé à travailler avec Laure Manaudou, elle gagnait 200 euros par mois. L'envie, et penser qu'on peut aider et apporter quelque chose me guident.
Levin ne vous répondait pas, non ?
(Il souffle) Ça a été des process compliqués. Je suis soumis au secret professionnel, je n'ai pas à les commenter. Finalement on y est arrivé et je me suis plutôt très bien entendu avec lui.
Avez-vous compris la méfiance, voire la défiance à votre endroit concernant l'OM ?
Je fais avec. Le sport m'a appris que la médiatisation déforme beaucoup de choses. Je trace ma route sans accorder beaucoup d'importance à ce qui se passe autour. Je suis mon destin.
À quel moment acquérir l'OM a été une évidence pour McCourt ?
Quand j'ai eu le feu vert de Frank pour avancer, me connaissant et le connaissant, j'étais très confiant sur le fait qu'on pouvait y arriver. J'ai toujours été très confiant, même s'il y a eu des moments chauds. Je voyais des choses s'agiter dans les médias ; nous, on a pris comme stratégie de ne pas apparaître. En sport, il faut faire les choses le plus discrètement possible. Une de mes signatures, c'est le respect de la confidentialité, un élément d'efficacité.
Les fuites sur d'autres dossiers vous ont-elles conforté ?
Je ne tire pas de conclusion sur ce que font les autres. Je suis comme le nageur d'un 100 mètres. Il faut rester dans sa ligne d'eau et tout donner. Je constatais le décalage entre ce qui sortait et ce que je vivais. Et on avait une très bonne équipe. Frank a cette capacité de réunir des professionnels très complémentaires. Quand on s'est associé ensuite avec Jacques-Henri, c'était encore plus fort. Un bon travail d'équipe.
Qu'est-ce qui vous lie à McCourt ?
On a construit une relation humaine, de confiance, basée sur le professionnalisme. On fait les choses car on y croit, pas parce qu'on est amis. On ne passe pas notre vie ensemble. Je me tiens aux lignes directrices définies, je vais là où il a envie que je l'amène.
Pourquoi un homme d'affaires américain a-t-il racheté l'OM ?
Le soir de la signature, on a dîné ensemble. Il m'a redit qu'il voulait gagner...
Il pourrait le faire ailleurs...
Oui, mais il a cette histoire affective avec la ville, son père a débarqué ici avant de remonter vers l'Allemagne. Il apprécie la France, trouve dans la ferveur populaire des analogies avec ce qu'il a connu aux États-Unis. Ça l'a vraiment séduit. Pendant l'Euro, on est venu deux fois. Il sentait le Vélodrome vibrer.
Mais ce n'était pas l'OM qui jouait...
Il pouvait tout de même se rendre compte de ce qu'était le Vélodrome qui vibrait. Avant tout, il veut gagner. Il croit dans Marseille, dans le football. Il aime s'inscrire dans une histoire qui est déjà belle. Le challenge, soit remettre cette équipe au plus haut niveau, lui plaît. C'est un vrai compétiteur.
Mais pas un mécène...
Il a bien étudié le modèle économique du sport français. Il sait qu'il y a un aléa, que ce n'est pas le business le plus sûr au monde. Il y va en toute connaissance de cause. Il faut essayer de guider le club dans la bonne direction. Il ne cherche ni à gagner ni à perdre de l'argent. Il connaît les enjeux autour du modèle économique du football français. Il a peut-être l'envie de contribuer à son évolution.
Quels conseils lui prodiguez-vous ?
Frank vient d'un pays où l'argent s'investit mais où les règles sont claires et contrôlées. Aux États-Unis, le sport est un vrai secteur économique traité comme tel. Chacun est à sa place, a son rôle. Sportifs et propriétaires de franchises sont contents, ils gagnent bien leur vie. Ce pays a bien réussi dans la structuration d'un spectacle, est tourné vers les gens, Frank et Jacques-Henri l'ont beaucoup dit.
Le peuple marseillais, les supporters, l'ambiance dans le stade, la capacité d'attraction, ici, en France et au-delà de nos frontières ont été un élément déterminant. Ça me plaît beaucoup car le sport ne fait du sens que s'il régale les foules, si les gens sont contents d'aller au stade et en ont pour leur argent. J'ai été très content de voir les premiers gestes pour faciliter l'accès au stade. C'est un signal fort.
