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Le futur président de l'Olympique de Marseille affiche de hautes ambitions pour le club. Et indique qu'il gardera un oeil attentif sur le marché des transferts hivernal.
Officiellement, il n'est pas encore président. Son nom a simplement été cité par le futur actionnaire, Frank McCourt, pour prendre les commandes de l'OM une fois la vente actée. Alors en attendant, Jacques-Henri Eyraud se présente comme un futur dirigeant observant une phase de transition. Par respect pour les hommes encore en place, il préfère rester "discret". Mais reçoit tout de même pour évoquer les pistes de développement du futur Olympique de Marseille. Version US.
Avez-vous plus de précisions sur le planning de la vente?
Il n'y a pas de date. Le processus de consultation du CE a démarré. Il y a eu deux réunions, il y en aura une troisième la semaine prochaine. Un avis sera ensuite rendu. Au pire, ça peut durer jusqu'à début novembre. Au mieux, début octobre. Mon souhait est d'être opérationnel le plus vite possible.
Frank McCourt aurait-il pu investir dans un autre club en France?
Je ne crois pas. Au printemps, quand il est devenu clair que l'actionnaire voulait vendre, c'est devenu une priorité pour lui. C'était l'OM et rien d'autre. Je pense qu'il voit quelques similitudes avec les Dodgers. Une équipe emblématique, au coeur d'un grand bassin de population, avec énormément de traditions... Il aime ça.
Cela va se traduire par un investissement. Pouvez-vous dire aujourd'hui de quel montant?
L'objectif, c'est clairement d'être dans les trois premiers budgets de Ligue 1, PSG mis à part. Parce que le PSG, ce n'est pas la même philosophie d'investissement. C'est un investisseur [McCourt, NDLR] très rationnel, qui veut gagner. On travaille déjà à construire une équipe compétitive en juin 2017, pour montrer des progrès très significatifs dès la première saison complète. L'important, c'est de bâtir sur la durée.
Imaginons un scénario catastrophe où l'équipe file en Ligue 2 à l'issue de la saison en cours...
Je ne suis pas dans les scénarios catastrophes. Un renforcement est intervenu en fin de mercato [arrivées de Fanni, Vainqueur et Njie, NDLR]. Il était salutaire. Et puis, il y a le mercato d'hiver. C'est un marché limité, avec une qualité d'offre moyenne. Mais on regardera et on saisira toutes les opportunités possibles pour renforcer l'équipe. Même si le moment phare reste juin 2017.
Comment avez-vous convaincu Lassana Diarra de rester? Lui avez-vous donné des garanties sur l'amende qu'il doit payer?
Je ne rentre pas dans le détail des discussions. Frank a souhaité lui parler. Il lui a dit toute son ambition et aussi son souhait de le voir rester. Il est resté. Après, dans le football, on ne retient pas les joueurs contre leur volonté. Marseille est un club qui se mérite. Donc on verra ce qui se passera. C'était important de donner un signe dans les 24h qui précédaient la fin du mercato. Parce qu'il était plus prévu que Lassana Diarra quitte l'OM.
Les gens actuellement en poste dans l'organigramme marseillais peuvent-ils poursuivre l'aventure avec vous?
On est convaincus qu'il y a des talents à tous les niveaux de l'entreprise. Après, on ne s'interdira jamais d'aller chercher des talents extérieurs qui compléteront les talents existants pour être le plus performant possible. On a beaucoup à apprendre de l'équipe en place. Il est nécessaire d'écouter.
En quoi "l'expérience pour les fans" sera-t-elle un pilier de votre projet?
Je pense que d'abord, il y a le fait de gagner des matchs. C'est la nécessité absolue. Au-delà de ça, il faut faire vivre le meilleur spectacle sportif possible. A la mi-temps, à la fin du match... On a la chance d'avoir des supporters exceptionnels. On va renforcer le lien entre eux et l'équipe. Notre intérêt est qu'il y ait une proximité. Quand on regarde Liverpool, Barcelone, Dortmund... C'est ça. La passion spécifique autour de l'OM, il faut la cultiver. On ne va pas importer un modèle américain au Vélodrome. Mais le sport américain a atteint un tel niveau d'innovation qu'il y a certainement des choses à reproduire.
Êtes-vous sensible au projet de socios qui se monte actuellement? Une petite part d'actionnariat populaire est-elle possible?
On regardera tous les moyens qui permettent au club d'innover dans sa relation avec les supporters. C'est un moyen. Il y en a d'autres. Il y a probablement des traductions juridiques variées autour de cela. Mais on n'a pas d'oeillères, on regardera tout.
Est-il important pour vous de travailler avec les anciens joueurs du club?
C'est très important. C'est un club de tradition. Ça fait du bien de voir les grands noms du club au stade, de les célébrer. Ça fait partie de la fan expérience. Il n'est pas question de passer au-dessus des joueurs qui ont compté en apportant beaucoup au club. On fera beaucoup de choses pour honorer cette contribution.
Comptez-vous siéger à la Ligue?
Statutairement, il faut 12 mois de mandat au sein du club pour pouvoir y prétendre. Mais l'OM doit absolument être représenté à la Ligue. Il est important que la voix de l'OM se fasse entendre.
Quel est votre projet pour la formation marseillaise?
On va essayer de faire une analyse de la situation. Le bassin provençal est exceptionnel. Il faut qu'il bénéficie en priorité au club. Beaucoup de clubs de L1 sont actifs auprès des clubs de jeunes à Marseille. On a un centre de formation et le peuple marseillais a envie de voir des jeunes joueurs issus de la région.
Vous voulez développer les sources de revenus de l'OM en Afrique. De quelle manière?
L'OM a d'abord une clientèle de fans significative en Afrique. Mais on regarde aussi aux États-Unis, en Amérique du Sud. Marseille c'est le sud, l'esprit latin, il y a des liens entre des joueurs, entraîneurs d'Amérique du sud et l'OM. Et puis il y a l'Asie. Il y a là probablement beaucoup de choses à faire quand on s'appelle l'OM. Les acteurs du foot chinois souhaitent apprendre, travailler avec des acteurs européens. La dimension internationale est très importante dans le projet. On inclut là-dedans la formation, les joueurs, la politique de rayonnement du club, le marketing...
Avez-vous des amis dans le foot?
Je connais pas mal de monde, ne vous inquiétez pas là-dessus. Avec Sporever [groupe de médias dont il est le cofondateur, NDLR], nous avons beaucoup travaillé sur la Ligue 1. Je connais bien ce milieu. Tout mon parcours professionnel s'est déroulé dans l'industrie du divertissement, du sport et des médias.
Ne craigniez-vous pas l'image du président "parisien", comme l'ont eu Dassier ou Labrune avant vous?
Je n'ai jamais détenu un abonnement au PSG. Je suis né à Paris, je suis désolé. Je ne vois pas en quoi ça doit avoir un impact sur le travail que je ferai demain. C'est ridicule. Ça fait 7 ans que je travaille à Marseille et Aix-en-Provence. J'ai de la famille qui a vécu 40 ans place Castellane, c'est là où j'allais. J'ai fait mon service militaire à Carpiagne. J'ai une petite histoire avec cette ville. L'important ce sont les actes.