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Eyraud (OM), sur l'arrivée de Rongier : « Des conditions conformes à ce que l'on souhaitait faire »
Si l'arrivée de Valentin Rongier s'est faite après la fin du mercato, parce que le départ de Luiz Gustavo n'était pas bouclé, le président marseillais s'estime satisfait de cet ultime renfort.
Au lendemain du transfert de Valentin Rongier (24 ans), avant la présentation de l'ancien Nantais en conférence de presse, Jacques-Henri Eyraud, le président de l'Olympique de Marseille, a accepté de revenir sur cette arrivée rocambolesque, avant de faire le bilan du mercato marseillais.
« Dans quel état d'esprit êtes-vous après ces longues négociations pour le transfert de Valentin Rongier ?
Satisfait, d'abord, parce que c'est un joueur qu'on suivait depuis très longtemps. On pense que c'est un grand espoir du foot français et un caractère bien trempé. Je l'ai vérifié tout au long de ces discussions, c'est un homme bien, calme, qui garde son sang-froid et a la tête sur les épaules.
Vous dites que vous le suivez depuis longtemps : pourquoi avoir tardé autant jusqu'à devoir le prendre comme joker ?
Il y a deux choses. D'abord, on voulait s'assurer que la cession de Luiz (Gustavo, transféré lundi au Fenerbahçe) allait se faire dans des conditions qui nous satisfaisaient. Et puis il y a eu le jeu des discussions habituelles, qui ont fait que, malheureusement, on n'a pas pu boucler avant la fin du mercato.
Waldermar Kita dit que l'OM a manqué de respect au FC Nantes dans ces négociations. Que lui répondez-vous ?
J'ai un profond respect pour tous mes collègues dirigeants. Valentin Rongier était le joueur emblématique du FC Nantes et son capitaine : je comprends que ce soit toujours, pour un dirigeant, un moment difficile à vivre. Mais c'est le football.
Avez-vous craint que les négociations échouent ?
On dit toujours que, dans une négociation, on peut jeter l'éponge quand les conditions dépassent notre prix de réserve et les modalités de la transaction qu'on s'est fixées. Les conditions finales de cette transaction sont conformes à ce que l'on souhaitait faire.
On entend différentes versions sur les chiffres de cette opération. L'indemnité s'élèverait à treize millions d'euros, plus deux de bonus et deux autres de pénalité, vous confirmez ?
Non. Il y a deux millions de bonus liés à la qualification européenne de l'OM qui, on le sait malheureusement, n'est jamais automatique. Quant à la notion de pénalité, je ne vois pas très bien ce qu'elle recouvre. Il y a, en cas de cession future du joueur, des montants minimum et maximum qui seront dus au FC Nantes.
N'est-ce pas un peu cher pour un milieu de terrain qui n'est pas international ?
S'il avait été international, nous l'aurions payé entre quarante et cent millions. Je suis satisfait du montant de l'opération. Je m'étonne des remarques sur le prix de nos joueurs. Quand je regarde le prix moyen auquel sont arrivés nos joueurs depuis qu'on est là, on est à onze millions d'euros. Le joueur était valorisé à quinze millions, donc treize plus deux de bonus me semble raisonnable. De toute façon, cela ne veut pas dire grand-chose. Si Valentin connaît une saison à la hauteur de nos attentes, les observateurs diront qu'on a sous-payé le joueur ou que c'était une bonne affaire.
Son arrivée est liée au départ de Luiz Gustavo, que vous espériez garder. Comment l'avez-vous vécu ?
Tout le monde connaît l'affection et le respect que je lui porte. Il est probablement l'un des plus grands professionnels que j'ai croisés dans le football. Il avait une offre à plus de dix millions d'euros de salaire net en janvier dernier. J'ai estimé à l'époque que l'OM était dans une situation de fragilité qui rendait impossible son départ. Il a accepté. Cet été, il a eu une autre offre, l'occasion pour lui peut-être d'un dernier gros contrat, il a vraiment demandé à partir. On a passé trente minutes en tête à tête dans mon bureau, et cela restera un moment très fort. Et comme je le lui ai dit, j'espère que l'on se reverra, et pourquoi pas à l'OM, parce que l'offre de reconversion que je lui ai proposée tient toujours.
André Villas-Boas comptait sur Gustavo : comment a-t-il pris ce départ ?
Notre principe de fonctionnement, c'est l'alignement des dirigeants, ce qui n'empêche pas des discussions parfois contradictoires. La transparence s'impose à nous tous et, du début à aujourd'hui, elle n'a jamais fait défaut. André est enthousiaste au sujet de l'arrivée de Valentin.
Pensez-vous avoir enfin trouvé votre "grand attaquant" en la personne de Benedetto (recruté à Boca Juniors) ?
Je sais qu'on est dans un milieu où la mémoire est courte. Mais qui est le dernier grand attaquant à l'OM ?
Bafétimbi Gomis (passé à l'OM en 2016-2017) avait de très bonnes statistiques...