Vous êtes persuadé que l'OM va de nouveau obtenir des résultats. D'où vient cette conviction ?
Un club reste une entreprise, le sport un spectacle. Si on se comporte en professionnels, si les gens font leur métier comme ils doivent le faire, si on est rationnels dans l'approche et pas là pour se faire plaisir ou rêver, il n'y a pas de raisons que ça ne marche pas.
Gérer de manière rationnelle, ça signifie quoi ?
Ça veut dire mettre en place des professionnels qui peuvent conduire l'actionnaire à aller dans une direction et prendre des décisions réfléchies en fonction des enjeux et des objectifs. Quand on gère un club de football, on fait un business plan étudié par la DNCG. Je fais confiance à Frank et Jacques-Henri pour gérer ça de manière rationnelle. Jacques-Henri est un entrepreneur qui a géré des groupes. Le club est entre de bonnes mains pour éviter de tels dérapages.
Pourquoi n'apparaissez-vous pas dans l'organigramme du club ?
Je ne peux pas exercer mon métier dans un club. Je fais beaucoup le lien entre des investisseurs ou des annonceurs, et des ayants droit. Il y a encore beaucoup de chantiers à mener. J'aime beaucoup l'aventure de l'OM. J'ai envie que ça réussisse. Je me suis mis à la disposition de Frank et à celle de Jacques-Henri pour apporter une valeur ajoutée dans mes domaines d'expertise. Je ne vais pas choisir les futurs joueurs. Je ne me mêle jamais du sportif. On m'a parfois prêté des choses... Je reste à mon niveau. Je peux avoir un avis mais je me garde de le donner.
C'est peut-être parce que vous avez monté la société 3A et réalisé des transferts...
Je n'y suis pas resté très longtemps. Le domaine sportif doit être géré par des gens dont c'est le métier, qui ont une expertise, une légitimité. Mon avis doit rester en famille. Le sport français a besoin de professionnels et d'une répartition claire entre ceux dont le métier est de comprendre, d'analyser et de gérer le sportif, et ceux qui doivent comprendre, analyser et gérer l'extra-sportif. Je me situe clairement dans la dimension extra-sportive.
McCourt vous a-t-il tout de même proposé un rôle opérationnel à l'OM ?
Non. Les sujets sur lesquels il souhaite que je le conseille ont une influence sur l'évolution du club. Je ne suis pas dedans, mais je ne suis pas complètement à l'extérieur non plus. Frank et Jacques-Henri peuvent prendre des décisions qui pourraient être prises sur la base de conseils ou de préconisations que j'aurais faites.
Concrètement, comment définissez-vous votre rôle ?
Je suis un conseil stratégique sur des questions comme l'avenir du club. Mais aussi la manière dont on pense impliquer le public marseillais. Ce sont des sujets passionnants sur lesquels je travaille déjà. Quand je vais en virage, je me dis que je sers les gens à côté de moi, des familles, des enfants. J'ai besoin de sentir ça.
Quelles sont vos relations avec Eyraud ?
Elles sont très bonnes. On travaille intelligemment, la répartition des rôles est claire. On a mené l'opération d'acquisition en bonne intelligence. Je me mets à disposition de Jacques-Henri par ma connaissance du sport et certaines questions réglementaires, juridiques liées au sport. On a cerné un certain nombre de sujets sur lesquels je peux l'accompagner.##Et_#AUSSI_1_#
L'absence d'expérience d'Eyraud dans le monde du sport peut-elle lui porter préjudice ?
Je ne pense pas. Avoir des personnes extérieures, qui viennent avec leur bagage et un regard neuf, est une bonne chose. Aujourd'hui, le président d'un club dirige une entreprise. Quand vous recevez 50 000 personnes dans un stade, ça commence à devenir un spectacle important. J'ai milité en ce sens. Le sport est un peu trop consanguin, il y a toujours les mêmes personnes. Avoir des gens qui ont réussi dans leur secteur est une vraie richesse. Jacques-Henri a eu l'intelligence de bien s'entourer rapidement, avec un entraîneur du calibre de Rudi Garcia et un directeur sportif comme (Andoni) Zubizarreta. Il a initié la structuration d'un entourage de qualité.
