Persuadé qu'il y aura des jours meilleurs bientôt, l'ancien directeur de la communication d'Eurodisney relativise. Il a du mal à digérer les critiques, notamment celles des journalistes, qu'il juge pour la plupart trop versatiles. Il n'accepte pas ce qu'il considère être des moqueries et n'hésite pas à faire part de son indignation. Il arrive, à ce propos, qu'Andoni Zubizarreta remette les choses en perspective en lui rappelant qu'en Espagne, les médias sont souvent bien plus virulents qu'en France...
S'il est loin d'être abattu, "JHE" n'en reste pas moins déçu des résultats. Proche des joueurs, qu'il "checke" après les matches, il a poussé une gueulante dans le vestiaire après l'élimination honteuse en 32e de finale de coupe de France. "C'est normal !, commente Rolando. Quand on gagne, il est toujours là, à nous féliciter. Donc, cette fois, il avait besoin de nous dire des choses que l'on garde pour nous..."
Adepte de la stabilité, Eyraud n'a pas l'intention de se déjuger en limogeant un coach dont il a prolongé le bail jusqu'en 2021 moins de trois mois plus tôt. Ce qui ne l'a pas empêché d'être circonspect à la vue des prestations collectives d'une équipe dont il a en revanche noté l'envie de bien faire lors de ses deux dernières sorties. Étonné de voir les joueurs se diriger vers les virages à l'issue du coup de sifflet final contre l'ASM, il a observé la scène de loin, mais a finalement apprécié qu'un échange ait eu lieu, fût-il furtif. Il faut dire qu'il ne savait plus vraiment comment s'y prendre pour renouer un dialogue déjà rompu...
Quelques semaines plus tôt, lors d'une rencontre avec les supporters, il avait fait partie des responsables olympiens qui leur avaient proposé d'enregistrer une vidéo, laquelle serait ensuite transmise à Payet et ses partenaires. Refus catégorique des groupes. À noter par ailleurs que ces derniers ont finalement rejeté l'idée d'une entrevue avec Garcia et les cadres, qui aurait pu se tenir hier.
Il y a urgence. Mais Jacques-Henri Eyraud continue à passer beaucoup de temps à préparer l'OM de demain. Il maintient ainsi le cap sur les réformes structurelles du club, essentielles à ses yeux. Avoir récupéré la gestion du Vélodrome est une victoire, dont les premiers effets pourraient être bientôt visibles. La création de bancs à l'anglaise est par exemple envisagée. Reste à espérer que les résultats s'améliorent d'ici le changement...
Il conserve aussi de nombreux soutiens en interne, malgré la tempête. Un ancien collaborateur, qui connaît le bonhomme, confie : "Lorsqu'il est arrivé (en octobre 2016), il a reboosté tout le monde en travaillant matin, midi et soir et en refaisant beaucoup de choses, avec une énergie incroyable. Le problème, c'est que tout repose un peu trop sur lui et sur sa propre motivation. Il faudra voir s'il aura toujours la même détermination après une saison aussi pénible."
le Mercato, pas son dada
La fronde du public vient également des transferts. Alors que le marché hivernal est ouvert depuis bientôt trois semaines, aucun renfort n'a signé. Un statu quo incroyable alors que les besoins sont clairement identifiés depuis des lustres. Plus les jours passent, plus "JHE" perd de la crédibilité dans ce domaine. Sa cote n'était déjà pas franchement élevée dans le milieu des agents, où tout le monde sait que "RG" a toujours le dernier mot à l'OM. Un représentant de joueurs résume, à sa façon : "Garcia, c'est le jockey. Eyraud, le poney, et Zubizarreta l'écuyer, le gentilhomme."
La formule ne plaira évidemment pas aux intéressés. Reste que cet hiver encore, de nombreux éléments correspondants aux profils recherchés ont été proposés, notamment pour le poste de latéral gauche. Sans succès. Ce qui paraîtrait tout à fait logique si l'état-major phocéen savait exactement quel joueur il désirait pour suppléer Jordan Amavi. Mais ce n'est pas le cas. Pour le costume de "numéro 9", en revanche, la priorité absolue est donnée à Mario Balotelli. Ça passe ou ça casse. Pour tout le monde.
La maison bleue et blanche prend l'eau. Pour y remédier, Jacques-Henri Eyraud - qui déteste d'ailleurs les fuites -, a une solution : "Super Mario". Pas le plombier de Nintendo, bien sûr, mais Balotelli, le fantasque attaquant italien de l'OGC Nice, dont la venue à l'OM cet hiver est plus que jamais dans les tuyaux. Cela suffirait-il à apaiser les tensions et à colmater les brèches d'un édifice ébranlé par les secousses ? Rien n'est moins sûr. Alors que Frank McCourt est attendu en fin de semaine prochaine dans la cité phocéenne, "JHE" tente de maintenir le cap dans la tornade. Sa stratégie et sa vision du Champions Project n'ont pas changé. Malgré des critiques de plus en plus véhémentes, le diplômé d'Harvard continue de croire en ses idées, quand bien même quelques-unes d'entre elles ne sont pas en adéquation avec l'environnement passionné de Marseille. Le président olympien est-il à la hauteur ? "Ce métier ne s'invente pas, lâche un ancien dirigeant. L'OM n'est pas une entreprise normale. Elle a ses codes." L'entrepreneur de 50 ans ne les a pas encore tous assimilés. En plein apprentissage, il se retrouve confronté à une crise dont nul ne sait quand et comment elle se terminera. Décryptage.
La Provence