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Jacques-Henri Eyraud (OM), au sujet du dossier Mario Balotelli : «Ce n'est pas la réalité»
Pour le président marseillais, l'OM n'a pas manqué Balotelli pour la somme de 1,5 M€, comme l'a affirmé l'OGC Nice. Il donne sa version de l'affaire et évoque le début de saison de son équipe.
Nice a annoncé lundi soir que Mario Balotelli allait rester à Nice. Après s'être donné le temps de la réflexion, Jacques-Henri Eyraud, le président de l'OM, a tenu à exprimer sa vérité sur ce dossier. Une version bien différente de celle évoquée par l'OGCN. L'OM ne recrutera pas d'attaquant, assure-t-il. Un milieu est désormais la priorité. Le dirigeant annonce aussi que la prolongation de son entraîneur, Rudi Garcia, est en très bonne voie.
«Le dossier Balotelli est-il clos définitivement ?
J'en ai le sentiment, puisque Nice l'a annoncé, donc j'en conclus que Mario Balotelli sera niçois la saison prochaine.
Il reste dix jours de mercato, il y a déjà eu des retournements de situations plus improbables.
Ah bon ? Non, on est passé à autre chose.
L'annonce de Nice vous a-t-elle pris de court ?
Non, pas du tout. Dans un deal comme celui-là, il faut que chaque partie autour de la table fasse des sacrifices. Arriver à un accord équilibré est ce qu'il y a de plus important dans les affaires. Les intérêts de tous n'étaient pas totalement alignés. Aussi talentueux que soit le joueur, c'est une opportunité qui ne méritait pas qu'on remette en cause les bases économiques de notre projet et notre ligne de conduite éthique dans les affaires.
Quand vous dites que chaque partie doit faire des sacrifices, est-ce que ce ne sont pas les exigences financières de son agent, Mino Raiola, qui ont finalement fait capoter l'affaire ?
Je ne m'exprimerai pas là-dessus.
Est-ce que votre plus grande erreur n'est pas d'avoir insisté trop longtemps et de ne pas être passé à autre chose ?
On peut toujours faire des erreurs, mais non. C'est très différent du contexte de la saison dernière où on voulait un attaquant. Cette année, on n'a jamais dit qu'on allait recruter un numéro 9, mais c'est étonnant de voir qu'on ne nous écoute pas. Et encore moins depuis le départ d'Anguissa. Je n'ai absolument rien à ajouter à ce qu'a dit Rudi Garcia en conférence de presse. Vous vous êtes demandé s'il bluffait. Il a été très clair. On n'a pas loupé la qualification en Ligue des champions parce qu'on n'a pas marqué assez de buts. Plutôt parce qu'on en a encaissé à des moments clés. Je rappelle juste que l'OM a inscrit 80 buts en L1 la saison dernière, le total le plus élevé depuis la saison 1970-1971. On a marqué 35 fois sur 38 en L1, seul Paris a fait mieux.
Pourquoi s'intéresser à Balotelli alors, si vous étiez contents de votre attaque ?
Parce que les conditions d'un deal avec Balotelli étaient réunies. Nice voulait le céder et je pensais que c'était une transaction qui pouvait se faire dans un équilibre satisfaisant pour toutes les parties. Les discussions n'ont pas été si longues que ça. Début août, j'ai dit à Jean-Pierre (Rivère) que je n'étais pas prêt à payer le prix demandé. Il y a eu zéro contact ensuite avec Nice au mois d'août.
Il vous a demandé 5 M€ comme il le dit ?
Aucun dirigeant niçois ne m'a dit que le joueur partirait pour 5 M€. La dernière info sur laquelle je me suis basé est qu'il ne partirait pas à moins de 10 M€. Je lui ai dit que je n'étais pas intéressé à ce prix-là comme je l'ai dit à un autre dirigeant de Nice quand je l'ai rencontré en Russie (Julien Fournier). Au-delà du prix, la durée du contrat et le salaire du joueur sont des critères aussi importants.
C'était Balotelli ou rien ?
Oui, absolument.