Êtes-vous intervenu, de près ou de loin, sur ces deux arrivées ?
On m'a associé à certaines discussions. J'ai regardé les aspects contractuels. Mais pas sur les choix ou la manière de travailler. Je n'ai rien initié.##Et_#AUSSI_2_#
Dans l'entourage de Luis Campos, on vous met sur le dos l'échec des négociations...
J'ai été assez surpris de lire ça. Comme j'ai vu Rudi Garcia, je l'ai vu aussi. Je ne vois pas d'où ça sort. Il n'y avait aucun signe. Parfois, vous pouvez avoir des moments de tension au cours d'une réunion ou des désaccords. Là, il n'y a rien eu de tout ça.
Vous étiez persuadé qu'il fallait un entraîneur français...
Je ne sais pas non plus d'où ça sort. Je ne suis pas un nationaliste convaincu qui défend le made in France à tout prix. J'étais, en revanche, agréablement surpris d'accueillir quelqu'un comme Rudi Garcia. Son arrivée est un signe de la confiance qu'il a dans le projet.
Quelles sont vos idées pour l'OM ?
Les vrais actifs restent les athlètes. Les clubs doivent réfléchir à la manière de les valoriser. Les pays anglo-saxons, qui m'ont influencé, ont réussi à associer les sportifs à l'évolution de leur sport. Ils leur ont fait prendre conscience qu'ils devaient participer à ce développement. En NBA, les basketteurs participent beaucoup à la promotion de leur sport. Un sujet me tient à coeur et il y a des choses intéressantes à faire : c'est l'image collective des joueurs. Un club est une communauté d'individus, avec leur richesse, leur caractère, leurs particularités, leurs rêves. Il faut montrer en images la force du collectif, le mettre en évidence. Il y a un vrai potentiel à exploiter pour que le grand public, les médias et les annonceurs voient la force de ce collectif. Dans les clubs, on a tendance à se focaliser sur la star, l'avant-centre qui marque. Un club a à gagner à montrer la richesse de son groupe et la diversité des personnalités.
Laure Manaudou et le sport moderne
Quels souvenirs gardez-vous de votre collaboration avec Laure Manaudou ?
Didier Poulmaire : Question difficile. Ça s'est déroulé de 2004 à 2014. D'abord, et même si j'avais eu Amélie Mauresmo avant, c'était la fierté de travailler avec une grande championne. Laure a beaucoup de talent, elle était championne olympique. Avec elle et Philippe Lucas, j'ai vécu de très grands moments sportifs. Dans mon travail, j'ai obtenu de belles satisfactions et des choses plus compliquées à gérer. Cette expérience m'a renforcé dans la perception de ce que devenait le sport, sur l'importance de l'image, tout ce qui se passe autour des athlètes, sur la difficulté à gérer tout ce qu'il y a autour du sport quand on n'y est pas forcément préparé. Dans les centres de formation, on n'explique pas trop ce qu'est devenu le sport moderne, avec ses enjeux médiatiques, économiques, les relations avec les agents...
Avez-vous des regrets sur cette collaboration ?
Aucun. J'ai pris conscience qu'une des fragilités du sport moderne, c'est la difficulté de bien structurer la relation entre l'entraîneur et le sportif. En cas de victoire, le sportif en retire beaucoup, y compris sur le plan économique. Pour l'entraîneur, c'est plus compliqué, c'est un peu le laissé pour compte. Je pense à Marie-Jo Pérec, Renaud Lavillenie. On peut quitter son entraîneur, mais le faire bien. J'ai vu l'ingratitude de ce métier. Les entraîneurs sont des maillons essentiels du succès mais ne sont pas toujours traités à la hauteur des efforts qu'ils fournissent et de leurs sacrifices pour faire naître des champions.
Que préconiseriez-vous pour y remédier ?
