Information
Eyraud (Marseille): "On est là pour durer"
Risques calculés sur le mercato, travaux au centre d'entraînement, changements structurels: Le président de l'Olympique de Marseille Jacques-Henri Eyraud présente à l'AFP l'An II du projet OM champion en regardant plus loin. "On est là pour durer", répète-t-il.
Q: Quel est le bilan de vos neuf premiers mois à la tête de l'OM?
R: "Le bilan sportif est supérieur à nos attentes. Cinquième, c'est légèrement mieux que ce qu'on pensait, on n'avait pas budgété une place européenne."
Q: Et personnellement?
R: "C'est une aventure passionnante, qui nécessite de vraiment garder son sang-froid. Il faut tout faire pour gérer ce club de football dont on dit qu'il est fou, ou qu'il rend fou, comme une entreprise comme une autre. La spécificité de l'Olympique de Marseille, c'est qu'elle est une toute petite PME avec la caisse de résonance d'une entreprise du CAC 40. Mais je suis convaincu que c'est aussi en se disant souvent que le foot n'est pas une activité économique comme une autre qu'on commence à faire des erreurs. Une grande partie de mon énergie consiste à se concentrer sur les fondamentaux d'une entreprise en redressement."
Q: Etes-vous toujours surpris par les prix du mercato?
R: "Non, je n'ai pas été très surpris. D'abord parce que je suis dans les médias sportifs depuis 15 ans (foot365, etc. ndlr), donc j'étais un observateur du monde du football. Nous, on essaie de garder toujours notre cap, que rien ni personne ne puisse nous détourner de ce but: jouer le plus rapidement possible dans le peloton de tête de la L1 et connaître à nouveau (il regarde la Ligue des champions 1993 qui trône dans son bureau) les émotions incroyables d'une participation à la C1. Mais à notre échelle, évidemment, nous sommes des entrepreneurs, on ne s'alignera jamais sur les prix qu'on peut voir dans ce mercato un peu fou."
Q: Pourquoi avez-vous pris le risque de dépasser les 70% du chiffre d'affaires consacré à la masse salariale?
R: "On est parti pour deux saisons et demie - donc maintenant deux saisons - d'investissements majeurs. Face à cela on a tendance à afficher des pertes importantes, ce sera notre cas cette saison et la saison prochaine. Mais l'OM a la chance d'avoir un actionnaire qui a appris vraiment l'économie du football."
Q: Cet été, vous avez beaucoup touché les structures. Pourquoi ce plan de 25 départs volontaires, dont 13 à OM médias?
R: "L'OM n'a pas pris le virage du numérique, et il faut le prendre sous peine de perdre beaucoup de terrain face à nos concurrents européens. Cela nécessite un renouvellement des compétences, c'est pour cela que nous avons proposé un plan de départs volontaires, intégrant des mesures d'accompagnement absolument exemplaires."
Q: Vous avez d'autres chantiers structurels, vous cherchez à vendre le centre d'entraînement...
R: "On ne vendra pas La Commanderie avant d'avoir trouvé quelque chose de mieux. Le centre doit être à la mesure des centres d'entraînement des meilleures équipes européennes. Ici (il montre les collines au-delà de sa fenêtre) on est dans un lieu magnifique, mais trop petit. Mais on va y rester au moins toute cette saison."
Q Quelle est la nature de l'accord signé avec la mairie pour le stade?
R: "C'est un accord très important pour la stratégie à long terme du club, il faut encore en discuter les conditions avec Arema (le gestionnaire du stade, ndlr), ces négociations se poursuivent, mais il fallait d'abord que la Ville donne son agrément, ce qu'elle a fait".
Q: Au milieu de tous ces chantiers, viser la 4e place n'est-ce pas un peu timoré?
R: "Non. On est là pour durer, une partie très significative de mon travail consiste à plancher sur des sujets qui concernent l'OM dans 10 ans, dans 5 ans, pour moi c'est fondamental. Et on sait qu'on vient de loin. Ce qui nous importe pour cette deuxième saison... pardon, cette première saison complète, c'est de s'inscrire dans une trajectoire de progrès dans tous les domaines de gestion de ce club, et la performance sportive est évidemment le premier des objectifs. Cela veut dire donc faire mieux que la 5e place."
Propos recueillis par Emmanuel BARRANGUET