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Le jour où…
Carine Galli découvre le bord du terrain
Passionnée de foot, elle rêvait depuis toujours d’être au plus près des joueurs, du jeu,
des matches. OM TV lui a confié cette mission
un soir de finale en 2011. Par Sacha Nokovitch
La table du plateau d’OM TV commence à bouger. Dessous, les jambes de Carine Galli s’agitent. En cet automne 2010, c’est la première apparition télé de la jeune femme. Le stress la gagne. À côté de la journaliste de 25 ans, Guy Stéphan, l’adjoint de Didier Deschamps, entraîneur de Marseille à l’époque, joue les protecteurs. « Il a gentiment posé ses deux coudes sur la table pour la stabiliser et masquer le tremblement, se remémore-t-elle. Depuis, très souvent, quand je revois Didier et Guy, ils me rejouent la scène pour me charrier. » Après quelques chroniques préparées pour la chaîne du club olympien, Carine devient rapidement présentatrice. « Je m’en souviendrai toujours. Dominique Grimault, qui animait l’émission, m’avait lancé : ‘‘Les téléspectateurs n’ont pas envie de voir un vieux papy croulant, ils préféreront te voir toi.’’ Du coup, j’animais souvent seule, et de temps en temps avec Dominique. »
La journaliste ne s’arrête jamais. Pour faire ses preuves, elle travaille pour OM TV la semaine et se rend à Paris le week-end pour effectuer des piges pour RMC et Eurosport, essentiellement des lives (directs commentés) et des comptes rendus de match. Son rêve ? Sortir de ses rédactions et du studio marseillais pour se rapprocher davantage du terrain. « J’ai toujours rêvé d’être une petite souris dans ce milieu, explique Carine Galli. Voir d’aussi près les joueurs évoluer sur le terrain, observer leurs réactions et celles du staff, avoir la même vision que le coach, c’est un pur bonheur. Tu entends tout ce qui se dit ou ne se dit pas, tu observes chaque détail. »
L’occasion se présente quelques mois plus tard, le 23 avril 2011. Marseille défend son trophée en finale de Coupe de la Ligue face à Montpellier. Les commentateurs d’OM TV, Sébastien Piétri et Jean-Marc Ferreri, interviendront depuis le Stade de France dans les conditions du direct, malgré une diffusion du match en différé dans la soirée. Carine Galli tape à la porte des dirigeants d’OM TV pour leur proposer ses services au bord du terrain. Ils acceptent mais ne prendront aucun frais en charge. Qu’à cela ne tienne, Galli a un appartement à Paris… Son audace est récompensée.
Et pour son premier match tout près du terrain, la Varoise, biberonnée aux exploits olympiens, se retrouve donc à couvrir une finale d’un OM emmené par Didier Deschamps, le capitaine du Marseille de 1993 et des Bleus de 1998. « Je me disais que j’étais vraiment là où je voulais être. C’était l’aboutissement d’un rêve, j’avais les yeux grands ouverts. En même temps, j’avais le sentiment d’être à ma place, je n’avais pas du tout peur. » Au coup de sifflet final, elle participe aux effusions de joie. « C’est une chaîne de club, on doit être un peu supporter », rappelle-t-elle. « César Azpilicueta était juste à côté de moi. Il était gravement blessé, il s’était fait les croisés en novembre. Il me saute dans les bras, on se congratule. Et, après, je cours faire mon boulot. » Tous les joueurs ou presque défilent alors à son micro, de Souleymane Diawara à Édouard Cissé et André Ayew. Galli leur court après sur la pelouse, entre les confettis et le trophée brandi face aux supporters, et réussit à décrocher à chaque fois quelques bons mots et des sourires. « Ils avaient gagné, c’était plus simple. Et dans cette équipe, il y avait beaucoup de mecs blagueurs, des bons clients. »
En quittant le Stade de France ce soir-là, la journaliste est pleinement convaincue : le job de « pitch reporter » lui collera à la peau. Quelques semaines plus tard, elle décroche un rendez-vous avec C Foot, la chaîne lancée par la Ligue de football professionnel. Pendant une petite saison, elle sera installée lors de chaque journée en bord de terrain pour suivre un match de Ligue 2. S’ensuivent quelques saisons dans le même costume sur Eurosport, toujours dans l’antichambre de l’élite. Avant d’intervenir sur la chaîne L’Équipe et sur M6, où elle couvre notamment l’Euro 2016 à proximité du banc de… Didier Deschamps. La boucle est presque bouclée. Lors de la finale perdue contre le Portugal, difficile de trouver les mots. « Je m’imaginais être Pascal Praud dans la folie de 1998 et le bonheur s’est transformé en lose absolue. » Mais ce soir-là, ses genoux n’ont pas tremblé. •snokovitch@lequipe.fr