L'argent dans le sport doit être réfléchi différemment. Il s'injecte massivement et crée des situations complexes auxquelles les acteurs ne sont pas toujours bien préparés. Il faudrait mieux gérer ces flux financiers, peut-être que les athlètes ne reçoivent pas tout d'un coup, qu'il y ait des mécanismes protecteurs. Pas seulement pour éviter qu'ils se fassent escroquer mais aussi pour les protéger d'eux-mêmes. Il y a une vraie réflexion à mener sur leur encadrement et leur protection, outre le fait qu'ils peuvent parfois se faire agresser dans la rue. On peut faire évoluer les choses.
Quelles sont vos convictions ?
Il faut réfléchir à la manière d'injecter l'argent. Ceux qui investissent veulent s'assurer que le contexte est sain, contrôlé, que les risques de dérapages sont limités. Le sport est un secteur jeune, en plein développement. C'est le bon moment d'appliquer de bonnes règles du jeu.
"Montrer au public qu'on va se servir de sa force"
La problématique des supporters occupe les journées de Didier Poulmaire. Celui-ci est déjà à pied d'oeuvre et a présenté certains points à Jacques-Henri Eyraud, jeudi dernier. "On aimerait faire en sorte que les supporters se sentent plus proches de la vie du club, insiste le natif de Toulon. Jacques-Henri et Frank m'ont demandé de travailler dessus. Je suis en plein dedans, j'ai présenté les grandes lignes à Jacques-Henri. Si la force du club est son public, autant lui montrer qu'on va se servir de cette force-là pour aller conquérir le palmarès que Frank rêve de conquérir."
Présent dans les négociations avec Rudi Garcia et les directeurs sportifs convoités, Didier Poulmaire est appelé à superviser les prochains transferts de l'OM. Mais seulement sur le plan juridique. Il explique : "J'ai une mission générale qui consiste à préserver les intérêts de Frank et son investissement. Je suis bien placé pour observer que les transferts ont quelquefois donné lieu à des dérapages, des opérations qui ont mal terminé et mené parfois les actionnaires devant les tribunaux. Je vais regarder comment ça se passe et collaborer avec le service juridique du club - qui est très bon. Si je peux les aider dans ce contrôle-là et mettre en place des garde-fous pour bien encadrer les risques liés à de telles opérations, je vais le faire. Je ne vais pas aller chercher des joueurs, mais veiller que les choses soient faites en bonne et due forme, que le risque est bien encadré."
Attaché à Avignon et Marseille
Né à Toulon voilà 48 ans, Didier Poulmaire et ses parents ont rapidement mis le cap sur Avignon où il a passé son enfance, essentiellement rythmée par le sport, davantage que par l'école. "J'en garde beaucoup de souvenirs sportifs, de parties de foot, de tennis, de vie de groupe, égrène-t-il. Je jouais dans des petits clubs. L'émotion suscitée par le sport a toujours été très forte. J'ai peu de souvenirs scolaires, ça me trouble un peu. Je n'étais pas un très bon élève. Un prof de français avait dit à mon père : 'Didier fait principalement du sport, accessoirement des études'. Mon père a pensé qu'il fallait inverser la tendance et je me suis retrouvé en pension, chez les Jésuites à Carpentras. Mais on jouait beaucoup au foot dans la cour ! Puis j'ai fait l'IEP à Aix."
Marseille fait également partie de son histoire personnelle et familiale. Poulmaire raconte : "Je suis issu de parents nés en Algérie, mon père à Philippeville, ma mère à Hussein Dey. Quand ils ont quitté l'Algérie, mes grands-parents sont arrivés ici, à Marseille. Comme tous les Pieds-Noirs, ils ont été logés en ville. Mes parents se sont donc connus ici. Ils habitaient à La Rose, dans deux immeubles. On passait tous les Noël à Marseille. On jouait au foot en bas de l'immeuble, je me souviens des garages... Avoir passé beaucoup de temps de mon enfance ici et réaliser la vente de l'OM, c'était assez émouvant."
Le soir de l'annonce des négociations exclusives, il n'a pas sabré le champagne avec Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud. Il a fêté ça à deux pas de l'Hôtel de Ville, au Panier, où réside toujours un de ses oncles. "On a bu un verre sur sa terrasse. C'était un bon moment. Je suis content de lui faire partager ça."