Donc ce sera rien à ce poste-là ?
Oui.
La communication de Nice vous a-t-elle agacé ? Elle vous met en porte-à-faux par rapport à vos supporters et vous tourne un peu en dérision.
Vous n'arriverez pas à nous opposer Jean-Pierre Rivère et moi. Ce n'est pas une question d'hommes. J'ai beaucoup de respect pour Jean-Pierre, c'est un grand dirigeant du foot français. Il a connu beaucoup de succès et ce n'est pas cette histoire avec Balotelli qui va changer ce que je pense de lui. Mais, à Nice, tout le monde ne voulait pas forcément que le joueur signe à l'OM.
Vous visez Julien Fournier ?
Ce n'est pas bien grave et c'est un autre sujet. Mais dire que pour 1,5 M€ on aurait fait le deal, ce n'est pas la réalité et cela ne trompe personne. Je pense aussi au joueur. On a beaucoup parlé en son nom, mais on n'a pas beaucoup pensé à son libre arbitre, à sa volonté d'aller jouer dans le club de son choix.
Il voulait venir à l'OM ?
Je n'en dirai pas plus sur ce sujet-là. C'est un vrai talent, un bon garçon et quelqu'un qui aime le foot. Cette histoire est un condensé du monde du foot aujourd'hui.
Le fait d'avoir insisté aussi longtemps sur lui, était-ce aussi pour faire plaisir à votre entraîneur ?
Rudi est ambitieux, il veut la meilleure équipe possible. Mais il comprend aussi le fait qu'on ne peut pas tout faire. Il mesure très bien la hauteur des engagements financiers qu'on a pris et qu'on va continuer à prendre. Il a été associé à ces discussions à chacune des étapes et c'est valable pour tous les profils de joueur sur lesquels on travaille.
Vous l'avez vu aujourd'hui (mardi). Dans quel état d'esprit est-il par rapport à la fin de la piste Balotelli ?
Il n'est absolument pas énervé qu'on n'ait pas réussi à trouver un deal. C'est très facile d'acheter un actif. Vous payez le prix et le salaire qu'on vous demande. Ça peut se régler en trois minutes. On n'est pas comme ça. On agit avec rigueur et discipline. Ça peut créer de la frustration. Mais c'est la seule attitude viable quand on gère l'OM.
La priorité aujourd'hui est de se renforcer au milieu ?
Depuis le départ d'Anguissa, on travaille sur des joueurs dans ce secteur, oui. Avec des profils de différentes natures : plus expérimentés, plus jeunes.
Cela ne peut pas être Yaya Touré ?
Non.
Êtes-vous satisfait de l'équipe actuelle et de ce qu'elle dégage ?
On est dans un monde où l'horizon est le dimanche suivant. Après Toulouse (4-0, 1re journée), l'équipe était formidable. Une défaite plus tard, il faut recruter, cette équipe n'est pas bonne. C'est le paradoxe, le mauvais côté de ce milieu. Quant à la performance à Nîmes (1-3), elle m'a profondément déçu. Les joueurs n'étaient pas prêts pour un choc à haute intensité. J'attends beaucoup plus de cette équipe. Mais je n'oublie pas, contrairement à ceux, si nombreux, qui ont la mémoire courte, que c'est cette équipe qui est allée en finale de la Ligue Europa la saison dernière. Donc, j'ai confiance en la capacité des joueurs à rebondir dès le week-end prochain.
Le contrat de Rudi Garcia se termine en fin de saison. Il avait laissé entendre qu'il attendait de voir ce mercato avant d'envisager une prolongation.
Je ne l'ai jamais entendu dire ça.
Il l'a fait dans le vestiaire en fin de saison.
C'est important de préciser le contexte. La portée est différente. Je vais m'en sortir par une pirouette. Je serais très heureux de le prolonger après une défaite. Je dis ça, pas parce que j'ai envie d'en connaître d'autres, mais les discussions sont bien engagées et devraient aboutir très rapidement. On n'est pas loin d'une prolongation. Cela a toujours été l'objectif des deux parties.»