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Depuis son arrivée à la tête du club, Jacques-Henri Eyraud multiplie les mains tendues envers les clubs locaux et les groupes de supporteurs.
C'est l'une des plus belles vitrines de Marseille, mais les Marseillais n'avaient pas le droit d'y toucher. A l'OM, les dernières années de l'ère Louis-Dreyfus ont été, pour beaucoup, celles de l'hermétisme le plus total et du renfermement. « Ils géraient le club comme des autistes, peste un responsable de groupe de supporteurs. Non seulement il n'y avait pas de dialogue avec nous, mais ils avaient réussi à se mettre quasiment toute la ville à dos. Ils regardaient du haut de leur donjon, sans tendre une oreille. » Voilà qui va peut-être changer.
Depuis octobre, en parallèle aux révolutions internes, la nouvelle direction s'efforce de jouer sur un deuxième tableau : celui de l'ouverture. Pour recréer des liens avec son univers, elle multiplie les consultations, les appels du pied. Cet après-midi, pour la venue de Nancy, les loges du Vélodrome accueilleront les présidents de plusieurs clubs amateurs alentour, à l'image d'Air Bel, de Consolat, du Burel, de l'ASPTT... Tous invités par Jacques-Henri Eyraud, le président, avec qui ils devraient ensuite dîner. Et ce n'est pas anodin. « En trente-trois ans, c'est la première fois que l'OM m'invite officiellement, glisse Jean-Luc Mingallon, le président de Consolat. Peut-être que ça ne débouchera sur rien, mais il faut lui laisser une chance. Je veux savoir ce qu'il a à nous dire. »
Un projet de socios
A priori, les discussions devraient vite tourner autour de la formation. Car si l'OM tend la main, c'est avec une idée en tête : celle de ne plus voir les joueurs du coin lui échapper. Ces dernières semaines, il a entamé une tournée des clubs formateurs de la ville, pour tenter de trouver une solution à la rupture, et établir un cahier de doléances. « Quand je vois les relations qu'on a avec certains clubs pros, c'est dommage de ne pas pouvoir collaborer, soupire Chaïb Draoui, président du SC Air Bel. Là, un salarié du club est venu me voir, m'a demandé ce qu'il faut améliorer. Je lui ai dit tout ce que je pensais. Il m'a renvoyé son rapport, il avait tout retranscrit. La démarche est bonne. »
Originale, aussi. Si les clubs n'écoutent pas toujours les conseils extérieurs, il est encore plus rare qu'ils en demandent. C'est pourtant ce qui a été fait avec les supporteurs. Une enquête en ligne, « l'OM et vous », a été lancée. Les amoureux du club pouvaient y exprimer leurs attentes, leur mécontentement. Plus de 15 000 personnes y ont répondu. Eyraud, lui, était déjà allé répondre aux questions des fans chez nos confrères du Phocéen, une première dans l'histoire du site. Et il est allé à la rencontre des groupes.
Pour approfondir la démarche, l'OM ne fermerait pas la porte à un projet de socios. Une participation des supporteurs au capital serait surtout symbolique, mais elle serait en accord avec les grandes lignes dessinées par la bande à McCourt. « Ils veulent se mettre bien avec tout le monde, et c'est aussi dans leur intérêt (NDLR : la campagne d'abonnement rouvre demain), résume un leadeur de groupe. pour la première fois depuis longtemps, on se sent écoutés. Sera-t-on entendus ? »