C'est vrai, mais tout le monde me dit que le dernier grand attaquant, c'est Didier Drogba. Cela fait quinze ans (il a joué à Marseille en 2003-2004). Donc c'est injuste de nous en parler toujours. En ce qui concerne Dario (Benedetto), c'est exactement ce que l'on cherchait. Un attaquant qui marque, qui fait jouer les autres et avec un gros mental, habitué à la pression, y compris des supporters. On va le laisser s'intégrer dans un nouveau pays, s'entraîner pour arriver à 100 % de ses capacités physiques.
Lui aussi a été payé assez cher, pour un joueur de vingt-neuf ans qui n'a jamais connu l'Europe.
Ben Yedder, vingt-neuf ans, a coûté quarante millions d'euros (passé cet été du Séville FC à Monaco). Rodrigo, même âge (28 ans, en fait), est estimé à cinquante. Et les attaquants entre vingt et vingt-six ans qui ont bougé sur ce marché ? Tout est cher ! Et s'il marque vingt buts, on dira qu'il a été acheté à un prix très bas.
Vous cibliez aussi un défenseur central, et Alvaro Gonzalez (29 ans, arrivé en prêt de Villarreal) semble s'être bien intégré...
Oui, à la fois dans ce qu'il apporte sur le terrain et la grinta dont il fait preuve. Cela nous plaît beaucoup. Ce nouveau cycle est marqué par une priorité donnée à des profils plus jeunes. Or on a deux recrues très expérimentées. Pourtant, on a bien une moyenne d'âge en baisse, car on a décidé de faire confiance à nos talents de la post-formation. 45 % de l'effectif a moins de vingt-trois ans. Mais on a estimé qu'en défense centrale il nous fallait un joueur d'expérience
Beaucoup de joueurs sont partis, seulement trois sont arrivés. N'avez-vous pas peur que l'effectif soit un peu court ?
C'est toujours une source de préoccupation. On a un effectif de vingt-sept joueurs, qui est inférieur à ce qu'on voit au PSG, à Saint-Étienne, Rennes, Lille ou Monaco, qui ont tous entre trente et trente-quatre joueurs. Mais Lyon, qui travaille extrêmement bien, a aussi un effectif de vingt-sept joueurs. On va jouer moins de matches que nos concurrents directs. Et après quatre journées de Championnat, on est le seul club qui n'a pas de blessé : cela montre qu'on a un staff qui travaille bien. On veut aussi donner du temps à nos jeunes, André (Villas-Boas) l'a montré en en appelant beaucoup lors des premiers matches de L1.
Il l'a fait parce qu'il n'avait pas le choix, non ?
Il y a deux choses. D'abord, c'est un entraîneur qu'on a choisi parce qu'il a un profil d'éducateur, de formateur. J'ai aimé le voir dans des sessions vidéo individuelles avec des jeunes attaquants de dix-neuf ans chez nous. Ensuite, il ne faut pas oublier qu'on est supervisés par le fair-play financier et qu'on a donc des contraintes. Ces contraintes, fair-play financier ou pas, doivent être prises en compte, car notre trajectoire financière actuelle n'est pas soutenable sur les deux ou trois prochaines saisons.
On imaginait une grosse vente, sur des joueurs comme Sanson ou Thauvin, par exemple : elle n'a pas eu lieu. Avez-vous reçu des offres ?
Non, Andoni (Zubizarreta) n'a pas eu d'offres à la hauteur de nos attentes. Nous avons des joueurs de grand talent qui ont une forte valeur. Aujourd'hui, ils sont à l'OM, et je m'en réjouis.
Le poste d'arrière gauche, que vous cibliez, n'est toujours pas pourvu. Il n'y a pas vraiment de concurrence pour Jordan Amavi.
Il y en a, avec des joueurs plus jeunes. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut tous soutenir Jordan, qui est un joueur de qualité. Il a montré de très belles choses avec le maillot de l'OM. Je regrette les mémoires courtes et je rappelle que c'est sous le maillot de l'OM que Jordan Amavi a été sélectionné en équipe de France(en octobre 2017, pour affronter la Bulgarie et la Biélorussie lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018). Et s'il a atteint ce niveau d'excellence, le joueur est toujours le même. Il faut être derrière lui et lui donner la confiance dont il a besoin. Après, oui, on est un peu courts en expérience à ce poste-là. Mais on n'a pas trouvé les conditions pour permettre un recrutement.
La prolongation de Kamara était un enjeu important. Deux ans, est-ce assez ?
On sait à quel point il est difficile de prolonger des jeunes joueurs, qui sont extrêmement sollicités. C'est un ambassadeur de notre formation, dont on parle tellement peu et qui est si importante. On peut dire aujourd'hui que l'OM a tous les attributs d'un club formateur : la volonté, les hommes, les processus pour détecter et faire grandir les meilleurs talents de la région. Nasser Larguet (nouveau directeur du centre de formation) est l'une de nos meilleures recrues de l'été. »