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Dans les travées du Stade-Vélodrome, on se souvient en- core du cri du cœur de Vincent La- brune, l'ancien président, au printemps 2016 : « Y a pas d'ar- gent !» Un an plus tard, Jacques- Henri Eyraud, son successeur, le répète à ses interlocuteurs : les caisses regorgent de liquidités.
Lundi soir, à la Commanderie, le M. Sécurité de l'OM, Thierry Aldebert, et le directeur général, Jean-François Richard,architecte du nouveau système d'abonne- ments, ont reçu les groupes de supporters. En aparté, lors de plusieurs réunions informelles avec certains responsables d'as- sociations, lorsqu'il a été inter-ogé sur le sujet qui transcende les aficionados olympiens, Eyraud a bombé le torse : « Nous avons dépensé plus de 42 M€ sur le mar- ché cet hiver. Dans l'histoire de l'OM, c'est plus que sur n'importe quel mercato d'été. Alors vous pen- sez vraiment qu'on va faire deux pe- tites recrues cet été ? »
“ Les 200 M€, ne vous inquiétez pas, (...)
je vais dépenser
beaucoup plus "
Clair, limpide, déterminé, du « JHE » comme les leaders de groupes l'aiment. Lors du dernier marché des transferts, l'OM a re- cruté quatre joueurs pour un total de 43,5 M€ : Dimitri Payet (30 M€), Morgan Sanson (12 M€), Grégory Sertic (1,5 M€) et Patrice Évra (libre). «On peut discuter du choix des joueurs, mais pas des sommes in- vesties. Pour l'instant, ce n'est pas du pipeau», confie l'un d'eux. Ey- raud a évoqué des recrues, en juin, qui boosteraient la campagne d'abonnements, dont les mo- dalités sont en train d'être figno- lées. «Ce serait un vrai plus, alors que nous sommes tombés à 17 000 abonnés en virages, cette saison, explique un participant à la réunion. D'autant que cette direction ne veut pas faire de billetterie en virages, elle veut des abonnés qui créent une ambiance unique. » Et au même prix : les tarifs n'augmenteront pas cet été. Jusqu'en juin 2010, les sésames se vendaient comme des petits pains, en quinze jours, avant le début des vacances. Depuis 2011 et le début de la rénovation du Vélodrome, le taux d'abonnements oscille entre 70 et 90 %. En 2014 et 2015, l'effet Bielsa a freiné ce déclin.
Conquérant, Eyraud a son plan, son eldorado. Jeudi 6 avril, au siège de la Ligue de football professionnel (LFP), à Paris, lors d'une réunion matinale de présentation du projet stratégique sur la période 2017-2022, en présence d'une bonne vingtaine de présidents de clubs pros, il est titillé par un dirigeant de Ligue 1 sur les 200 M€ de l'OM Champions Project, élaboré par Frank McCourt, le propriétaire du club. Puis, relancé par le directeur général exécutif de la LFP, Didier Quillot, sur leur utilisation, Eyraud répond : « Les 200 M€, ne vous inquiétez pas, je peux d'ores et déjà vous dire que je vais dépenser beaucoup plus.» Certains participants sont interloqués par tant de franchise, d'autant qu'ils sont potentiellement de futurs vendeurs de joueurs pour l'OM. D'autres s'avèrent agréablement surpris.
«Je voudrais vous prévenir, je vais très fortement dégrader le résultat de la L 1, cette année et l'année prochaine», ajoute Eyraud, en référence au bilan d'exploitation global des clubs français, revenu cette année dans le vert. «Eyraud a promis une grosse équipe à son public, explique un président de L1. Il va la faire avec des transferts de fou, avec des gros salaires. Il ne se prendra pas la tête, il va envoyer du bois. Quitte à surpayer, il peut avoir ses joueurs en juin.»
Fin février, Eyraud avait expliqué sur Yahoo Sport : « On regarde partout (...). On ne se met aucune contrainte, on veut être opportuniste et pragmatique, mais faire tout ça avec discipline et rigueur. » Gageons que les fans de l'OM préfèrent cette politique de rigueur à celle prônée par Margarita Louis-Dreyfus dans le passé.