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Jacques-Henri Eyraud, président de l'OM : «Les miracles n'arrivent que rarement "
Alors qu'il sera diamnche dans les tribunes du Matmut Atlantique pour suivre le duel entre Bordeaux et l'OM, décisif pour la 5e place, Jacques-Henri Eyraud, le président phocéen, pose un regard éclairant sur l'évolution du projet marseillais.
L’état des lieux, les hommes, les objectifs
L'OM vient enfin de battre, avec Nice, une équipe du top 3. Est-il important de concrétiser sur le terrain tous les changements opérés en coulisses ?
Jecques-Henri Eyraud. Bien sûr. Ce qu'on fait ne servira à rien sans victoire sur le terrain. Le travail que nous menons consiste à structurer le club, à donner un cap à ses collaborateurs, à investir beaucoup plus qu'auparavant, dans un seul but : celui de gagner.
Une 5e, voire une 6e place en Ligue 1, serait-elle une satisfaction ?
Quand on a pris ce club, on ne pensait pas du tout accrocher la 5e ou la 6e place en fin de saison. Ce n'est pas encore l'heure des bilans, mais on peut d'ores et déjà dire qu'il y a une dynamique nouvelle. Ça permet d'être optimiste pour la suite.
Vous avez choisi plusieurs hommes pour bâtir l'OM Champions Project, êtes-vous content de ce casting ?
Je suis extrêmement satisfait (il insiste). Dans le domaine sportif, je me félicite tous les jours d'avoir Andoni Zubizarreta aux manettes. C'est quelqu'un de cultivé, d'humain, il a structuré la stratégie sportive de façon exceptionnelle, en intégrant la formation à l'ensemble. Concernant le coach, qu'est-ce que je peux dire ? Rudi Garcia et son staff ont réussi à créer une dynamique incroyable. Cette équipe a été critiquée, mais depuis le clasico du 26 février, elle n'a encaissé que quatre buts (NDLR : pour cinq victoires et quatre nuls). Je leur tire mon chapeau.
En voyant la saison de Monaco, pensez-vous que l'OM peut atteindre les sommets plus vite que prévu ?
Avec Frank (McCourt, le propriétaire américain du club), nous aimons nous projeter sur le long terme. On sait que dans le football, les miracles n'arrivent que rarement. On est là pour bâtir patiemment, avec discipline. Évidemment, on souhaite que les résultats arrivent le plus vite possible, mais ça prend du temps.
L'objectif, à terme, reste-t-il le même ?
Il reste de se battre, saison après saison, pour le titre, et donc de se qualifier pour la Ligue des champions.
Pour y parvenir, vous injecterez les fameux 200 M€, que l'on ressort aujourd'hui dans chaque débat...
Nous avons communiqué sur cette somme pour montrer ce que nous n'étions pas prêts à faire. Frank McCourt a eu une réussite professionnelle exceptionnelle, a gagné beaucoup d'argent en cédant les Los Angeles Dodgers, mais il n'a pas les moyens d'un Etat souverain.
Le mercato estival, les autres dossiers chauds
Le mercato à venir fait déjà beaucoup parler. L'été sera-t-il une période charnière ?
Je ne parlerai pas du mercato, ce n'est pas le moment. On a une équipe invaincue depuis neuf matchs, qui doit préparer un déplacement à Bordeaux où elle n'a pas gagné depuis 1977. J'attends des joueurs, en qui j'ai confiance, qu'ils se dépassent.
Peut-on s'attendre à voir de grosses recrues signer dès le mois de juin ?
Je ne ferai pas de commentaire, vraiment.
La campagne d'abonnement débutera prochainement, êtes-vous optimiste ?
On espère revenir à des chiffres bien supérieurs à ceux de cette saison (17 520). J'ai lu un article de vos confrères du «Guardian», qui commençait en disant que Marseille est le plus grand club de France. Les journalistes l'ont écrit après être venus au match contre Nice, ils ont vu cette passion.
Le litige se rapportant au loyer de l'Orange Vélodrome a-t-il été réglé avec la mairie ?
Les discussions vont bon train. Le sujet est le suivant : au XXI e siècle, une équipe compétitive possède son stade, ou du moins en assure l'exploitation 365 jours par an. Aujourd'hui, l'OM, qui est locataire, ne prend les clés que la veille du match pour les rendre le lendemain. C'est une situation dysfonctionnelle qui nous fait perdre du terrain sur nos concurrents. Je ne dis pas qu'il ne doit y avoir que des matchs de l'OM, il est important d'avoir d'autres événements dans un tel équipement, mais le club devrait en être l'opérateur toute l'année. J'ai bon espoir qu'on arrive à un deal gagnant-gagnant avec Arema (NDLR : le gestionnaire du Vélodrome).
Son rôle de président, sa communication
Prenez-vous du plaisir, aujourd'hui, comme président de l'OM ?
Beaucoup, mais mon bonheur personnel importe peu. Quand Frank McCourt est arrivé, il a dit que notre rôle est de devenir des « serviteurs » du club. C'est notre philosophie.
La vie de dirigeant de l'OM n'est pas de tout repos, elle change des hommes...
J'ai la chance d'avoir vécu des expériences professionnelles fortes, avec des responsabilités et énormément de pression. Ensuite, pour moi, le défi est entrepreneurial, je raisonne de la sorte. Si vous me voyez en tribunes, je vibre. Mais j'essaye, en dehors des matchs, de ne pas rentrer dans une démarche émotionnelle. C'est à ce moment-là que les erreurs surviennent.
Après la débâcle contre Paris (5-1), vos déclarations d'avant-match avaient été pointées du doigt. Vous les regrettez ?
Quand on est l'OM et qu'on joue contre le PSG, même si l'on sait qu'il y a encore un écart important, on y va pour gagner. Je le dis avec respect pour ce qui a été fait au PSG ces dernières années, car ils ont énormément apporté à la Ligue 1, et leur bilan, quoi qu'on en dise, est positif. Mais je ne regrette pas d'avoir dit qu'on voulait les battre.
Imaginez-vous rester longtemps à la tête du club ?
Je ne me suis pas fait cette réflexion. Je souhaite atteindre mes objectifs, tout en prenant du plaisir. Tant que ces deux choses sont réunies, je ne me pose pas de question. J'avance et me projette sur le long terme.
BIO EXPRESS
Né le 22 mars 1968 à Paris (XIIe).
Diplômé de Sciences-po Paris et titulaire d'un MBA de Harvard.
Porte-parole, puis directeur de la communication d'Euro Disney de 1991 à 1996.
Directeur général du Club Med de 1996 à 2000.
Cofondateur et directeur général délégué de Sporever de 2000 à 2009.
Président-directeur général de Turf Editions de 2009 à 2016.